Haïti/Post-séisme : Michel Forst appelle à promouvoir la place des droits dans la reconstruction
L’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Haïti a appelé jeudi à un changement de paradigme dans le cadre de la reconstruction du pays dont une bonne partie a été ravagée par le séisme du 12 janvier.
Michel Forst Conseille aux autorités haïtiennes de prioriser « l’approche par le droit » dans ce processus de reconstruction en prenant en compte la situation des couches les plus vulnérables de la population.
Cette approche est importante en raison des menaces qui pèsent sur les plus vulnérables, explique l’émissaire des nations unies.
« La perte de centaines de milliers de vies ne peut en aucun cas être uniquement attribuée à la fatalité et aux éléments naturels », a rappelé Michel Forst aux termes de sa cinquième visite de 10 jours en Haïti.
Selon le magistrat français, ce serait oublier que le pays vit depuis trop longtemps dans une situation de pauvreté extrême qui a sans doute contribué de manière importante à amplifier les conséquences de la catastrophe.
L’expert indépendant des nations unies demande aux responsables de la reconstruction d’Haïti de « veiller à ne pas recréer les mêmes facteurs susceptibles de perpétuer les inégalités et la pauvreté et ainsi engendrer des violations des droits de l’homme ».
Par ailleurs, M. Forst plaide en faveur de la bonne utilisation de l’aide à la reconstruction promise à Haïti lors de la conférence des bailleurs déroulée à New York le 31 mars dernier.
« Dans les opérations de financement, les donateurs devraient éviter de donner d’une main et de reprendre de l’autre. Les dettes contractées par l’Etat haïtien doivent être annulées et les aides accordées doivent être des dons et non pas des prêts », recommande Michel Forst.
Par ailleurs, l’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Haïti se dit inquiet, mais confiant, quant à la capacité du peuple haïtien à construire un pays de rêve.
Michel Forst en a profité pour exprimer ses préoccupations par rapport à la détérioration des conditions de vie des secteurs vulnérables.
En temps de crise humanitaire ou de troubles importants, les femmes, les enfants et les personnes handicapées représentent toujours les groupes les plus vulnérables, selon l’expert indépendant de l’ONU qui plaident en faveur de la protection de ces personnes.
Depuis le séisme du 12 janvier, Michel Forst constate l’augmentation du nombre de femmes et fillettes victimes de viol. Ces personnes n’ont pas pu porter plainte contre leurs agresseurs, selon l’expert onusien.
L’expert onusien appelle, par ailleurs, à « suspendre les interceptions en mer et le retour forcé de migrants et de déportés » haïtiens dans cette conjoncture post-séisme. [dol/rv2000]