Haïti-Économie: Décès du Président Hugo Chavez..quel avenir politique et économique de ce pays..et conséquences pour Haïti ?
Plusieurs analystes régionaux et même internationaux commencent déjà à exprimer leurs inquiétudes pour l’avenir politique et économique du Venezuela, suite au décès de son grand leader Hugo Chávez qui a su garder le pouvoir pendant plus de 10 ans.
‘’Le Venezuela est sur le point de connaître une crise politique qui s’est intensifiée pendant de longues semaines durant lesquelles Chávez, invisible et silencieux, est jeté dans un lit d’hôpital, d’abord à Cuba, puis au Venezuela’’, a-t-on pu lire dans un éditorial publié par le quotidien AmericaEconomia, quelques heures après la mort du Président Hugo Chávez.
Selon la constitution vénézuélienne, à la mort du président, le vice-président doit prendre la relève et a jusqu’à 30 jours pour réaliser des élections dans le pays. Le vice-président, Nicolas Maduro, peu charismatique, qui assure la présidence depuis décembre dernier est jusqu’ici le candidat naturel et potentiel du parti de Hugo Chávez.
Mais ce qui inquiète certains analystes, c’est qu’au niveau du chavisme il y a deux groupes. Le premier vient des civils, conduit par le vice-président Maduro et l’autre vient dans l’armée, dirigé par le président de l’Assemblée nationale, Diosdado Cabello, qui a de l’argent et également le soutien de l’armée. Jusqu’à présent, ces deux groupes se sont entendus devant les caméras, mais personne ne sait ce qui va se passer après les funérailles de M. Chávez.
Il faudra voir si le gouvernement et l’opposition vont pouvoir s’entendre pour la réalisation des élections présidentielles dans un délai de 30 jours. C’est là un autre signe de faiblesse de la Constitution du Venezuela forgée par M. Chavez. Mais le triste héritage du leader sur le plan constitutionnel ou politique peut être moins sévère que l’héritage laissé par son gouvernement en matière économique.
Le Venezuela, avec Hugo Chávez, a vécu 14 ans d’exploitation pétrolière en faveur des pauvres, ce qui a apporté un changement fondamental dans le pays.
Mais la mort du Président Chavez peut avoir pour effet une certaine détérioration de la situation économique et financière du Venezuela, selon l’éditorial du quotidien AmericaEconomia. Ce qui arrive c’est que les dépenses publiques grimpent énormément avant chaque élection présidentielle au Venezuela. Entre autre, à chaque fois que M. Chávez remporte les élections, la dette extérieure du Venezuela augmente considérablement, soit de plus de 300%.
Le Président Chávez a gaspillé également beaucoup d’argent pendant ces dernières années, d’après ce qu’a rapporté l’analyste Andres Oppenheimer, par ailleurs, dans un dernier article du Miami Herald. En 2006, son administration fournissait plus d’aide financière, soit 3.7 milliards de dollars aux pays voisins, comparé à l’administration Bush qui à l’époque octroyait elle même 1.2 milliard de dollars à ces pays de la région. PetroCaribe est une des expressions éloquentes de ce gaspillage de ressources, selon l’analyste.
A l’heure actuelle, en tout état de cause, le Venezuela est à court d’argent et personne ne veut lui prêter pour le moment, si l’on veut croire l’éditorial de Americaeconomia. Avec une inflation qui est sur le point de se détacher et une pénurie de dollars, contrairement à ce qui se passe dans le reste de l’Amérique latine à l’exception de l’Argentine, le pays a dû dévaluer ces derniers jours, ce qui portera la pression inflationniste à un niveau plus critique.
Quiconque arrive au pouvoir au Venezuela devra réduire les dépenses publiques et commencer à prononcer le mot austérité. Cependant, ces mesures, qui ne seront pas en faveur des pauvres, peuvent déclencher une crise de gouvernance avec des conséquences imprévisibles.
Ajouté à tout cela, il y a aussi la haine qui a été incubée entre M. Chávez et l’opposition au cours des 15 dernières années, en plus de l’affaiblissement progressif des institutions en raison d’un gouvernement unipersonnel.
Des inquiétudes pour l’avenir politique et économique du Venezuela qui pourraient avoir des répercussions directes sur l’économie haïtienne, où beaucoup de projets sont en marche grâce à ce niveau de coopération entre les deux pays avec le Président Chávez. PetroCaribe, une source importante de revenus pour Haïti, peut ne pas survivre l’après-Chavez, ce qui va augmenter considérablement certains problèmes et déficits dans l’économie haïtienne et peut être dans la vie politique du pays.
‘’ Les pays les plus performants sont ceux qui ont des institutions fortes, plutôt que des hommes forts’’, dixit Andres Oppenheimer du Miami Herald’’.
Riphard Serent
Vision 2000