Nécessité d’un programme d’accompagnement pour le développement des exportations
Fier du succès de la réalisation de son programme sur la croissance des exportations, appelé Export Max, l’agence de promotion des investissements de la Jamaïque connu sous le nom de Jamaica Promotions Corporation (JAMPRO) vient de lancer un nouveau programme de développement personnalisé à l’intention des entreprises de production et de services.
Ce nouveau programme appelé «Export Max II » est conçu par le gouvernement jamaïcain pour aider les entreprises qui ont l’habitude d’exporter ou qui sont prêtes à exporter à accroître leurs ventes à l’exportation par l’application d’un certain nombre d’initiatives de renforcement des capacités. Les applications pour ce programme ont officiellement débuté le dimanche 16 Mars. Ce programme d’accompagnement des entreprises exportatrices est une initiative qui devra durer trois ans et qui apportera notamment un soutien en termes de recherche et de pénétration de marché pour des entreprises locales.
S’exprimant lors de la cérémonie de remise des prix relatifs au premier programme sur les exportations, Export Max, Diane Edwards, Le président de l’agence de promotion des investissements de la Jamaïque, l’équivalent du CFI en Haïti, a affirmé que JAMPRO sera un partenaire digne de confiance pour les entreprises qui sont intéressées à exporter leur produits et ainsi participer au programme d’accompagnement Export Max II.
Le programme est ouvert aux entreprises exportatrices ou à vocation exportatrice qui opèrent dans les secteurs prioritaires ciblés par la Stratégie nationale d’exportation de la Jamaïque (NES) à savoir l’agro-transformation, la fabrication, les industries et services créatifs. C’est intéressant de savoir en passant que ce pays a une stratégie nationale d’exportation. Bref !
Marlene Porter, la directrice du développement de l’exportation à JAMPRO, a noté qu’avec Export Max II, le gouvernement jamaïcain mettra un accent particulier sur l’encadrement des entreprises notamment avec un volet qui permet le partage d’expériences de la part d’un certain nombre de firmes qui évoluent à l’étranger.
Plus loin la directrice du développement de l’exportation à JAMPRO affirme que l’emphase va être placée sur l’amélioration du niveau de productivité et d’efficacité des entreprises qui participent à ce programme d’encadrement. Cette initiative devra permettre aux entreprises qui y participent d’exporter vers au moins un nouveau marché. Cela aura pour conséquence une croissance d’environ 50 % des ventes à l’exportation des entreprises bénéficiaires. Un programme donc avec un impact considérable qui devrait booster de manière exceptionnelle les entreprises jamaïcaines sur le marché international.
Il faut souligner qu’il y a eu déjà un premier programme pilote qui a obtenu un succès important avec les participants notamment des petites et moyennes entreprises qui ont bénéficié du renforcement des capacités et des services techniques ainsi que l’exposition à des foires commerciales à l’étranger. Les entreprises participantes ont été choisies dans les secteurs de la fabrication, alimentaires et de vêtements, et l’initiative a abouti à une augmentation de 31 % en ventes à l’exportation des entreprises. Ceci dépasse ainsi l’objectif de JAMPRO d’augmentation de ventes de 30% sans parler de la découverte et la pénétration de nouveaux marchés pour ces entreprises bénéficiaires.
En Haïti, on répète souvent, qu’il faut augmenter nos exportations pour réduire notre déficit commercial, alors que pour exporter on doit d’une part produire, ce qu’on ne fait pas suffisamment, pour ne pas dire qu’on le fait marginalement, mais il y a autre chose: deuxièmement, en effet, on doit encadrer et accompagner ceux qui veulent exporter ou qui ont l’habitude d’exporter pour augmenter leur capacité et leur permettre d’assurer leurs ventes à l’étranger. D’ou la nécessité de doter le paysd’une structure pour assurer la formation, l’accompagnement et la facilitation pour nos entreprises a vocation exportatrice. Un grand paradoxe puisque nous avons des centaines de produits que seraient exportables, mais qu’on arrive pas a les canaliser vers l’international, à les trouver des marchés, et des facilités.
A la Jamaïque, ils prennent la question très au sérieux, donc la même agence qui est responsable de la promotion de l’investissement, travaille activement pour mettre les produits jamaïcains sur le marché international pour la rentrée massive de devises. Car, sérieusement, un petit pays ne peut pas se permettre de produire uniquement pour ses habitants, alors que le monde est globalisé et offre des opportunités considérables.
Cependant vendre ses produits à l’étranger a des exigences particulières. Il faut les maitriser, d’ou l’importance d’un programme de coaching, d’accompagnement, et de facilitation. Est-ce que notre Centre de Facilitation des Investissements (CFI) ne pourrait pas jouer ce double rôle pour ainsi intervenir sur les exportations ? Comme c’est le cas en RD avec le CEI-RD (centre d’exportation et d’investissement), ou en Jamaïque. Mais la encore, le CFI n’est même pas suffisamment efficace dans ce qu’il a à faire, ce serait de trop de lui remettre davantage de responsabilités. Soyons honnêtes. Dans ce cas, serait-il pas préférable d’avoir tout simplement une agence de promotion et de facilitation des exportations ? Décidément, nos petites et moyennes entreprises ne peuvent pas mener seules ce combat. Nous devons agir pour développer et faciliter les exportations. Ce qui serait une bonne chose pour nos produits, nos entreprises et notre économie en générale pour de meilleures conditions de vie pour nos habitants.
Chiffre pour aujourd’hui
Les exportations d’Haïti en 2013 sont dans l’ordre 876.8 million de dollars américains contre 1.77 milliards pour la Jamaïque, soit 2 fois plus les exportations haïtiennes, mais notez bien que la Jamaïque a une population de 2,9 millions habitants, alors qu‘on est autour de 10,3 millions. Donc théoriquement, chaque haïtien exporte en moyenne pour 85 dollar a l’étranger sur un an alors que le jamaïcain exporte pour 610 dollars par année soit plus de 7 fois donc qu’un citoyen haïtien. Un petit exercice mathématique juste pour dire qu’on a des faiblesses énormes en termes d’exportation par rapport aux petites économies de la zone.
Etzer EMILE, M.B.A
Economiste,
Radio Vision 2000