Défis en termes de création d’emploi dans le monde et dans l’économie haïtienne
Selon le Rapport 2014 de l’Organisation International du Travail (OIT) publié hier sur les Tendances mondiales, les marchés mondiaux de l’emploi sont toujours au point mort malgré une lente reprise de l’économie. En effet, le rapport de l’OIT souligne la pressante nécessité de mettre en œuvre des politiques publiques plus favorables à la création nette d’emploi non seulement dans les économies en développement mais aussi dans les économies pauvres comme celle d’Haïti. Selon ce récent document de l’OIT, avec un taux de chômage moyen de 6 %, le nombre de chômeurs dans le monde a augmenté de 5 millions en 2013 pour atteindre presque 202 millions au total.
Ce rapport 2014 de l’OIT révèle que la croissance de l’emploi reste faible, que le chômage continue d’augmenter, surtout parmi les jeunes, et que beaucoup de travailleurs découragés restent en dehors du marché du travail. Au rythme actuel, 200 millions d’emplois supplémentaires seront créés d’ici à 2018. C’est quand même inférieur au niveau requis pour absorber le nombre grandissant de nouveaux arrivants sur le marché du travail.
«Ce dont nous avons immédiatement besoin, c’est de repenser nos politiques. Nous devons accroitre nos efforts pour accélérer la création d’emplois et soutenir les entreprises qui créent des emplois», a déclaré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder.
Le rapport souligne l’impérieuse nécessité d’intégrer les jeunes dans la population active avec un taux de chômage des jeunes qui dépasse 13 % à l’échelle mondiale – plus de deux fois supérieur au taux de chômage mondial tous âges confondus.
Dans les pays en développement, l’emploi informel reste prépondérant et les progrès en matière de qualité de l’emploi s’essoufflent. Ce qui implique que moins de travailleurs réussissent à sortir de la pauvreté.
Quelles politiques peuvent contribuer à relancer l’emploi et la productivité? En fait, le manque de coordination stratégique entre les politiques monétaires et budgétaires a nettement accru les incertitudes sur le marché du travail, avec des employeurs souvent réticents à embaucher ou à faire des investissements à long terme. Opérer un virage vers des politiques plus favorables à l’emploi et augmenter les revenus du travail permettraient d’accélérer la croissance économique et la création d’emplois, conclut le rapport.
En Haïti, selon les estimations de l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI) sur les tendances de la population en 2010, la population en âge de travailler (15 à 64 ans) constituerait 64% du total et 35% de la population active serait au chômage. Cela veut dire qu’il y aurait 2,9 millions de personnes occupées dans l’ensemble du pays, ce qui est très peu significatif quand on considère que même dans la population occupée il y a un grand nombre de pauvres (les « working poors »). Cette situation est surtout liée au sous-emploi: des revenus horaires insuffisants, plus de 80% d’auto emploi ou d’emploi informel, et des conditions de travail inadéquates. Donc en d’autres termes, une bonne partie de ceux qui travaillent ici ne sont pas en réalité des travailleurs normaux.
Presque 40% de la population totale travailleraient dans l’agriculture, plus de 25% dans des activités commerciales (avec une forte participation des femmes), plus de 15% dans les services, environ 11% dans la production industrielle, 7% travailleraient comme artisans indépendants et l’administration publique, de son coté, employait 2% du total. Donc, avec l’administration publique qui emploie seulement environ 2% de la population, on doit se rendre à l’évidence que l’Etat ne peut pas de son pouvoir créer, voire donner de l’emploi aux gens. Toutefois, il peut créer un cadre qui facilite la création d’emploi par le secteur privé. Il ne suffit donc pas de le proclamer, nous devons réellement agir sur notre environnement des affaires en des termes concrets pour qu’il soit plus attirant.
Egalement, la volonté politique devra être accompagnée d’une stratégie intégrale et réaliste, et d’une politique «active » et effective de l’emploi, basée sur un ensemble de mesures coordonnées et cohérentes à mettre en œuvre de manière simultanée et étalée sur une période suffisamment longue. Sinon avec plus de 100,000 jeunes qui entrent sur le marché du travail chaque année, la situation socio-économique plus compliquée et pourra stimuler des tensions sociales.
Chiffre pour aujourd’hui: 72%
Selon les données de la Banque Mondiale, 72% de la population en milieu rural sont en dessous du seuil de pauvreté (avec un revenu de moins de 2 dollars par jour)
Etzer Emile, MBA
Radio Vision 2000