Haïti-Économie: Renforcement du commerce bilatéral Haïti-Rép. Dominicaine, A qui profitera le plus cette composante commerciale ?

Dans le cadre de l’ambitieux programme binational de négociations commerciales entre les  gouvernements haïtien et dominicain, les deux pays ont lancé cette semaine la composante commerciale avec le soutien de l’Union Européenne, un grand bailleur d’Haïti.

La cérémonie s’est déroulée en présence des ministres du commerce des deux pays et des responsables de l’Union européenneCette initiative fait partie d’un Programme binational financé avec des fonds du Programme Indicatif Régional (PIR) et les programmes indicatifs nationaux des deux pays.

En mettant en œuvre cette initiative, les autorités haïtienne et dominicaine cherchent à contribuer à l’élaboration, au renforcement et au dynamisme du commerce et de l’économie dans les deux pays, mais qui profitera beaucoup plus à la République voisine, selon toute évidence.

M. Antonio Vargas Hernandez, l’ordonnateur national du Fonds européen pour le développement de la République dominicaine, a souligné, lors de la cérémonie, l’importance de l’entrée en vigueur de cette composante commerciale au profit des entrepreneurs, des commerçants et les citoyens des deux nations.

‘’Cette composante qui vient d’être lancée est d’une extrême importance pour le développement de la coopération économique et commerciale binationale visant la réalisation des intérêts mutuels’’, a martelé M. Hernandez.

Il a ajouté que cette composante fait partie d’un programme binational de négociations entre les deux gouvernements, conjointement avec les délégations européennes dans les deux pays pour un montant total d’environ 64 millions de dollars américains, soit 47,5 millions d’euros, qui couvre le soutien de l’infrastructure dans le Nord du pays, et ses zones commerciales, l’environnement et le développement des zones transfrontalières.

Avec ce financement, il est prévu d’élargir le marché de Dajabón, de construire le marché Juana Mendez, de développer l’infrastructure des douanes dominicaine et haïtienne, de réhabiliter les routes agricoles essentielles à l’accroissement du commerce des deux côtés de la frontière et de fournir un appui institutionnel pour la gestion et la performance du marché.

Cette nouvelle composante commerciale pour le développement de la coopération économique et commerciale binationale entre Haïti et la République Dominicaine ne va pas vraiment profiter à Haïti, sinon que permettre à la République voisine d’écouler de façon plus formelle ses produits alimentaires sur le marché haïtien.  Le niveau de l’appareil productif d’Haïti ne permet pas encore à ce pays de jouir pleinement d’aucun accord commercial régional ou de profiter de son statut en tant que membre de plusieurs blocs régionaux comme la Caricom, la CELAC, l’APE…

Il faut rappeler que le directeur exécutif du centre d’étude haïtiano-dominicain Luis Vargas avait qualifié d’inégale la balance commerciale entre Haïti et la République Dominicaine.  En effet, les importations d’Haïti en marchandises de la République Dominicaine sont évaluées à environ 1 milliard 100 millions  de dollars américains par an  alors que nos exportations vers la République voisine ne dépassent pas les 50 millions de dollars.

En fait, il y a un déséquilibre de 1 à 20 concernant les exportations mutuelles des deux pays: pour un dollar américain exporté vers la République Dominicaine, il y a au moins 20 dollars dans l’autre sens.  Cet accord de composante commerciale va tout simplement confirmer et consolider la suprématie commerciale et industrielle de la République Dominicaine sur Haïti, de l’avis de certains analystes.

Riphard Serent

Vision 2000

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