Haïti-Théâtre : Ovation debout pour « Gouverneurs de la Rosée » et Daniel Marcelin
Source Texte et photo : Alix Laroche alix.l@hpnhaiti.com | hpnhaiti.com
«Pour immortaliser le Nous », c’est autour de ce thème que le roman classique de Jacques Roumain, « Gouverneurs de la Rosée » a été représenté sous forme théâtrale, d’après une mise en scène du comédien publiciste, dramaturge et metteur en scène, Daniel Marcelin, les 23 et 24 août en cours. La pièce a été jouée, respectivement sur les planches du Parc historique de la canne à sucre et à le Villate, a assisté Haiti Press Network.
Il n’en fallait pas plus pour un après-midi dominical riche et comblé au crépitement du crépuscule. Le rendez-vous émotionnel entre acteurs et spectateurs était bel et bien là. Gracieusement endimanchés pour la circonstance, les amants des arts de la scène, particulièrement du théâtre, ont été gâtés, dimanche 24 août, à le Villate où j’ai assisté à l’un des plus beaux spectacles de ma vie.
« Ah oui. C’est bon ! Un beau spectacle, de bons comédiens qui ne se font pas prier pour livrer la marchandise », lâche honnêtement une spectatrice voisine de ma rangée de sièges, au moment où la pièce continue de dérouler.
Les spectateurs composés de membres du gouvernement, de parlementaires, de diplomates, de journalistes et autres ont ovationné debout, non seulement ce classique de l’immortel de la littérature haïtienne, Jacques Roumain, mais également le travail de mise en scène réalisé par Daniel Marcelin à qui d’ailleurs, un hommage bien mérité a été rendu.
Les comédiens autant que les coryphées, il faut l’avouer, ont aussi bien rendu. Ceux qui incarnaient les personnages de Bien-Aimé, de Délira Délivrance, d’Anaïse, et de Gervilain ont été tout simplement sublimes dans leur rôle.
Le personnage de Manuel, véritable protagoniste de l’histoire, a aussi bien joué. Il est le sacrifié qui a fini par dénicher l’eau salvatrice. Cependant, il faut noter qu’il était à peine audible dans le parler, à cause de son zézaiement lorsqu’il s’agit de l’articulation des mots. Ce qui a fait un peu défaut, mais qui n’a pas dérangé totalement l’assistance.
La régie aussi a fait son numéro dans un décor simple. Placé entre le milieu et le fond de l’espace scénique, un géant objet, constituant un tronc d’arbre où s’asseyent quelques-uns des comédiens. À l’avant-scène qui représente la cour avant, se trouve un van contenant une cafetière, un bol blanc émaillé, quatre petits gobelets émaillés, une bouteille de rhum et un panier fabriqué en latanier. D’autres accessoires ont été amenés sur la scène par les comédiens venant des coulisses étant.
Ce spectacle a provoqué beaucoup d’émotions chez les spectateurs. L’histoire est triste et angoissante. Les comédiens eux, la rendent vive et d’actualité. Après 70 ans depuis sa publication (1944) après la mort de son auteur, le sens profond du texte garde toujours sa place, notamment dans les confins du pays, où les paysans ne dépendent que de la nature, pour défricher la terre et forger un petit jardin de subsistance.
À l’issue du spectacle agrémenté des notes vocales de Lionel Benjamin et de Boulo Valcourt, tout le monde, il faut le dire, se montre satisfait d’avoir assisté à un spectacle aussi envoutant.
Le prolifique écrivain haïtien, Frankétienne l’a dit et je répète : « Là où le théâtre n’existe pas, la mort n’est pas loin ».
Bref résumé du Roman
Ce roman commence par un coumbite (un travail agricole collectif). Dans la commune de Fonds-rouge, les temps sont durs. La sécheresse fait rage, et d’elle découle la pauvreté, les habitants lire la suite sur hpnhaiti.com