Vue d’ensemble de la situation de l’économie haïtienne jusqu’au 3ème trimestre de l’exercice…

La Banque de la République d’Haïti a rendu public sa dernière note sur la politique monétaire au 3e trimestre de l’exercice en cours, un document qui présente entre autre une vue d’ensemble de l’économie jusqu’à cette période de Juin 2013.

Selon cette note, la politique monétaire mise en œuvre par la BRH au 3e trimestre de l’exercice 2012-2013 a été marquée par un nouveau relèvement d’un point de pourcentage les coefficients de réserves obligatoires sur les passifs en gourdes du système bancaire et d’une injection de 25 millions de dollars américains sur le marché des changes dans le but de donner une réponse à la volatilité du taux de change, qui était débordée  il y a quelques semaines,  pour  limiter ses conséquences inflationnistes.

Cette décision a été prise dans une conjoncture économique nationale caractérisée par la contraction de l’activité économique au deuxième trimestre par rapport au premier, une mauvaise performance du secteur agricole, le maintien des pressions inflationnistes, la baisse des recettes fiscales par rapport aux prévisions et la persistance de l’instabilité du change. Toutefois, le montant des réserves de change demeure encore à un niveau assez confortable selon la BRH, soit 1,132 millions de dollars américains au 12 juin 2013. Les résultats du système bancaire restent encourageants, selon la Banque centrale, avec des ratios de rentabilité  »Return on Assesment » (ROA) et  »Return on Equity » (ROE) qui se sont améliorés pour s’établir à 1.37 % et 21.26 % respectivement.

Sur le plan national, les indicateurs conjoncturels publiés par l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI) pour le deuxième trimestre ont indiqué une amélioration de l’activité économique comparativement au même trimestre de l’exercice précédent, mais un ralentissement par rapport au premier trimestre de l’exercice en cours. En effet, en glissement annuel, l’indice de la production industrielle a progressé de 6.2 % et l’indice de l’activité de construction a crû de 12.8 %. L’indice du nombre de salariés dans le secteur de la construction a augmenté de 12.1 % et celui de l’activité commerciale a augmenté de 14.5 %.

Cependant, en variation trimestrielle, hormis le secteur de la construction qui a maintenu son dynamisme tel que reflété par une progression de son indice de 2.2 %, les indices de tous les autres secteurs d’activité ont évolués à la baisse : l’indice de la production industrielle a régressé de 3,1 %, celui du commerce interne a enregistré une contraction de 1,5 % et celui de la production d’énergie électrique a reculé de 6,8 %. Donc on comprend maintenant pourquoi il y a tant de blackout ces dernières semaines à Port-au-Prince.

Le secteur agricole a continué de subir les effets des intempéries de 2012. Ainsi, la part de la production locale, qui représente 48 % de l’offre alimentaire du pays, sera moindre cette année. La mauvaise performance du secteur agricole qui représente près de 25 % du PIB et la contraction de l’activité économique au deuxième trimestre ont conduit à une révision à la baisse du taux de croissance projeté pour 2013 à 3.4 % contre 6.5 % initialement prévu. Toutefois, le taux de croissance révisé est légèrement supérieur à celui de 2012 (2.8 %)

En ce qui concerne l’évolution des prix à la consommation, le taux d’inflation en glissement annuel est resté stable à 7,3% en mai 2013. D’après les prévisions des autorités économiques, l’inflation devrait continuer son mouvement de ralentissement pour se situer à 7,3 % en juin 2013 ; 6,5 % en juillet 2013 et 5,8 % en août 2013, des prévisions très ambitieuses qui restent à démontrer dans une saison cyclonique active.

La situation des finances publiques au cours du 3e trimestre 2013 a été marquée par la décision du Ministère de l’Économie et des Finances de réviser les prévisions de recettes pour l’exercice en cours. En effet, les prévisions de recettes pour l’exercice 2012-2013 qui tablaient préalablement sur 52 milliards de gourdes ont été revues à la baisse pour être fixées à 44 milliards de gourdes, soit une baisse de 15 %. Les recettes fiscales collectées au 19 juin 2013 s’élèvent à environ 32 milliards de gourdes et le niveau des dépenses cumulées pour l’exercice s’élève à 39,9 milliards de gourdes au troisième trimestre. Donc  au 3e trimestre 2013, le solde courant de l’État a affiché un déficit de 7.85 milliard de gourdes.

Les statistiques disponibles pour le secteur externe de l’économie haïtienne en avril 2013 témoignent d’une baisse du déficit commercial pour la période allant de janvier à avril 2013 et d’une hausse des transferts privés sans contrepartie au cours des deux premiers mois du 3e trimestre 2013. En effet, le solde commercial s’est établi à -611,93 millions de dollars américains  de janvier à avril 2013. Cette évolution de la balance commerciale durant les quatre premiers mois de l’année 2013 s’explique principalement par une hausse des exportations combinée à une contraction des importations. Les exportations d’Haïti sur la période considérée ont été évaluées à 268,7 millions de dollars, soit une croissance de 17 % en glissement annuel alors que les importations ont diminué de 2 % pour atteindre 880,61 millions de dollars.

Les perspectives ne sont pas tout à fait prometteuses dans la mesure où la mauvaise performance du secteur agricole ont conduit à une révision à la baisse des perspectives de croissance pour 2013 : le taux de croissance est désormais fixé à 3,4 % contre une prévision initiale de 6,5 %. La relance du secteur agricole, des projets porteurs dans le secteur sont  vitaux pour la bonne santé de l’économie haïtienne et pour la réputation régionale d’Haïti.  C’est ce qui explique que le Premier Ministre trinidadien, dans la cérémonie d’inauguration de l’assemblée annuelle de la CARICOM hier soir à Port of Spain, réclamait l’adhésion de la République Dominicaine dans ce mouvement d’intégration, tout simplement à cause de son niveau élevé de production agricole et agro-industriel.  La production, c’est le début de solution des problèmes structurels et conjoncturels d’un pays.

Riphard Serent
Vision 2000

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