Mise en place de l’architecture sécuritaire
L’exécutif haïtien s’efforce, lentement mais sûrement, de remettre en selle les agences de sécurité. La semaine dernière, le coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), M. Fritz Alphonse Jean, a annoncé la réactivation du décret relatif à la création de l’Agence Nationale d’Intelligence (ANI). Son prédécesseur, M. Lesly Voltaire, avait concrétisé la mise en place du Conseil National de Sécurité. De son côté, le premier coordonnateur du CPT, M. Edgard Leblanc, avait réhabilité les Forces Armées d’Haïti (FADH) dans leur fonction régalienne de garante de la souveraineté nationale.
Par ailleurs, sous le leadership de M. Voltaire, la présidence haïtienne a nommé M. Mario Andrésol au poste de secrétaire d’État à la Sécurité publique.
Très critiqué sous l’administration du président Jovenel Moïse, le décret portant création de l’ANI avait été mis en suspens dans l’attente de modifications. Ses détracteurs, notamment le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) et les signataires de l’Accord de Montana, dénonçaient son caractère liberticide.
Quatre ans plus tard, c’est pourtant un représentant de l’Accord de Montana qui annonce la réactivation du dossier. L’économiste Fritz Alphonse Jean, qui prône un « budget de guerre » pour rétablir la paix et la sécurité, semble désormais satisfait des modifications apportées au décret initial.
M. Guichard Doré, ancien conseiller spécial du président Jovenel Moïse, qui avait participé à l’élaboration du document, confirme que des ajustements ont été effectués conformément aux recommandations de l’Office du Protecteur du Citoyen (OPC). Parmi ces modifications, il cite la création d’un siège du Parquet de Port-au-Prince chargé de juger les éventuelles fautes des agents de l’ANI.
Face aux atrocités et à la montée en puissance des gangs, de nombreux sceptiques se sont finalement ralliés à la création de cette agence nationale de renseignement. Le coordonnateur du CPT et plusieurs conseillers présidentiels semblent déterminés à tout mettre en œuvre pour rétablir la sécurité.
Toutefois, le RNDDH et l’Accord de Montana restent opposés à cette initiative. Selon leurs dirigeants, la présidence cherche à réactiver le même document que celui de 2021, sans changements notables. Pour Ted Syndic, membre de l’Accord de Montana, cette démarche vise avant tout à permettre aux conseillers présidentiels d’exercer un contrôle sur l’institution. Il dénonce leur refus de déléguer des pouvoirs à des spécialistes pour gérer la sécurité, ce qui, selon lui, explique également l’inaction du Conseil National de Sécurité.
Source: Radio Métropole Haïti