Haïti/Elections : Carte blanche au CEP de Gaillot Dorsainvil

Le président René Préval a publié jeudi l’arrêté qui redéfinit le mandat du Conseil électoral provisoire (CEP) présidé par Gaillot Dorsainvil.

Ce conseil a pour mandat d’«organiser les élections du président de la République, du tiers du Sénat, des députés, des Conseils municipaux, des Conseils d’administration des sections communales, des Assemblées des sections communales, des Délégués de ville » et pour tout autre poste vacant au Sénat de la République.

L’équipe de Gaillot Dorsainvil aura également à « organiser les élections indirectes ». Ces compétitions seront programmées en tenant compte de l’établissement par le Parlement du cadre légal relatif à l’organisation et au fonctionnement des collectivités territoriales, selon l’arrêté présidentiel.

Le mandat des conseillers électoraux prendra fin avec l’épuisement de la mission qui leur est confiée.

Réaction des dirigeants politiques

La classe politique voit d’un mauvais œil la publication de cet arrêté présidentiel modifiant le mandat de l’actuel CEP.

Le docteur Maryse Narcisse de Fanmi Lavalas estime que ce Conseil électoral n’est pas crédible et ne saurait par conséquent organiser un scrutin honnête et démocratique dans le pays.

Le parti de Jean-Bertrand Aristide a été exclu injustement de la course électorale par le CEP de Gaillot Dorsainvil, selon la responsable par intérim de cette formation politique.

Maryse Narcisse se prononce en faveur d’un Conseil électoral indépendant du pouvoir et de la communauté internationale.

Rosny Desroches de l’Initiative de la société civile (ISC) qualifie d’erreur politique grave le fait par René Préval de renouveler sa confiance en l’actuel CEP.

« Le chef de l’Etat s’est montré insensible et sourd aux revendications de la société civile, de la classe politique et d’une partie importante de l’International », s’indigne M. Desroches qui parle même de provocation.

Le directeur exécutif de l’ISC redoute de fortes turbulences politiques dans le pays tout en appelant René Préval à revenir sur sa décision.

« Le président de la République a agi en autocrate », critique, pour sa part, le premier sénateur du Nord-Ouest.

Hyppolite Mélius prédit que les prochaines joutes électorales seront contestées. Une situation qui, selon lui, ne sera défavorable qu’au pays.

« Malgré les diverses propositions qui lui avaient été faites, le chef de l’Etat a refusé d’entendre raison », déplore Jeantel Joseph de l’Union des citoyens haïtiens pour la démocratie, le développement et l’éducation (Ucadde).

Le dirigeant de l’Ucadde invite la société civile et toutes les forces vives du pays à rallier la mobilisation antigouvernementale. Car, soutient-il, aucune élection honnête n’est possible avec René Préval.