Haïti-Justice: L’étau se resserre autour de Jean-Claude Duvalier
Plus d’artifices juridiques, l’inculpé Jean-Claude Duvalier sera amené à sa prochaine comparution à la cour d’appel de Port au-Prince. L’éteau se ressere autour de l’ex-dictateur dont les avocats sont parvenus à le gader loin des tribunaux depuis des mois…
Le climatiseur tourne à fond. Mais on sue dans cette salle de la cour d’appel de Port-au-Prince où l’inculpé Jean-Claude Duvalier est absent. Le regard de ses accusateurs, ce jeudi 21 février 2013, ne lui brûlera pas la peau. Parmi eux, Robert Duval, Alix Fils-Aimé, Daniel Magloire… observent, parfois d’un regard interloqué, Me Reynold Georges dans ses prises de parole. Seul dans le box, sans son client, Me Reynold Georges se bat.
Quelques-uns de ses arguments, enrobés d’humour, ne tiennent pas la route, commente un homme de la basoche, costume, cravate, toge et un Code d’instruction criminelle(CIC) à la main droite. On ne peut pas interjeter appel en cassation d’une décision non encore rendue par la cour d’appel, jette-t-il discrètement. Les échanges entre les parties enflamment davantage la salle où siègent le juge Jean-Joseph Lebrun, Durin Duret Junior et Jocelyne Cazimir. Des journalistes haïtiens et étrangers prennent quelques notes, tweets aussi. Marie Yolène Gilles du RNDDH, des envoyés d’Amnesty International, de Human Rights Watch et Rodolfo Matarollo de l’UNASUR regardent. Leur position est connue : l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier doit être jugé pour les crimes de sang et les crimes financiers et économiques commis sous son régime. La cour, après échanges, se retire.
Presque une heure s’écroule. Dans une allée, Me Reynold Georges confie qu’il y a des interférences politiques dans ce dossier. En défaveur de votre client ? Oui, lâche-t-il avant d’aller éteindre les phares allumés de son véhicule garé à l’extérieur. Rodolfo Matarollo se confie aussi. Il souhaite que les décisions du tribunal soient respectées, dont celle sur la comparution en personne de Jean-Claude Duvalier. En renfort au vieux climatiseur, deux ventilateurs n’aident en rien. La salle est un sauna. On n’en finit pas de dégouliner quand, brusquement, une cloche sonne. La cour reprend siège. Aux lèvres du président, le juge Jean Joseph Lebrun, s’accrochent tous les yeux de la salle. Et aux termes de considérations juridiques basées sur les articles 323 et 77 du code de procédure criminelle CIC, et 423 du CPC, la cour a jugé « impératif » que l’inculpé lui soit amené à la diligence du ministère public. La salle, malgré la chaleur, est traversée par un silence glacial.
Plus de subterfuge, l’ancien homme fort d’Haïti devra comparaître pour soutenir cette fois le regard de ses accusateurs à la prochaine audience et faire valoir ses victoires dans d’autres ressorts, selon ses avocats dont l’un « déplore » la décision de la cour de contraindre JCD à se présenter.
Source: http://www.lenouvelliste.com