Migration / Amérique latine (Haïti) : « État d’urgence » à la frontière colombienne avec le Panama, face à la crise humanitaire
Par Woodly Edson Louidor
Bogotá (Colombie), 27 juillet 2016 [AlterPresse] — L’« état d’urgence publique » est en vigueur depuis deux jours dans la localité colombienne de Turbo, face à la crise humanitaire à laquelle font face environ 4 mille migrants, majoritairement cubains et haïtiens, bloqués à la frontière avec le Panama, apprend AlterPresse.
Le maire de cette zone reculée du pays sud-américain, Alejandro Abuchar González, a pris cette mesure le lundi 25 juillet dernier, lorsque la situation des migrants s’est révélée très critique.
La situation des migrants haïtiens s’aggrave de jour en jour
Dans ce triste panorama, la situation des migrantes et migrants haïtiens bloqués en Colombie, dans leur périple depuis le Brésil vers les États-Unis d’Amérique, s’aggrave de jour en jour à cause de plusieurs facteurs, dont : refoulements continus vers l’Équateur, absence de protection, vulnérabilité aux réseaux criminels de trafic illégal et traite d’êtres humains, difficulté de communiquer en espagnol.
Dans le cadre de l’intensification de la patrouille militaire dans les zones de transit des migrants en quête du « rêve américain », l’armée colombienne a annoncé le 24 juillet dernier la « capture » de 24 migrants haïtiens au cours d’une opération menée à Pedregal (zone rurale appartenant à la commune de Imues dans le département colombien de Nariño, frontalier de l’Équateur).
Les étrangers se trouvaient en voyage dans un bus de transport public intercommunal.
L’armée colombienne les a présentés comme des « migrants illégaux » (à l’instar des prétendus délinquants et criminels qui sont arrêtés dans le cadre d’opérations militaires) par-devant la presse et l’opinion publique ; situation qui contribue évidemment à stigmatiser et criminaliser la migration irrégulière.
Les migrants haïtiens ont été refoulés vers l’Équateur, et quatre présumés trafiquants illégaux de migrants ont été appréhendés et soumis à la justice colombienne.
Militarisation des frontières colombiennes
Cette intense opération militaire contre les migrants irréguliers en Colombie survient, suite à une réunion tenue le 15 juillet dernier entre plusieurs entités de l’État colombien qui ont décidé de passer à l’attaque face à « la présence d’un nombre considérable d’étrangers, en particulier de nationalités cubaine et haïtienne, dans les communes de Turbo (Antioquia) et Acandí (Chocó) ».
À cette réunion interinstitutionnelle ont participé des représentants de plusieurs ministères (Relations Extérieures ; Commerce, Industrie et Tourisme ; Santé et Protection Sociale), institutions (Police et Armée Nationale ; Bureau de Migration) et autres entités, dont les autorités départementales et municipales.
Ces différents acteurs ont convenu, entre autres points, de lutter contre le trafic illégal de migrants, de réaliser des actions diplomatiques auprès des deux États d’origine (Haïti et Cuba) et du pays de destination (États-Unis d’Amérique) des migrants et de fournir de l’assistance aux personnes les plus vulnérables, dont des femmes enceintes, des mineurs et des personnes âgées.
Les autres objectifs, orientés vers l’attention humanitaire et la protection des droits humains en faveur des migrants en transit, sont encore loin de se concrétiser.
Silence et inaction des autorités centrales de Bogota sur la crise
Cependant, si l’État colombien a augmenté la militarisation des frontières du pays, notamment avec l´´Equateur et le Panama, le maire de la localité de Turbo Alejandro Abuchar González se plaint du fait que ….lire la suite sur alterpresse.org