Bilan économique 2013…Quelles sont les perspectives économiques pour 2014…?

L’année 2013 prend fin dans pratiquement moins de 24 heures et l’heure est propice dans le cadre de cette rubrique pour faire un bref bilan économique de l’année 2013 et voir comment se présentent les perspectives pour l’année à venir, l’année 2014.

Pour plusieurs analystes économiques, l’année 2013 a été une année perdue de plus. Elle a été, en effet, en grande partie décevante par rapport aux objectifs économiques ambitieux qui avait été fixés et qui n’ont pas été atteints, nonobstant des conditions climatiques plus favorables cette année qu’en 2012. Les objectifs de croissance économique de 6.5% et de recettes fiscales de l’ordre de 52 milliards de gourdes n’ont pas été atteints et ce que nous avons enregistré jusqu’ici, selon les dernières estimations questionnables, n’est pas de nature à améliorer les conditions de vies dans ce pays, l’une des préoccupations majeures de toutes couches avisées de la société qui parlent de bilan économique.

Normalement, ce bilan économique de l’année devrait être idéalement la progression dynamique de l’évolution de l’ensemble des branches d’activités économiques du pays, rendue publique par l’Institut Haïtien de Statistiques de d’Informatique (IHSI), qui a accouché un taux de croissance estimé à 4,3% contre 4% selon la CEPAL (Commission Economique pour l’Amérique Latine et la Caraïbe). Certaines autorités du gouvernement vont se réjouir et capitaliser sur ce taux de croissance pour justifier la bonne performance du gouvernement cette année, mais ce qu’il faut comprendre c’est que les vrais problèmes structurels du pays ou de l’économie n’ont pas été résolus et que ce taux de croissance estimé jusqu’ici à 4,3% est en deçà des objectifs fixés pour 2013 et n’a pas été le résultat d’un vaste plan de développement mis en relief par le gouvernement cette année. Au fait, on pourrait se demander ici, où est passé le plan de développement stratégique d’Haïti, le fameux PDSH ?

Donc, ce taux de croissance estimé à 4,3% par l’IHSI a été la conséquence d’un tâtonnement au niveau des projets avec une bonne contribution relative cette année du secteur privé des affaires et n’as pas eu la participation de toutes les couches sociales du pays, notamment les plus défavorisés. Sinon, on n’aurait pas eu toutes ces doléances de la population qui continue de stipuler que « l’argent ne circule pas cette année » et bouge dans un seul quartier.

Les différentes branches d’activités économiques identifiées par l’IHSI et qui ont pu forger cette croissance pour 2013 sont : L’agriculture, Sylviculture, Elevage et Pêche ; Industries Extractives, Industries Manufactures ; Electricité et Eau ; Bâtiment et travaux publics ; Commerce, Restaurants et Hôtels ; Transports et Communications ; Autres services marchands et les Services non marchands.

Evidemment, les trois branches d’activités principales qui ont contribué le plus à cette croissance économique en 2013 sont :

1- La branche Agriculture qui a crû, en termes réels, de 4,6% cette année, contre une nette régression de plus de 2% l’année dernière.
2- La branche Bâtiments et Travaux Publics qui, sous l’impulsion de certains grands travaux d’infrastructure, de la reconstruction de certains édifices publics et de certaines initiatives du secteur privé, a pu accroître, en termes réels, à environ 9.3%.
3- La branche Commerce, Restaurant et Hôtels, qui a crû de près de 5% cette année, notamment avec les récents développements au niveau du secteur hôtelier.

Malgré les chiffres sur un indicateur important comme l’inflation qui, en fin d’exercice (Sept. 2013), a chuté de 6,5% à 4,5%, la majeure partie de la population, tout au long de l’année 2013, se plaignait contre la cherté de la vie et la hausse des prix des produits alimentaires de base. Sur le ‘’béton’’ et dans les marchés publics, c’est le désarroi des consommateurs, car les prix de certains produits très consommés comme la viande de dinde par exemple a augmenté en moyenne de 10 à 25% pendant ces dernières semaines, ainsi que le coût du transport public vers les provinces. Manger de la viande en Haïti devient de plus en plus un superluxe.

Malgré tout, la consommation globale a crû considérablement passant de 8.14 milliards de dollars à 8.87 milliards, selon les estimations de l’IHSI. L’investissement global dans l’économie de son côté a augmenté substantiellement passant de 2.25 milliards de dollars à 2.54 milliards, toujours selon les dernières données de l’IHSI.

En ce qui concerne le commerce extérieur, les exportations ont crû de plus de 20% (1.28 milliards contre 1.54), selon les chiffres de l’IHSI, contrairement à la CEPAL qui parle d’une toute légère augmentation de ces exportations (2.3% environ). Tandis que les importations ont repris leur tendance à la hausse cette année, contraire à la baisse annoncée récemment par le gouverneur de la BRH et la CEPAL.

Le crédit net au secteur privé a augmenté de seulement 11% en termes réels en 2013 contre 22% en 2012, selon les chiffres de la CEPAL qui croit que les investissements directs étrangers de leur côté ont régressé dans l’économie haïtienne en 2013, contrairement à cette augmentation de près de 25% annoncé par les autorités du pays.

Le stock de la dette extérieure d’Haïti a atteint 1,474 millions de dollars, soit une nette augmentation de 38 % associée à la dette Petrocaribe envers la République bolivarienne du Venezuela et les réserves de changes ont atteint en fin d’année 1 milliard 132 millions de dollars US.

En dernier lieu, on ne peut pas oublier le secteur touristique en Haïti cette année qui a connu des développements positifs notamment avec l’achèvement des travaux de construction au niveau du secteur hôtelier plus précisément les hôtels Oasis, Best Western, NH El Rancho et d’autres constructions hôtelières au niveau de Tabarre et une augmentation de 25 % dans le nombre de visiteurs par rapport à l’année précédente (2012).

Ce taux de croissance économique estimé à 4% selon la CEPAL et à 4.3%, selon l’IHSI pour Haïti pour l’année 2013, a surpris plusieurs analystes et économistes qui anticipaient une croissance reflétant plus ou moins la réalité et l’état de santé de l’économie haïtienne qui a confronté tant de soubresauts en 2013. Il faut dire que l’année 2013 a été encore une année scandaleuse avec toute sorte de dérives qu’on a vécues et qui n’ont pas manqué d’avoir des conséquences d’une façon ou d’une autre sur les activités économiques du pays, comme la paralysie des activités à la Douane ou au Parc Industriel de la SONAPI pendant plusieurs jours.

Les perspectives économiques ou de croissance de 4.5% pour 2014 ne s’annoncent pas trop prometteuses jusqu’ici avec cette année électorale qui arrive et cette affaire avec la République Dominicaine qui pourraient agiter les questions politiques et avoir des conséquences néfastes sur l’économie. Plusieurs observateurs s’attendent à des mois de Janvier et Février 2014 des plus tumultueux.

Comme le veut la tradition, nos veux les plus sincères à vous tous pour cette nouvelle année 2014. Espérons que, malgré les incertitudes, ce nouvel an soit porteur d’un bien meilleur niveau de gouvernance et de meilleures conditions de vie quotidienne en Haïti. (image: http://magazinemci.com)

Riphard Serent
Vision 2000

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