Haïti-France-Tourisme : Paris recommande la prudence aux Français qui souhaitent venir en Haïti…
L’ancien ambassadeur de France en Haïti (2009-2012) est aujourd’hui le directeur du centre de crise du ministère des affaires étrangères de la France depuis le début de l’année. C’est ce centre qui établit la liste des régions du monde que les ressortissants français ont intérêt à éviter. Bien que le classement d’Haïti sur le site du centre date depuis août 2012 [et que les informations sont toujours valides jusqu’au 9 avril 2013], M. Le Bret n’a pas changé l’approche sur Haïti depuis son arrivée à la tête du centre de crise à Paris.
Durant ses 2 dernières années en tant qu’ambassadeur de France en Haïti, M. Le Bret était un peu très lié au président Martelly. Il soutenait le chef d’Etat dans plusieurs de ses décisions.
En décembre dernier, il avait pris le contre-pied des déclarations de l’expert indépendant des Nations-unies en Haïti, M. Michel Frost, qui affirmait qu’Haïti n’est pas prêt pour le retour des grandes entreprises.
M. Le Bret avait attiré l’attention de M. Frost sur les efforts déployés par les autorités haïtiennes. « Il n’est pas nécessaire de rétablir toutes les conditions nécessaires à la stabilité et à l’état de droit pour que les investisseurs viennent. Il y a une dynamique portée par tous les secteurs pour favoriser les investissements étrangers dans le pays », avait soutenu l’ambassadeur de France en Haïti.
Sur le site de la diplomatie française, dans la section « conseils aux voyageurs », Haïti est classé dans la liste des pays qui sont déconseillés aux Français, sauf raison impérative.
« La criminalité est importante dans le pays, qu’il s’agisse des enlèvements ou des homicides. Bien que la population locale soit plus principalement touchée, les étrangers ne sont pas épargnés », indique le site sur l’aspect sécuritaire du pays.
Plus loin, on lit que « De nombreux voyageurs, dont des Haïtiens bi-nationaux de la diaspora, notamment en provenance de France, ont fait l’objet d’agressions armées violentes entre l’aéroport et leur domicile. Dans la plupart des cas, les agresseurs n’ont pas hésité à faire usage de leurs armes. Pour limiter au maximum les risques d’agression, il est vivement conseillé de demander à vos proches d’organiser votre accueil, de limiter au strict minimum le transport de sommes d’argent liquide et en cas d’agression de ne jamais opposer de résistance et d’obtempérer aux ordres donnés ».
Ce rapport abonde dans le même sens que le « travel warnings » du Canada, en pointant les grandes villes haïtiennes, et singulièrement Port-au-Prince (notamment aux abords des établissements d’enseignement supérieur et dans le centre historique de la capitale), comme des lieux qui sont sporadiquement le théâtre de manifestations parfois violentes.
Dans le centre de crise du ministère des affaires étrangères de la France, Didier Le Bret n’est pourtant pas seul à décider. Il dialogue d’abord directement avec les ambassadeurs sur le terrain.
« Ce sont eux qui ont le dernier mot », explique un collaborateur de Le Bret. Mais il arrive que la décision soit prise dans le bureau du ministre ou à l’Élysée, avance-t-il.
« Ce travail n’est pas une science exacte. Mais il doit être le plus objectif possible, car il ne doit pas faire l’objet de négociations entre gouvernements », indique M. Le Bret au site Jeune Afrique.
En juin 2012, Haïti était déjà sur la carte orange, M. Le Bret avait indiqué que les Français vont pouvoir venir en Haïti, faire du tourisme, voyager dans les provinces avec les précautions d’usage sans risques majeurs parce que la carte d’Haïti à Paris allait passer de la couleur d’orange à vert.
« Nous sommes en dialogue actuellement avec Paris pour modifier considérablement cette page qui décrit Haïti aujourd’hui encore en des termes apocalyptiques », avait informé le diplomate français.
Maintenant qu’il est celui qui peut changer les données, Didier Le Bret va-t-il enfin conseiller aux français de venir visiter Haïti ? (hpnhaiti.com)