Arrivée du premier navire de croisière américain à Cuba : bonne nouvelle pour l’économie cubaine
Pendant que les préoccupations en Haïti sont beaucoup plus politiques depuis quelques mois et surtout à l’approche du 14 mai 2016, le Cuba, la première économie de la Caraïbe, se préoccupe lui-même de son économie ou de son développement économique et vient de recevoir son premier navire de croisière américain, un événement historique suivi de près aux Etats-Unis, comme en Amérique latine.
En effet, Cuba a accueilli hier lundi son premier navire de croisière américain en 50 ans, à la faveur du rapprochement diplomatique entre Washington et La Havane, synonyme d’arrivées de touristes sur l’île cubaine.
Peu avant 10H30 (14H30 GMT) du matin, le paquebot Adonia de la compagnie Fathom, filiale du groupe américain Carnival, a accosté dans le port de la Havane, devant une foule de curieux agitant des drapeaux des deux pays, a constaté un journaliste de l’AFP et rapporté par plusieurs autres journaux français et américains.
Avec environ 700 passagers à son bord, le bateau était parti dimanche après-midi de Miami, bastion de la diaspora cubaine aux Etats-Unis. Son arrivée, hier lundi matin à La Havane, a été accueillie avec émotion parmi les Cubains ayant suivi son entrée dans le port, en ce lundi férié sur l’île. Une croisière qui a coûté pour chaque passager entre 1780 et 6 960 dollars américains.
Il faut dire que Carnival est la première entreprise à être autorisée, à la fois par les Etats-Unis et par Cuba, à naviguer entre les deux pays qui avaient interdit ces voyages après la révolution cubaine de 1959. Ces deux anciens ennemis de la Guerre froide ont rétabli leurs relations diplomatiques en 2015, comme nous l’avons beau aborder dans cette rubrique, mais leurs échanges commerciaux et touristiques restent limités en raison l’embargo américain en vigueur depuis 1962, malgré les diverses protestations de La Havane. Certaines de ces restrictions ont toutefois été levées, permettant la reprise des vols commerciaux, de la livraison du courrier postal et des croisières à Cuba. Pour parvenir à organiser cette croisière, Carnival a dû batailler contre des problèmes administratifs jusqu’à la levée, la semaine dernière, par le gouvernement de Raul Castro, des ultimes restrictions sur les voyages par voie maritime des Cubains vers ou à partir des Etats-Unis.
Il faut dire aussi que la compagnie Fathom a prévu d’organiser deux croisières similaires par mois, avec l’objectif de promouvoir les échanges culturels entre les Etats-Unis et Cuba. Outre les croisières, une centaine de vols réguliers entre les deux pays doivent recommencer cette année. Ces voyages profiteront d’abord aux deux millions de Cubains réfugiés aux Etats-Unis tandis qu’à Cuba, la majorité des habitants espèrent que l’arrivée de ces nouveaux touristes et ce prochain accord de multi-destination touristique entre le ministre jamaïcain du tourisme et son homologue cubain auront des impacts très positifs sur l’économie de l’île.
Pendant que presque tous les pays de la Caraïbe font des efforts pour s’éloigner de plus en plus de la pauvreté, en boostant leurs secteurs productifs, notamment le tourisme, nous autres en Haïti, nous pataugeons dans l’instabilité et la division politique, ce qui ne manque pas d’avoir des conséquences négatives sur notre économie et la société en générale.
Riphard Serent, MPA (Policy)
Eonomiste
