Média: Redonner voix à Radio Haïti
Photo: Jean Dominique et Michele Montas à la salle des nouvelles de Radio Haiti pour les 60 ans de la radio en 1995.
Source HPN
A l’occasion du 14è anniversaire de l’assassinat de Jean Dominique et de Jean Claude Louissaint, la Bibliothèque Rubenstein de l’Université Duke en Caroline du Nord, en partenariat avec la famille du journaliste, assassiné le 3 avril 2000, lance un projet d’Archives Vivantes. Près de 2500 reportages, enquêtes, interviews, émissions culturelles, et 28 boites de documents écrits, sauvés de l’immeuble endommagé de Radio Haïti après le tremblement de terre, ont été donnés à l’université américaine qui a entrepris de sauvegarder, de numériser et de classer ces documents, certains uniques, couvrant la période des années 1970 à 2003.
La veuve de Jean Dominique, la journaliste Michèle Montas, participera, à l’Université Duke, à une table ronde ce jeudi sur l’importance de ces archives, témoins de 40 ans de l’histoire récente d’Haïti. La collection de documents sonores contient des interviews de Jean Price Mars, Emile Roumer, André Malraux, Jose Francisco Pena Gomez, Roger Gaillard, ou Martha Jean Claude, parmi des centaines d’autres, des reportages sur les événements qui ont jalonné le combat long et tenace vers une presse libre et une société plus démocratique : des émeutes de 1979 contre Zacharie Delva, à la tragédie des boat people haïtiens sur l’île de Cayo Lobos en 1980, à l’odyssée des déchets toxiques déversés en 1987 sur les cotes haïtiennes, à la guerre des gangs à Cite Soleil, et aux multiples soubresauts de la transition vers des gouvernements élus.
La collection comprend aussi des enquêtes, menées par la salle des nouvelles de la station, et des rétrospectives sur les différents massacres qui ont jalonné les années de transition, ainsi que des témoignages, des débats et des documents sonores uniques comme le Procès des Timbres en 1979 ou celui de Raboteau en 2000. Les reportages et interviews touchent à des questions économiques et politiques aussi bien qu’à des questions d’identité et de langue et témoignent d’une évolution en 40 ans, des mentalités et des attitudes, en particulier par rapport au créole et au vodou. La collection contient aussi les éditoriaux de Jean Dominique de la période de la dictature à son assassinat en l’an 2000.
« La Collection Radio Haïti est une ressource incroyablement importante pour comprendre l’histoire récente d’Haïti », déclare Laurent Dubois, Professeur d’Histoire a l’Université Duke. « Parce que la station diffusait information et reportages largement en créole, et couvrait les événements à Port-au-Prince, aussi bien que dans les communautés rurales d’Haïti, cette collection nous donne un accès inégalé à la compréhension d’un des plus importants mouvements démocratique de base dans l’histoire récente : celui qui a mis fin à la dictature des Duvalier en 1986 »
Selon Michèle Montas, « marquer le 3 avril en redonnant voix à Radio Haïti est la plus belle revanche de Jean Dominique à un moment où enfin la justice semble bouger sur un dossier emblématique, celui d’un assassinat planifié et commandité d’un défenseur des droits des exclus ».
Ces archives soulignent Michèle Montas lire la suite sur hpnhaiti.com