A quand une réforme véritable au niveau du secteur énergétique en Haïti ?
La problématique de l’énergie ne cesse d’occuper les débats et discussions dans les espaces médiatiques et aussi dans certaines institutions de »think thank » qui croient que le problème de l’énergie est assez posé et que nous devons maintenant passer à l’action en termes de solutions durables.
En effet, suite à la deuxième réunion des acteurs dans le domaine de l’énergie, tenue le jeudi 14 juillet 2016 à la primature, le Group Croissance S.A a tenté hier d’établir le lien existant entre la gestion énergétique et les finances publiques en commentant la 4e édition du rapport du Forum Economique Mondiale (WEF), rendu public depuis mars 2016, où Haïti est classée en 123e position sur 126 pays dans l’indice de performance de l’architecture énergétique mondiale. Si certains pays dans la Caraïbe en Amérique du Sud et en Afrique ont fait des progrès, nous autres en Haïti, nous avons obtenu de mauvaises notes notamment en termes de croissance et développement (0.41) et accès à la sécurité énergétique (0.23).
Tout le monde est conscient qu’Haïti fait face à de sérieux problème en matière d’énergie. Problème de production. Problème de distribution. Problème de commercialisation. Problème de régularité ou de qualité. Problème de management. Avec l’augmentation de la population, le fossé se creuse entre l’offre et la demande d’électricité et on n’a pas l’impression qu’une réforme véritable dans ce secteur est imminente. Notre réseau électrique n’arrive même pas à produire 300 MW d’électricité, ce qui explique, entre autres, ce prix élevé du kw/h en Haiti, soit $0.38, par rapport à la moyenne de la Caraïbe $0.33. Alors que la production d’électricité chez notre voisin, la République Dominicaine, a atteint en 2015 environ 3,754 MW, avec un prix en dessous de la moyenne de la région, soit $0.22 en moyenne.
Les problèmes que confronte le secteur énergétique en Haïti sont les conséquences de nos choix, de notre modèle traditionnel qui n’arrive pas à donner de résultats, malgré l’augmentation des subventions accordées à l’EDH. Si de 2011 à 2014 on avait mis dans un fonds même 25% de l’apport du programme Petrocaribe au budget national, en 2015 on aurait pu construire un grand parc d’énergie solaire avec une puissance d’au moins 120 MW, en inspirant du modèle dominicain.
On ne peut pas vraiment attendre grand-chose en termes de réforme énergétique avec ce gouvernement provisoire cette année qui n’a pas beaucoup de marge de manœuvre et qui doit se préoccuper beaucoup plus de la réalisation des élections, pour doter le pays d’une stabilité et ouvrir la voie à des conditions favorables à l’implémentation de nouveaux modèles énergétiques qui soient plus rentables, plus efficaces pour de meilleures conditions de vie dans le pays.
Riphard Serent, MPA (Policy)
Economiste