Monde – Économie: L’Afrique, destination de prédilection des investisseurs
A l’occasion du Forum investir en Afrique organisé par Les gouvernements éthiopiens et chinois, le Groupe de la Banque mondiale, la Banque chinoise de développement et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) les 30 juin et 1er juillet à Addis-Abeba (Ethiopie), le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique Makhtar Diop dans un article publié sur le site de la Banque Mondiale a fait un éloge exceptionnel pour ce continent qu’il qualifie désormais la destination de prédilection des investisseurs.
En dépit de facteurs externes défavorables, les pays africains entendent en effet bien prouver qu’ils sont capables de s’adapter à la chute des cours des matières premières et de générer une croissance économique pérenne et inclusive en diversifiant leur économie, en stimulant la productivité et en adoptant des politiques en faveur des pauvres. D’ailleurs, dans le dernier rapport Doing Business, cinq pays africains occupaient les dix premières places du classement mondial 2013-14 des économies les plus réformatrices.
Aujourd’hui, l’Afrique est le continent qui attire le plus d’investisseurs après l’Amérique du Nord, ces derniers s’intéressant à d’autres marchés que le trio habituel constitué par l’Afrique du Sud, du Nigeria et du Kenya. Or, la hausse des investissements et une plus forte industrialisation sont autant de facteurs qui permettront au continent de créer des emplois et faire reculer la pauvreté.
La région peut se targuer d’avoir attiré un montant record d’investissements directs étrangers (IDE), ces derniers représentant 60 milliards de dollars, soit cinq fois plus qu’en 2000. L’investissement direct étranger en provenance de la Chine a par exemple augmenté de 3,5 milliards de dollars en 2013 et la plupart des pays africains en ont bénéficié. Les investissements entre pays africains sont eux aussi en hausse, créant un cercle vertueux permettant d’attirer davantage d’IDE. Au cours des dix dernières années, la part des investisseurs africains dans les projets financés par des IDE a ainsi presque triplé, passant de 8% en 2003 à 22,8% en 2013.
Pourquoi cet engouement ? La raison est simple : le monde entier a le regard tourné vers l’Afrique, son milliard d’habitants et sa classe moyenne émergeante. Bonne nouvelle : les investisseurs s’intéressent à d’autres secteurs que celui des matières premières, les services financiers, la construction et l’industrie manufacturière représentant par exemple aujourd’hui 50% des IDE en provenance de la Chine.
En raison de la hausse des coûts de production en Asie, nombreux sont les fabricants à se tourner vers l’Éthiopie, le Kenya et le Rwanda. La Chine, la Turquie et l’Inde sont aujourd’hui les principaux employeurs du secteur manufacturier en Afrique.
L’Afrique a besoin d’une main-d’œuvre qualifiée. Dans les vingt prochaines années, l’Afrique subsaharienne comptera plus de main-d’œuvre que l’ensemble du reste du monde. Un autre défi, l’Afrique doit offrir un environnement plus propice à l’investissement. Cela impliquera non seulement de réduire les coûts de transport et de distribution d’énergie mais aussi d’éliminer les barrières commerciales formelles et informelles ; de rendre le marché du travail plus souple et de faire marcher la concurrence. Egalement, troisième défi, l’Afrique a besoin d’infrastructures. Si l’Afrique est perçue comme la destination phare des investisseurs, elle devra cependant s’atteler à réduire son déficit en infrastructures. Reste que le principal défi est le manque d’accès à l’électricité. Les coupures fréquentes d’électricité coûteraient à l’économie africaine entre 1 et 4 points de pourcentage de PIB.
Voilà l’Afrique aujourd’hui qui se positionne comme un continent a la fois attractif et économiquement actif, comme étant le 2eme plus grand récepteurs d’IDE après l’Amérique du Nord. Certes, les défis sont énormes, mais ce continent longtemps identifié à la pauvreté et au sous-développement est sur la voie de la modernisation et maintient une croissance soutenue qui devrait lui permettre de suivre la réussite des pays de l’Asie 20 a 30 ans de cela.
Etzer S. EMILE, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000