Haïti-Logement : 650 familles sous haute menace d’expulsion forcée au camp Gaston Margron, craint Amnesty international
L’organisation Amnesty international manifeste son inquiétude par rapport aux menaces imminentes d’expulsion forcée, qui pèsent sur 650 familles logeant dans le camp de fortune Gaston Margron, situé à Carrefour (municipalité au sud de Port-au-Prince), dans une alerte internationale transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
« Outre le fait qu’ils risquent de se retrouver sans abri, les habitants du camp craignent vivement que des individus les agressent ou provoquent un incendie afin de les contraindre à s’en aller », lit-on dans l’alerte d’Amnesty international.
Plusieurs attaques ont été perpétrées vis-à-vis de ces familles déplacées du tremblement de terre du 12 janvier 2010, notamment le 15 février 2013 quand des policiers et un groupe d’hommes (armés de machettes et de couteaux), accompagnés d’un juge de paix local, avaient expulsé de force 150 familles du camp, rapportent Amnesty international et la force de réflexion et d’action sur la problématique du logement / Fòs refleksyon ak aksyon sou koze kay (Frakka).
Certaines des 150 familles expulsées ont quitté les lieux, tandis que d’autres se sont réinstallées dans une autre partie du camp.
« Alors que des habitants se trouvaient à l’intérieur, des hommes armés ont même détruit des abris et s’en sont pris aux personnes qui tentaient de les en empêcher. Des policiers ont, quant à eux, tiré en l’air pour intimider les familles », signale Amnesty international.
Par ailleurs, Frakka dénonce le programme de réhabilitation baptisé « 16/6 » (16 quartiers et 6 camps de personnes déplacées) le considérant comme « une sorte d’expulsion forcée, parce que l’État haïtien donne seulement à chaque famille sinistrée un montant de 20,000.00 gourdes (US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui) pour l’affermage d’une maisonnette. Après, c’est à eux de se débrouiller ».
« Le plus souvent ces gens prennent cet argent pour aller grossir un autre camp de fortune. Ce qui traduit la complicité de l’État dans le relogement irrégulier de familles déplacées, constamment sous des menaces de déguerpissement forcé », critique Frakka.
Des maisons, ayant été construites à Zoranje (dans la commune de la Croix-des-Bouquets, au nord-est de la capitale) et inaugurées le 15 juin 2011, serviraient, au mieux, de fosses d’aisance (latrines) à des riverains.
Celles érigées à Morne-à-Cabris sont considérées comme de petites cages ou des tombes.
Le nombre des personnes déplacées présentement dans les camps, sous des tentes et abris de fortune, est estimé à près de 400 mille personnes, plus de trois ans après le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
Frakka recommande la mise sur pied d’un ministère consacré aux logements, ou du moins d’une banque de logement, afin de résoudre la situation des centaines de milliers de personnes déplacées, qui continuent d’être l’objet de menaces constantes de déguerpissements forcés. (alterpresse.org)