Haïti indexé comme l’un des principaux pays pratiquant le blanchiment d’argent de la CARICOM

Dans un récent rapport sur la stratégie internationale du contrôle des narcotrafics 2014, le département d’Etat des Etats- Unis a indexé plusieurs pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) dont Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Belize et Haïti comme des pays en tête de liste pour le blanchiment d’argent et qui ont leurs institutions financières impliquées dans des opérations de change portant sur des montants importants liés au trafic de stupéfiants à l’échelle internationale.

Mis à part de ces quatre principales cibles de ce rapport, deux autre pays de la CARICOM figurent également sur cette liste à savoir les îles Vierges britanniques et les Iles Caïmans.

Le rapport note également que certains grands pays comme le Royaume-Uni, les États- Unis, l’Australie, le Brésil, la Russie, la France, le Canada, l’Allemagne, les Pays-Bas sont aussi classés dans cette catégorie de grands pays de blanchiment d’argent.

A rappeler que le blanchiment d’argent est un élément des techniques de la criminalité financière. C’est un processus de traitement de l’argent sale, où l’action de dissimuler la provenance d’argent acquis de manière illégale (spéculations illégales, activités mafieuses, trafic de drogue, d’armes, extorsion, corruption, fraude fiscale…) afin de le réinvestir dans des activités légales (par exemple la construction immobilière, des établissements de loisirs ou autres activités…).

Selon les chiffres de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et du FMI, le blanchiment d’argent est estimé à plus de 3000 milliards de dollars dans le monde, soit près de 5 % du PIB mondial.

Le rapport qui décrit les mesures qui ont été prises au cours de l’ année précédente par les gouvernements de près de 90 pays , afin de réduire la production de stupéfiants illicites , leur trafic et leur utilisation , ainsi que le blanchiment d’argent et les crimes financiers , a déclaré que « la nature complexe des opérations de blanchiment d’argent aujourd’hui rend difficile dans plusieurs de pouvoir distinguer les recettes liées au trafic des stupéfiants et celles en provenance d’autres formes graves de criminalité .

Le rapport reconnaît également que les institutions financières engagées dans les opérations portant sur des quantités importantes d’argent liées au trafic de la drogue et d’autres formes graves de criminalité sont devenues très vulnérables.

Mis à part le blanchiment d’argent, Haïti est classé toujours selon ce rapport du département d’Etat américain aussi bien que les Bahamas, Belize, et la Jamaïque comme les principaux pays de transit de la drogue dans la région.

On se rappelle que l’année dernière les deux branches du parlement haïtien avaient voté la loi sanctionnant le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Ce qui constitue selon les analystes une étape positive et qui met Haïti en conformité avec les normes internationales de prévention et de contrôle du blanchiment d’argent et la lutte contre le financement du terrorisme.

En effet, bien que difficile à quantifier, il est clair que le blanchiment d’argent est préjudiciable à l’économie d’un pays.

Le blanchiment d’argent empêche le développement du secteur privé licite à travers l’approvisionnement de produits vendus à des prix inférieurs aux coûts de production, rendant ainsi toute concurrence difficile. Les criminels peuvent également se servir d’entreprises productives pour blanchir leurs fonds, diminuant ainsi la productivité globale de l’économie. En outre, le blanchiment d’argent peut aussi causer des changements imprévisibles dans la demande monétaire ainsi qu’une grande fluctuation dans les flux de capitaux internationaux et de taux de change. Le blanchiment d’argent est aussi très préjudiciable aux operateurs honnêtes d’un marché financier. Ces opérateurs sont automatiquement exclus.

Les flux de grosses sommes de fonds blanchis versés dans ou hors des institutions financières pourraient nuire également à la stabilité des marchés financiers ou bancaire tout simplement vu que ce marché qui domine ici le marché financier. En outre, le blanchiment d’argent peut nuire à la réputation des institutions financières impliquées dans ce genre de délit entraînant par la suite une perte de confiance des acteurs principaux de ce secteur.

Le blanchiment d’argent réduit également les recettes fiscales étant donné que les recettes découlant des opérations liées au blanchiment se déroulent souvent dans l’économie souterraine, et ne permettent pas à l’Etat d’en tirer profit.

En fin de compte, le blanchiment d’argent affaiblit l’économie légitime, surtout en ébranlant la confiance des investisseurs. Donc, tenant compte de toutes ces conséquences de la pratique de blanchiment d’argent, les autorités de ce pays doit renforcer le cadre légal, et surtout augmenter sa capacité à faire respecter les normes pour une économie plus licite, plus saine, ce qui facilitera ainsi de meilleures formes de concurrence et attirera beaucoup plus d’investisseurs tant au niveau local aussi bien que sur le plan international. Haïti a beaucoup de travail à effectuer dans ce sens.

Etzer EMILE, M.B.A
Radio Vision 2000
etzeremile@gmail.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *