La Banque mondiale accroît sa capacité de prêt. Peut-on être optimiste ?
Le président de la Banque Mondiale Jim Yong Kim a déclaré en début de semaine que la Banque mondiale a augmenté sa capacité financière notamment à destination des pays émergents comme la Chine ou le Brésil dans l’espoir d’atteindre son objectif d’éradication de la pauvreté d’ici à 2030. « Les besoins des pays en développement dépassent, bien sûr, de loin les capacités du groupe Banque mondiale à y répondre ».
Après avoir obtenu le renflouement de sa branche dédiée aux pays pauvres en décembre, l’institution a désormais « quasiment doublé », de 15 à 28 milliards de dollars, sa capacité de prêt aux économies émergentes chaque année, a annoncé le dirigeant dans un discours à Washington. Ainsi, des pays comme la Chine, le Brésil ou le Mexique verront dès cette année leur limite d’endettement auprès de l’institution augmenter de 2,5 milliards de dollars pour atteindre 19 milliards. Pour sa part, la limite d’endettement est portée à 20 milliards de dollars.
Selon M. Kim, les pays émergents, dont certains traversent une période de turbulences financières, étaient eux-mêmes demandeurs. « C’est une nouvelle extrêmement positive pour nous que même les pays à revenu intermédiaire (…) veuillent continuer à faire affaire avec nous » alors qu’ils ont facilement accès aux marchés pour lever de l’argent. La Banque Mondiale a également annoncé son intention de doper les ressources de ses autres branches, notamment celle dédiée au secteur privé, afin, à terme, d’augmenter d’environ 50% les nouveaux investissements, prêts et garanties qu’elle accorde chaque année. Sur l’année fiscale 2013, ce total s’est élevé à 52,6 milliards. Cette augmentation est « sans précédent » pour l’institution, a clamé son président.
La Banque mondiale, qui tient son assemblée générale du printemps la semaine prochaine à Washington, veut ainsi être en mesure d’avancer vers son objectif d’éradiquer l’extrême pauvreté, qu’elle a formellement adopté en 2013. D’après M. Kim, « deux tiers » des personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour sont concentrés dans cinq pays, dont des économies émergentes comme l’Inde et la Chine qui bénéficieront de ces nouvelles ressources. Mais l’institution veut également défendre son rang au moment où elle fait face à une concurrence croissante d’autres acteurs du développement (secteur privé, banque régionale…). Petrocaribe aurait pu être aussi un compétiteur mais le niveau de gouvernance très questionnable du gouvernement vénézuélien actuel l’en empêche !
En tout état de cause, les grands pays émergents des BRICS (Brésil, Russie, Chine, Inde, Afrique du Sud) eux-mêmes caressent toujours l’idée de créer leur propre banque de développement afin de s’affranchir d’une institution qu’ils accusent d’être aux mains des Occidentaux. « Les gouvernements et les entreprises peuvent trouver des financements et du savoir-faire dans beaucoup d’autres endroits », a reconnu le dirigeant dans son discours. Pour trouver ces nouvelles ressources, la Banque a exploré plusieurs pistes, suscitant parfois des inquiétudes au sein de ses quelque 10.000 employés. L’institution s’est ainsi engagée en 2013 dans un plan de réduction des dépenses qui doit permettre d’économiser 400 millions de dollars sur trois ans sur un budget de fonctionnement annuel d’environ 5 milliards.
« Nous regardons tout, de notre politique de voyages à la manière dont nous établissons les appels d’offres », a indiqué M. Kim, sans exclure de possibles licenciements. « Je pense que nous allons vers une plus petite Banque » en terme de personnel, a-t-il simplement ajouté. La Banque va également relever certains des taux d’intérêts qu’elle perçoit sur ses prêts et « revoir » ses règles sur le ratio entre capital et endettement qui est actuellement à 28%, un niveau très élevé pour une institution financière. En abaissant ce seuil, elle pourra dès lors emprunter davantage sur les marchés et placer également plus de fonds sur des placements rémunérateurs.
L’organisation internationale Oxfam a salué cette augmentation de ressources tout en appelant à plus de contrôle sur son utilisation. « Plus d’argent pour les pays en développement est une bonne chose mais la qualité des prêts de la Banque mondiale doit être améliorée », notamment en termes environnementaux et sociaux, a assuré Nicolas Mombrial, directeur d’Oxfam à Washington.
Les prêts accordés par la Banque sont en général soit des prêts d’investissements ou des prêts d’ajustement (un ajustement qui peut être structurel ou sectoriel). Mis a part de ses deux principaux types de prêt, on cite entre autres, les prêts d’assistance technique, les prêts pour la formation et l’innovation, prêts de programmes adaptables, prêts d’urgence de la reconstruction et des prêts de réduction de la dette et des services de la dette.
Souvent les prêts sont décaissés en plusieurs versements, ou tranches, à condition qu’un emprunteur engage les actions de politiques stipulées par les conditions du prêt. Par exemple, les prêts d’ajustement de la Banque Mondiale ont souvent des conditions qui demandent qu’un gouvernement engage des actions telles que la dévaluation du taux des changes, la réduction des barrières douanières, ou la privatisation des entreprises publiques, et des fois d’autres exigences de type politique. On est passé par la, et c’est ce qui justifie en grande partie que les promesses ne décaissement ne sont pas effectives.
Est-ce qu’on peut être optimiste pour cette augmentation de la capacité de prêt de la Banque Mondiale ? Pas nécessairement, d’une part, la banque ne va pas capitaliser sur des pays comme le notre qui n’auront pas nécessairement la capacité de rembourser. D’ailleurs c’est qui conduit a l’annulation de certaines de nos dettes par certains bailleurs. Ce qui est une forme de blocage quand même pour de prêts de plus grande envergure. Donc, on sera comme toujours la bénéficiaires de certains types de prêts très spécifiques, dans des domaines de priorité de la banque et non pas nécessairement celle d’Haïti, sans parler des retards de décaissements, les non-décaissements quand on ne répond pas aux exigences et quand le niveau de gouvernance est insatisfaisant…De plus, on ne peut pas attendre de grands impacts quand on ne gère pas le minimum qu’on reçoit efficacement.
Etzer EMILE, M.B.A
Radio Vision 2000