Défis pour Haïti et la Caraïbe en 2014. Va-t-on vers la fermeture du Programme Petrocaribe?

grands dossiers concernant la région caraibéenne. D’abord, au niveau diplomatique, ces leaders auront à discuter sur les démarches pour arriver au retrait de l’arrêt de la cour constitutionnelle dominicaine qui rend apatride plusieurs centaines de milliers de dominicains d’origine haïtienne. Il y aussi au menu la question de compensation de l’esclavage qui est formulée dans ce qu’ils appellent “un plan de réparation”, autrement dit certains anciens pays colonisateurs devraient compenser les pays colonisés pour des dommages significatifs dans le passé.

Mais, le dossier central des futurs débats lors de ces prochaines rencontres régionales va être absolument l’économie de la zone. En effet, après des années de faible croissance en raison d’un marché du tourisme faible et la baisse des prix des produits de base, la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) s’attend à une croissance faible pour la région de l’ordre de 2,1% en 2014, quand même au-dessus de la croissance de 1,3% de l’année précédente.

Malgré des perspectives économiques favorables, les économies des pays de la Caraïbe, dépendantes du secteur touristique, sont très préoccupées par la hausse du taux de criminalité et son impact sur le développement national et régional.

Plus loin, les premiers ministres de la Jamaïque et de la Barbade ont dû prendre des décisions difficiles dans les derniers mois pour adresser d’énorme dette publique. Tandis que la Jamaïque a augmenté les impôts, la Barbade a annoncé des mises à pied d’environ 3 000 fonctionnaires, des réductions de salaires et la réduction du nombre voyages pour les ministres du gouvernement. Les petites îles des Caraïbes orientales confrontent également des difficultés financières, notamment après les pluies meurtrières de Décembre dernier qui ont provoqué des destructions considérables à Saint-Vincent, Sainte-Lucie et à la Dominique.

Mis à part les questions de catastrophe naturelle, l’une des plus grandes inquiétudes des leaders de la CARICOM c’est l’éventuelle fermeture du programme de Petrocaribe tenant compte des dettes accumulées des pays de la caraïbe envers le Venezuela qui s’élèvent à des centaines de millions de dollars américains. A rappeler que le Petrocaribe est une alliance entre les pays des Caraïbes et le Venezuela, premier exportateur de brut latino-américain, leur permettant d’acheter le pétrole de ce dernier à des conditions de paiement préférentielles.

Les craintes sont encore plus grandes par rapport à l’avenir du Petrocaribe, quand des analystes estiment que les mêmes transactions que le Venezuela effectue avec d’autres pays comme la Chine et l’Inde sont plus rentables que le programme Petrocaribe avec les pays de la Caraïbes. La raison est simple, vendre du pétrole à des pays plus solvables comme la Chine et l’Inde et avec des marchés de centaines de millions de consommateurs est plus avantageux financièrement pour le Venezuela que les expéditions plus proche de la maison. Les pays caraibéens sont en effet en train de rembourser leurs dettes en nature avec des produits alimentaires comme les haricots noirs, bananes et les morceaux de poulet comme c’est le cas pour Haïti, avec le programme “les denrées alimentaire contre le Pétrole”.

Mis à part la nouvelle réalité avec les nouveaux partenaires la Chine et l’Inde, le Petrocaribe est fragilisé également à cause des problèmes économiques internes au Venezuela. Le pays connaît des pénuries sporadiques des produits de base avec un taux d’inflation qui a atteint le niveau le plus haut depuis 16 ans, soit 54% en glissement annuel (Indiscutablement le taux le plus élevé dans la zone).

Des économistes affirment que les devises générées par les livraisons de pétrole pourraient mieux rapporter en cas de vente sur le marché libre que des prix préférentiels à des pays amis de la Caraïbes. Ceci aiderait à alléger la pression sur la monnaie du Venezuela, qui est le Bolivar.

Haïti est donc exposée, aussi bien que d’autres pays de la Caraïbe, à une menace de la fermeture du programme de Petrocaribe, ou peut être à un changement radical dans les termes, qui pourrait avoir des conséquences extrêmement graves pour nous autres de la Caraïbe qui sommes fortement tributaires du pétrole vénézuélien. Cela devrait nécessairement interpeller nos dirigeants, pour qu’on se prépare à toute éventualité, pour ne pas rester dans cette situation précaire d’imprudence stratégique.

Le chiffre pour aujourd’hui

55%

C’est le pourcentage de la population haïtienne qui vit dans des zones urbaines (Banque Mondiale, 2012)

Etzer Emile

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