Crise au Venezuela. La République Dominicaine préoccupée et évoque une possible fin du programme de Petrocaribe

La persistance de la crise au Venezuela et la baisse du cours du pétrole sur le marché international depuis quelques mois font exacerber les craintes d’une fin imminente du programme  Petrocaribe, une situation qui commence vraiment à inquiéter les différents secteurs économiques dans la zone notamment en République Dominicaine, selon un article publié hier lundi par le journal dominicain Listin Diario.

Toujours selon cet article, l’homme d’affaires dominicain Celso Marranzini a déclaré récemment que, selon lui, l’accord Petrocaribe ne pourra pas subsister dans ce contexte difficile si le gouvernement du Venezuela ne prend pas les mesures urgentes pour limiter les dégâts. Une déclaration qui va surement effrayer les autorités haïtiennes qui dirige un pays qui est totalement dépendant de ces fonds Petrocaribe pour financer la majeure partie des projets économiques et sociaux dans le pays.

En fait, selon certaines analyses, cette crise économique profonde au Venezuela pourrait pousser le gouvernement de ce pays à prendre une décision défavorable par rapport à ce programme Petrocaribe, notamment sous la pression de l’opposition.

Le président de l’Association dominicaine des Industries Electriques (ADIE), Mark Cochon, qui a  participé en tant que conférencier à un déjeuner organisé par la Chambre de Commerce américain (AmchamRD)  et se référant à la question, reconnaît que la fin de l’accord de Petrocaribe aurait des impacts négatifs énormes notamment sur le système fiscal de son pays, parce que l’Etat dominicain sera obligé de chercher du financement à court terme pour la facture pétrolière et cela devrait affecter grandement l’équilibre budgétaire, notamment le budget 2015.

Il a noté que la baisse continue du prix du baril de pétrole sur le marché international fait apparaître moins évidents les avantages de Petrocaribe et fait de ce dernier un programme moins alléchant et moins attractif. Bref ! Petrocaribe devient moins compétitif sur un marché où le pétrole est a un prix aussi bas, plus précisément inferieur à 80 dollars le baril aujourd’hui.

D’ailleurs deux semaines de cela, une étude de Deutsche Bank avait déjà démontré que cette tendance à la baisse du prix du baril de pétrole menace l’effondrement de l’économie de plusieurs pays comme le Venezuela,  Bahreïn, Oman, Nigeria, Arabie Saoudite et même la Russie dans le sens que ce phénomène provoquera un déficit de la balance des paiements de ces pays.

Prenons par exemple le Venezuela qui nous concerne beaucoup plus. En effet, l’économie vénézuélienne pourrait enregistrer une perte de plus de 5 milliards de dollars en 2015 si le prix du baril de pétrole reste en dessous des 85 dollars. Une situation qui va avoir de sérieuses conséquences sur ce pays dont le budget à 96% dépend des ventes de pétrole dans ce contexte ou le déficit budgétaire représente 15% du PIB.

A rappeler que le Petrocaribe est une alliance entre les pays des Caraïbes et le Venezuela, premier exportateur de brut latino-américain, leur permettant d’acheter le pétrole à ce dernier à des conditions de paiement préférentielles. Cet accord aide ces pays de la Caraïbe dont Haïti à faire face aux asymétries dans l’accès aux ressources énergétiques, via un système privilégié, équitable et juste en termes d’échange.

Bref ! Voilà nos voisins dominicains qui commencent à s’inquiéter sur l’avenir du Petrocaribe et qui évoquent les retombées négatives que cela pourrait avoir sur leurs finances publiques et sur le financement de projets. Alors que nous autres ici en Haïti nous sommes plus calmes, plus sereins, comme si rien n’était et nous nous contentons de discuter pratiquement que des questions politiques, électorales, de prisonniers politiques, d’entrevue du président bref ! Nous sommes persuades cependant que les incidences devraient être encore plus graves ici en Haïti vu notre forte dépendance du fonds de Petrocaribe. Encore une fois, c’est le moment de penser à diversifier nos sources de financement. C’est une affaire à prendre très au sérieux, car sinon nous risquons de voir tous nos projets rester inachevés derrières des tôles rouges désespérées; nos finances publiques deviendront plus déséquilibres que jamais, et notre économie pourra sombrer dans l’incertitude la plus extrême.

Diriger c’est prévoir, donc prenons nos responsabilités pour anticiper tous les scenarios possibles, ceci pour mieux s’adapter aux éventuelles nouvelles réalités géoéconomiques pour le bien du pays.

Etzer Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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