Haïti en quête d’autosuffisance en œuf et en poulet de chair
Selon les estimations du Secrétaire d’Etat à la Production Animale, Dr Michel Chancy, si Haïti garde son rythme actuel de production, le pays pourra devenir complètement autosuffisant en œuf de table, selon ce qu’il a déclaré cette semaine. A rappeler que selon Le ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural, Haïti est passée d’une production de 1,2 à 4,5 millions d’œufs et de 100 000 à 250 000 poulets par mois depuis l’interdiction d’importation de ces produits de la République dominicaine.
Toujours selon les estimations du ministère de l’Agriculture, la consommation moyenne des consommateurs Haïtiens est entre 30 et 40 millions d’œufs par mois, dont près 90 proviennent des pays étrangers notamment la RD et les Etats-Unis. 40 millions par mois, une demande assez significative, qui offre en effet de sérieuses opportunités. Cependant, le problème du financement de l’agriculture et de l’élevage reste un problème majeur en Haïti. Puisque les banques commerciales ne sont pas intéressées à ce secteur et s’en méfient beaucoup depuis plusieurs années.
Face à ce problème de financement, le Dr. Chancy, veut compter sur le Système de financement et d’assurance agricole en Haïti (SYFAAH). Ce projet, réalisé conjointement par DID, Financière agricole du Québec – Développement international inc. (FAQDI) et l’Institut Interaméricain de Coopération pour l’Agriculture (IICA), vise à mettre en place en Haïti un système de financement et d’assurances agricoles, structurant ainsi de façon globale l’offre de services financiers destinés aux agro‐entrepreneurs dans le but ultime de relancer l’économie agricole et rurale, créer des emplois et améliorer la sécurité alimentaire en Haïti, selon le site internet du projet SYFAAH. Ce système de crédit agricole a déjà permis de mettre sur pied selon Secrétaire d’Etat 27 points de services pour fournir 7 000 prêts à des agriculteurs. Ces prêts totalisent 350 millions de gourdes via des institutions financières de la place comme ACME, Sogesol et de la Fédération des caisses « Le Levier ».
Au niveau du secteur privé, Haïti Broilers, qui est en fait un partenariat entre le Groupe Coles et Jamaica Broilers Group, représente une part significative dans la production des aliments, des œufs et des poulets de chair en Haïti. Selon les informations fournies par cette entreprise, depuis plus de 12 mois, ils ont enregistré une croissance de 300% dans la production des œufs.
Fort de tout cela, Haïti est donc passée de 50 000 pondeuses, il y un an, à près de 200 000, soit quatre fois plus aujourd’hui et atteindra probablement plus de 300 000 durant le mois d’avril 2015.
A noter que le commerce formel d’œufs et de poulets entre les deux pays a rapporté, en 2012, US$ 24.24 millions à la République Dominicaine, soit 2.2% de la totalité de ses exportations.
Globalement, le marché dominicain produit environ 14 millions de poulets, et 135 millions d’œufs par mois et ces œufs ont généralement été exportés vers Haïti avant l’interdiction de 2013. La République Dominicaine exporte 20% de sa production d’œufs et de poulets et consomme 80%, et presque la totalité de cette proportion destinée à l’extérieur est envoyée en Haïti. Entre 2008 et 2012, Haïti a acheté 97% et 99% des exportations d’œufs et de poulets dominicaines, respectivement.
Cependant, le commerce des œufs avec Haïti a baissé de 86,3% depuis l’interdiction du mois de juin 2013 sur l’importation et la vente des produits avicoles dominicaines. Des situations conjoncturelles, qui deviennent favorables pour notre production locale d’oeuf. Toutefois, nous devons continuer a produire a un niveau, pour que nos puissions être compétitifs même quand il n y a pas d’interdiction. Car dans le libre échange, c’est la loi du “que le meilleur gagne”, donc il faut produire plus, produire mieux, produire de maniere durable, produire a un prix compétitif car trop souvent les produits locaux sont trop chers. Donc, le consommateur haïtien moyen, encore plus évident pour le plus pauvre, ne peut pas se contraindre de consommer local, quand les ressources de sa poche ne lui permettent pas.
Il faut définitivement réduire la forte dépendance de l’extérieur notamment pour ces produits de grande consommation et arriver effectivement a cette autonomie. Sinon le moindre caprice des fournisseurs extérieurs peut servir pour bloquer l’approvisionnement du marché haïtien. Il est temps d’exploiter davantage les potentiels de la filière avicole haïtienne en vue de générer des emplois et des revenus stables et pour permettre au pays de sauver quelques devises de plus en plus rares ces jours ci.
Chiffre pour aujourd’hui: 36,11%
Selon les données de 2012 de IICA, Le Brésil représente a lui seul 36,11% des exportations de poulets de chair dans le monde contre 31% pour les Etats-Unis.
Etzer Emile, Radio Vision 2000