Haïti/Économie : Une crise alimentaire menace Haïti dans la foulée de Sandy
Les Haïtiens ont largement souffert de la faim dans la foulée d’une saison des tempêtes particulièrement active, et la situation risque de se prolonger, affirme une nouvelle étude rendue publique vendredi.
L’étude, soutenue par un groupe de réflexion brésilien, montre que les régions rurales des départements du Nord, de l’Ouest et de Grand’Anse ont subi « des pénuries de nourriture graves » après la tempête Sandy, alors un ouragan, et une autre, sans nom, qui a suivi. Les deux tempêtes ont frôlé Haïti en octobre et en novembre, causant de graves inondations et tuant 66 personnes.
Près de 70 % des quelque 1000 ménages interrogés ont déclaré avoir souffert de la faim de façon modérée ou sévère, selon l’étude, intitulée « Après la tempête : l’arrivée de la crise alimentaire en Haïti ».
L’étude a été réalisée par Athena Kolbe, Marie Puccio et Robert Muggah, des spécialistes des sciences sociales qui travaillent régulièrement en Haïti. L’étude fait écho aux avertissements de l’ONU, qui avait prévenu que plus de 1,5 million d’Haïtiens risquaient de souffrir de malnutrition après la perte de leurs récoltes dans la tempête.
Jusqu’à 90 % des récoltes de la saison ont été détruites par Sandy, principalement dans le sud du pays, selon les Nations unies.
« En considérant tous les facteurs, nous nous attendons à constater une insécurité alimentaire dans six mois », a déclaré Mme Kolbe, candidate au doctorat en travail social et en science politique à l’université du Michigan, aux États-Unis. « Il y aura beaucoup de régions où il n’y aura pas beaucoup de nourriture, et nous savons ce qui se passe quand il n’y a pas beaucoup de nourriture. »
« C’est assez peu réjouissant », a-t-elle ajouté.
Crainte
Athena Kolbe et les travailleurs humanitaires craignent qu’Haïti assiste à une répétition de ce qui s’est passé en 2008. Cette année-là, la hausse du prix des aliments avait provoqué une semaine d’émeutes meurtrières ayant mené au renvoi du premier ministre et de son cabinet.
L’étude, appuyée par l’institut Igarape, un groupe de réflexion sans but lucratif de Rio de Janeiro, a été menée auprès de 1355 ménages, avec un taux de réponse de 84,7 %. Les sondages ont été menés immédiatement après le passage de Sandy et de l’autre tempête qui a suivi.
L’étude a notamment permis d’apprendre que les résidents des régions rurales ont rapporté « l’absence complète » des services municipaux dans la semaine ayant suivi le passage de Sandy. Cela signifie donc qu’ils n’ont eu aucun contact avec la police ou des représentants du gouvernement et qu’aucune autorité ne les a aidés à déplacer les débris.
L’organisme fermera le 31 décembre, car il aura dépensé la totalité des 54,4 millions de dollars récoltés auprès d’entreprises, d’organisations et d’individus.