Le secteur touristique haïtien marque des points. Mais encore des combats à mener
L’année dernière Haïti était sur la liste des pays à ne pas visiter selon les recommandations de la puissante chaine de télévision américaine FOX news. Cette année, FOX encourage les touristes internationaux notamment américains à venir en Haïti. Plusieurs éléments ont contribué à aider à changer cette perception de ces chefs d’opinion. D’abord, une amélioration sur le plan sécuritaire, le lancement récent d’un vol de la ligne aérienne Jet Blue vers New York et Fort Lauderdale et notamment la venue de plusieurs grandes chaînes hôtelières internationales dont le Best Western Premier Pétion-Ville qui a ouvert ses portes en Décembre 2013, un investissement considérable de 15 millions de dollars. Il faut citer également, l’Oasis Royal, un investissement de 35 millions de dollars, établie depuis 2012, et gérée par la firme espagnole Occidental Hôtel & Resorts sans oublier Marriott International, lourd de 45 millions de dollars, et qui compte ouvrir lancer officiellement ses activités en 2015. A noter que la dernière chaine d’hôtel américaine en Haïti était Holiday Inn qui s’est retiré sur le marché en 1998, pour des raisons d’instabilité politiques toujours selon Fox News.
A rappeler que cette bonne nouvelle de Fox est venue quelques temps après que le Département d’État des États-Unis ait adouci les avis de voyage pour Haïti, en raison de l’amélioration de l’environnement sécuritaire. Encore une bonne nouvelle.
Toutefois, nous croyons qu’il faut continuer à mener des combats pour améliorer le secteur et permettre à notre économie d’en tirer davantage de profits. Parmi les combats,
Premièrement, on doit arriver à réduire le nombre de touriste de croisière, ce qui a des retombées très faibles sur l’économie, ou du moins déployer plus d’agressivité pour augmenter le nombre de touristes de séjour. A noter que en 2013 sur les 950, 000 touristes selon les chiffres officiels du Ministère du Tourisme plus de 2/3 étaient des touristes de croisières. Ils restent principalement sur la plage clôturée de Labadie pour quelques heures sans avoir la chance de passer une nuit dans nos hôtels, ou déguster nos mets voire visiter nos villes ou campagnes.
Deuxième combat, c’est essayer développer le tourisme événementiel, car les touristes qui séjournent ou qui veulent séjourner, doivent trouver des événements particuliers qui les attirent et les fidélisent pour qu’ils viennent et reviennent, car avoir des plages, du sable et des forêts, voire des sites historiques ne suffisent plus dans le contexte actuel.
Soyons sérieux, nous ne sommes pas les seuls à avoir des plages avec un lourd soleil tropical. Notre voisin en a par centaine. Cependant, notre histoire, notre culture peuvent faire la différence. Il faut des événement culturels, artistiques, sportifs, pérennes et d’envergure, des festivals de toutes sortes…Le défi c’est l’organisation de ces événements car s’ils ne sont pas bien conçus et organisés, cela peut avoir un effet négatif tant en termes d’image qu’en termes d’impact économique.
Le troisième combat est un combat pour un meilleur développement du tourisme local. Trop de familles, trop de jeunes et de professionnels laissent le pays pendant les jours de vacances pour aller en RD, d’autres pays de la Caraïbes, Amérique du Nord ou en Europe. Ils vont faire des dépenses qui vont être profitable pour l’économie de ces pays, donc un manque à gagner considérable pour le secteur touristique haïtien. Donc au lieu d’aller à Punta Cana chaque année, voire deux fois par année, on doit prendre du temps pour visiter Iles-à-Vache, ou peut être le Cap-Haïtien, ou tout simplement les plages de Bonbon dans le département de la Grand’Anse.
En fait, on ne décourage pas des haïtiens à visiter des pays étrangers, mais nous devons êtres réalistes et penser à devenir les premiers et les plus gros clients de notre tourisme national, pourqu’une grande partie de nos dépenses de loisirs ne s’expatrie pas et profite a notre économie.
Ainsi, les gens du Sud doivent développer des habitudes pour visiter le Nord, et vice versa, pour ne pas compter totalement, sur les touristes étrangers qui sont plus hésitants et sont plus exigeants en termes de service et d’infrastructure. Le tourisme rapporte déjà 200 millions àl’économie nationale en 2013, selon le ministère du tourisme. En menant ces trois combats et d’autres encore, on peut faire des progrès significatifs et doubler ce montant dans les années à venir tout en se préparant à tirer le maximum de profit des touristes étrangers qui viennent, ce qui aura des implications positives automatiquement sur la création de richesse et de l’emploi.
Chiffre pour aujourd’hui: 14 millions
14 millions c’est Le nombre de touristes qui sont arrivés à Singapour en 2013, un chiffre qui représente près de trois fois le chiffre de la population de ce pays, soit 5,4 millions d’habitants. A noter que la superficie de Singapour est de 647 km2, plus petite que L’ile de la Gonâve et 42 fois plus petite qu’Haïti.
Etzer Emile, Radio Vision 2000