Haïti – Économie: L’importance des règlementations dans la facilitation des affaires. Le cas d’Haïti
La semaine dernière, nous avons présenté quelques chiffres clé contenus dans le rapport de Doing Business de 2015 et nous avons parle un peu du rang d’Haïti et de ses mauvaises notes notamment par rapport a d’autres pays africains ou de notre région Amérique Latine et Caraïbes qui enregistrent eux d’énormes progrès dans la facilitation des affaires.
Aujourd’hui nous allons voir un autre volet du rapport, et cela concerne les impacts des reformes règlementaires sur les affaires. En effet, le rapport de Doing Business 2015 du Groupe de la Banque mondiale révèle qu’au cours de l’année passée, les gouvernements à travers le monde ont continué à mettre en œuvre un large éventail de réformes visant à améliorer l’environnement réglementaire des affaires au bénéfice des entrepreneurs locaux.
Le rapport constate que les économies capables à la fois d’améliorer l’efficacité des procédures réglementaires et de renforcer les institutions juridiques qui soutiennent l’entreprise, le commerce et l’échange, sont mieux à même de favoriser la croissance et le développement. Le rapport de cette année, intitulé « Doing Business 2015: au-delà de l’efficience », révèle que les entrepreneurs locaux de 123 pays ont constaté une amélioration de l’environnement règlementaire dans leur pays au cours de l’année écoulée. Entre les mois de juin 2013 et juin 2014, le rapport qui couvre 189 économies à travers le monde, a recensé 230 réformes relatives aux affaires, dont 145 visant à réduire la complexité et les coûts liés à la règlementation des entreprises, et 85 autres visant à renforcer les institutions juridiques. L’Afrique subsaharienne compte le plus grand nombre de réformes.
« Le succès ou l’échec d’une économie dépend de plusieurs variables; parmi celles-ci, souvent négligés, les réglementations qui soutiennent le développement de l’entreprise et les affaires », a déclaré Kaushik Basu, premier vice-président et économiste en chef de la Banque mondiale. « Par cela, j’entends les règlementations qui déterminent la facilité avec laquelle on peut créer une entreprise, la rapidité et l’efficacité avec laquelle les contrats sont exécutés, et la documentation requise pour le commerce, et ainsi de suite. Améliorer ces règlementations ne coûte presque rien, mais cela peut jouer un rôle transformateur dans la promotion de la croissance et du développement ».
Par exemple, il y a 10 ans, l’importation d’intrants essentiels prenait 48 jours à un entrepreneur colombien. Désormais, cela ne lui prend que 13 jours aujourd’hui, le même nombre de jours qu’à un entrepreneur au Portugal. De même, la création d’une entreprise demandait 57 jours à un entrepreneur en herbe au Sénégal il y a 10 ans; et ce processus nécessite seulement six jours aujourd’hui; juste un jour de plus qu’en Norvège. En Inde, il y a un peu plus d’une décennie, un entrepreneur à la recherche d’un prêt pour développer son entreprise aurait eu peu de chance de l’obtenir, car les institutions financières n’avaient pas accès aux systèmes d’information permettant d’évaluer la solvabilité. Aujourd’hui, grâce à la création et l’expansion d’un bureau de crédit national offrant des notes de crédit et une couverture adéquate au même titre que celles de certains pays à revenu élevé, une petite entreprise indienne avec un bon dossier financier a beaucoup plus de chances d’obtenir du crédit et d’embaucher plus de travailleurs. Chaque année, Doing Business fait le bilan des économies qui ont fait le plus de progrès, selon les indicateurs de mesure de Doing Business, par rapport à l’année précédente. Le rapport de cette année met en avant 10 économies, dont 5 en Afrique subsaharienne, qui ont le plus progressé. Ces dix pays sont : le Tadjikistan, le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, Trinité-et-Tobago, la République Démocratique du Congo, l’Azerbaïdjan, l’Irlande et les Emirats arabes unis.
En ce qui concerne Haïti, comme nous l’avons dit la semaine dernière, les indicateurs ne sont pas devenus plus encourageants, les chiffres restent très accablants, la facilite que l’on souhaite avoir n’est toujours pas au rendez-vous. Les chiffres sont la, Haïti est classe 188eme sur 189 pays, avant dernier pour l’indicateur « lancer une entreprise » alors qu’on était 187eme l’année dernière selon le rapport Doing Business de la Banque Mondiale. D’une part, lancer une entreprise nécessite 97 jours ici contre 15 jours en Jamaïque, l’entrepreneur haïtien aura 12 procédures contre seulement 2 en Jamaïque et le cout de créer cette société en Haïti représente 246,7% du PIB per capita de l’Haïtien moyen ; pour dire que l’entrepreneur doit payer un montant qu’il n’a même pas en moyenne par année comme revenu pour lancer son entreprise.
Un entrepreneur ici doit attendre 132 jours pour avoir un permis de construction alors qu’en Jamaïque cela prend seulement 26 jours. Pour l’accès au crédit Haïti a perdu 2 place pour être a la 171eme position contre 169eme place l’année dernière. Des chiffres qui parlent de par eux- mêmes, qui donnent une idée du climat des affaires ici en Haïti, un climat d’affaires des plus troublé, compliqué, incertain, et imprévisible.
C’est quand même bien de dire que le pays est ouvert aux affaires, comme un vrai projet ou une promesse avec ou sans contenu, mais les données montrent qu’il ne l’est pas, ou qu’il ne l’est pas encore. La diplomatie des affaires n’a pas encore donné les résultats escomptés, Haïti reste un pays difficile pour des affaires, les jeunes entrepreneurs de ce pays vous le diront, il ne fallait même pas attendre ce rapport de la Banque Mondiale.
Etzer Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000