Haïti-Choléra:  »En Haïti, le comportement de l’Onu est loin d’être la conscience du monde »

L’organisation des Nations unies (Onu) tente d’esquiver sa responsabilité dans l’introduction de l’épidémie du choléra en Haïti, par le déni des idéaux énoncés dans sa charte, souligne le journal The Guardian dans un article publié en ligne le 3 mars 2013 sur son site internet:  »In Haiti the UN’s behaviour is a far cry from being the conscience of the world » (traduction: « En Haïti, le comportement de l’Onu est loin d’être la conscience du monde ».

Un tel comportement est pire, venant du corps qui est censé servir comme la conscience du monde, critique le journal, condamnant l’irresponsabilité affichée par les Nations Unies dans le déclenchement du choléra dans la république caribéenne.

Des études poussées de plusieurs experts internationaux ont, en effet, démontré que la force onusienne est à l’origine du déclenchement de la maladie, apparue au cours du mois d’octobre 2010 à partir de la base d’un contingent népalais de la mission, basé dans le Plateau central (Nord-Est d’Haïti).

Peu de pays ont autant souffert, dans leur histoire (comme Haïti), des actions de l’extérieur, fait remarquer The Guardian, rappelant que plus de 8,000 Haïtiennes et Haïtiens sont morts à date (d’octobre 2010 à mars 2013) et 647,000 personnes infectées depuis l’apparition du choléra dans le pays.

Plus de 5 mille victimes du choléra en Haïti ont déposé, en novembre 2011, une réclamation de plusieurs centaines de millions de dollars américains (US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui) auprès des responsables des Nations Unies.

Le jeudi 21 février 2013, L’Onu a déclaré irrecevable cette demande, en évoquant la section 29 de la convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies.

L’Onu est censée exister afin de protéger les droits humains, de répandre la primauté du droit, d’aider les pauvres et de les défendre contre les conflits et la maladie, souligne le journal britannique.

En dépit des plaintes, déposées par les victimes haïtiennes en vue de réclamer une indemnisation, l’Onu s’est cachée cruellement derrière l’immunité diplomatique pour rejeter leur demande de réparation.

« Il s’agit d’une institution qui, quand elle envoie des troupes dans des missions, les accompagne avec des avocats pour trier les demandes d’indemnisation mineures, comme les accidents de la circulation impliquant ses véhicules ou le toit bizarre soufflé par des hélicoptères », ironise The Guardian.

En invoquant l’immunité de cette manière et en utilisant le manteau d’une convention, destinée à prévenir le harcèlement des forces de sécurité dans les zones instables, l’organisation « se comporte comme le fils d’un dictateur, refusant de payer les contraventions de stationnement [au lieu] d’un organisme international destiné à faire preuve de leadership moral », condamne le journal britannique.

Le vendredi 1er mars 2013, les avocats haïtiens Newton Louis St Juste, Jaccéus Joseph, André Michel et Méhu M. Garçon ont sommé le gouvernement haïtien de désigner, dans trente jours francs, un représentant pour la formation de la commission permanente des réclamations, en vue de faire le suivi de toutes les plaintes des victimes du choléra contre les Nations Unies.

Cette commission est prévue au paragraphe 55 de l’accord de siège, signé entre le gouvernement haïtien et l’Organisation des Nations unies (Onu), le 9 juillet 2004, ont rappelé ces avocats. (alterpresse.org / guardian.co.uk)

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