Perspectives de Croissance pour l’Amérique latine et la Caraïbe. Quid de celle d’Haïti?

La Banque interaméricaine de développement (BID) a rendu public le weekend dernier un rapport sur les perspectives  de croissance 2014 et 2015 pour la région. En effet, selon le rapport de la BID,  l’Amérique latine et les pays des Caraïbes pourraient enregistrer une croissance de 3% en 2014 et de 3,3% en 2015 grâce à l’amélioration des conditions économiques aux États- Unis et en Europe.

Selon ce rapport macroéconomique 2014 sur l’Amérique latine et les Caraïbes, intitulé « la reprise mondiale et la normalisation monétaire: Échapper une Chronique annoncée », cette tendance de croissance relativement faible est cohérente avec le potentiel de référence de la région en l’absence de réformes porteuses de croissance pour stimuler la productivité.

En effet, l’amélioration des perspectives économiques aux États-Unis et en Europe vont aider à stimuler la croissance de la région de l’Amérique latine et les Caraïbes et offrir, entre autre, un potentiel de croissance notamment pour le Mexique, les pays de l’Amérique centrale et les Caraïbes, dont les économies sont plus étroitement liés aux États-Unis.

Cependant, pour 2014, il faut noter que la Région de l’Amérique latine et les Caraïbes devront confronter deux risques potentiels négatifs : d’abord, des chocs financiers qui suivraient une hausse du taux d’intérêt aux États-Unis plus rapide que prévu et deuxièmement le ralentissement de croissance économique en Chine. A rappeler que les Économies d’Amérique du Sud sont particulièrement vulnérables à un ralentissement en Chine. Selon les statistiques, le volume du commerce bilatéral entre la Chine et l’Amérique latine a atteint plus de 260 milliards de dollars en 2013 contre 26,8 milliards en 2003, un chiffre qui est donc multiplié par 10 en 10 ans, et depuis 2005, selon la CEPAL la Chine est le deuxième moteur pour la croissance économique de l’Amérique latine après les Etats-Unis.

Bien que les économies de la région soient plus solides qu’elles ne l’étaient lors des chocs du milieu des années 1990, la plupart d’entre elles sont dans une position plus faible par rapport a 2007, avant le début de la Récession de 2008.

Au cours des dernières années, les niveaux de dette publique et de dollarisation ont augmenté, et les pays de la région ont augmenté leurs dépenses budgétaires dans des programmes à impact faible qui ne peuvent pas supporter les économies dans des périodes de crises, selon les conclusions de cette étude publiée a l’occasion de la réunion annuelle de la BID.

En plus de cela, avec des taux d’intérêt plus élevés aux Etats-Unis, on pourrait assister une baisse des entrées de capitaux dans la région, ce qui affectera négativement la croissance et, dans certains cas, ceci pourrait entrainer la dépréciation du taux de change et l’inflation.

Pour cela, les pays devront compter non seulement sur les options monétaires en termes de stratégies, mais surtout sur les outils en termes de politiques budgétaires pour anticiper les périodes difficiles. Présentement, les soldes budgétaires se sont détériorées donc la constitution des réserves budgétaires devraient être une priorité compte tenu notamment des incertitudes actuelles », a déclaré Santiago Levy, l’un des vice-président de la BID.

Il peut également y avoir un risque croissant du scenario « Sudden Stop », en français, on dirait un arrêt brutal des flux de capitaux qui est défini comme un ralentissement soudain des entrées de capitaux privés dans les pays émergents. Il s’agit donc d’un phénomène très dramatique dont l’impact dépend du déficit budgétaire d’un pays, le déficit du compte courant et le niveau de dollarisation et réserves, entre autres variables. La plupart des pays de la région ont vu ces indicateurs se détériorer au cours des dernières années.

Andrew Powell économiste à la BID, qui a coordonné l’étude, a recommandé aux différents pays d’examiner de plus près leur niveau de réserve dans cet environnement de risques accrus et déficits budgétaires élevés.

Haïti est aussi bien concernée par ce rapport qui met au grand jour des menaces et des risques en 2014 et 2015, car dans une économie globalisée ou les réalités des pays peuvent influencer la réalité d’autres, notre pays doit se préparer. Les choix en termes de politique monétaires et surtout budgétaires doivent être moins politiques voire électoralistes, mais de préférence avant-gardistes, pour maintenir la stabilité notamment avec un taux de change qui ne cesse de se déprécier.  Il faut maintenant 45 gourdes pour 1 dollar, et les folles dépenses gouvernementales pas nécessairement des investissements publics continuent encore, ce qui laisse le déficit budgétaire toujours a un niveau considérable autour de 5,4% selon les chiffres de CIA factbook.   Cette situation nous met en 172eme mondiale en terme de gestion de l’équilibre budgétaire. En somme, le rapport nous appelle a faire preuve d’une meilleure gouvernance économique, dans la recherche de l’équilibre entre les ressources maigres et limité et nos besoins multiples, de services sociaux de base, au chômage chronique et généralisé.

En tout état de cause, les perspectives pour 2014 et 2015 pour Haïti ne sont pas du tout prometteuses dans ce contexte d’incertitudes et d’inquiétudes liées surtout à cette instabilité politique qui persiste surtout avec ces élections incertaines.

Etzer EMILE, M.B.A

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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