Économie – Pétrol: Situation des prix du baril de pétrole sur le marché international: Causes, conséquences et les perspectives pour Haïti

Le marché international enregistre depuis quelques mois  une chute libre des prix du baril de pétrole soit une baisse de près de 20% de Juillet à Octobre 2014. En effet, les cours du pétrole ont fini en fort recul hier mercredi, soit leur plus bas niveau depuis 16 mois à New York selon tous les derniers échanges électroniques.

En fait, le baril de light sweet crude (WTI) se vend maintenant  au niveau de 80 dollars sur le marché de New York soit son plus bas niveau depuis le 28 juin 2012, lorsqu’il avait terminé à 77,69 dollars.

Cette tendance récente à la baisse des cours du pétrole est  selon certains analystes la conséquence d’un bond plus important que prévu des stocks pétroliers aux Etats-Unis et est liée également à un renforcement du dollar américain sur le marché international.

D’autres facteurs peuvent expliquer la baisse continue des prix de pétrole sur le marché international. Par exemple, le ralentissement brutal de la production industrielle en Chine, le deuxième plus gros consommateur de brut du monde, avec une croissance de 6,9 % sur un an (contre 9 % en juillet), sa plus faible progression en rythme annuel depuis le début de la crise financière en 2008.

Du côté de la production, c’est l’abondance, presque le trop plein. Les compagnies ont recommencé à pomper plus de 800 000 barils en Libye, malgré le chaos dans lequel sombre le pays. L’Irak tient sa production, en dépit de l’instabilité du pays et des menaces de l’Etat islamique sur les régions pétrolifères du Kurdistan.

Aux Etats-Unis également, c’est l’abondance au niveau de la production, il faut dire donc que ce pays produit aujourd’hui 8,6 millions de barils par jour. Du jamais vu depuis juillet 1986.

Cette tendance va continuer car l’Administration américaine d’information sur l’énergie (EIA) prévoit d’atteindre 9,5 millions de baril en 2015. Un record depuis le « peak oil » de 1970, année à partir de laquelle la production avait commencé à reculer.

Donc, cette abondance, ou encore ce niveau élevé de production continue explique en grande partie cette baisse du prix. Principe économique classique. Augmentation de l’offre qui aura toujours tendance de faire baisse le prix.

Si la baisse des prix du pétrole peut avoir des conséquences positives pour certains pays, comme la France par exemple, qui prévoit doubler sa croissance si les prix restent aussi bas, la baisse continue des prix du pétrole a également des incidences négatives sur l’économie de la plupart des pays producteurs et exportateurs. En effet, selon une étude de Deutsche Bank publiée la semaine dernière, cette tendance a la baisse du prix du baril de pétrole menace de faire couler l’économie du Venezuela, Bahreïn, Oman, Nigeria, Arabie Saoudite et de la Russie. Il y aura un déficit dans la balance des paiements de ces pays. A titre d’exemple, le Venezuela enregistre une perte de près d’un milliard de dollar à chaque diminution d’un dollar du prix du baril de pétrole sur le marché international. Une situation qui va avoir de sérieuses conséquences sur le financement des projets dans ces six pays.  Comme bien sure le projet de PetroCaribe dont Haïti bénéficie énormément.

En Haïti, nous avons une toute autre réalité, car au lieu de parler de baisse du prix du pétrole, nous faisons face à une hausse du prix à la pompe, et cela fait environ 15 jours, quoique graduelle, les effets de cette hausse du prix des produits pétroliers commencent à se faire sentir sur la population notamment avec une hausse brutale des prix des produits de première nécessité et du transport notamment.

Un micro-trottoir de Vision 2000 réalisée au bas de la ville cette semaine vient d’illustrer cette réalité. Les produits sont devenus effectivement plus chers, et même trop chers,  par anticipation, les importateurs et grossistes fixent des prix plus hauts, les détaillants suivent la logique, et les consommateurs doivent payer le prix. Et si l’on veut croire les déclarations de la ministre des finances à ce sujet, nous devrions nous attendre à de nouvelles dispositions dans les mois à venir visant d’autres augmentations.  Des dispositions, justifiées certes, tenant compte du manque à gagner du gouvernement avec la subvention du carburant, néanmoins, il faut donc des mesures d’accompagnement de la part du gouvernement, il faut parallèlement des emplois, car la lutte contre la vie chère c’est d’abord et surtout  la création d’emplois durables pour des pouvoirs d’achat plus grand, ce qui permettra aux populations de mieux supporter le coût de la vie.

Etzer Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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