La Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) a rendu public un dernier rapport faisant état des pertes de l’ordre d’environ 160 millions de dollars américains, causés par la tempête tropicale Isaac et les dégâts de la sécheresse qui frappent non seulement Haïti mais le monde entier.
En effet, selon les experts de la CNSA, 40 % de la production de printemps ont été perdus. Entre autre, des retards ont été enregistrés dans les cultures pour la saison d’automne. L’agriculture a subi des pertes énormes cette année dans l’économie haïtienne, ce qui réduira la contribution de ce secteur dans le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour cette année.
D’un autre côté, le numéro 1 de la CNSA, l’agronome Garry Mathieu, a exprimé ses craintes en raison d’une hausse des prix des céréales sur le marché haïtien. Il convie donc les autorités haïtiennes à lancer dans les semaines à venir des programmes visant à renforcer le secteur agricole, notamment dans les départements les plus vulnérables : le Sud et le Sud-Est.
Il faut dire que l’économie haïtienne confronte un autre problème à savoir la hausse des prix des céréales dont le blé et le maïs sur le marché international. Face à toute cette situation, le gouvernement entend placer la sécurité alimentaire sous surveillance. En effet, le chef de l’Etat, Michel Joseph Martelly, a récemment préconisé l’adoption de plusieurs dispositions dont le contrôle des prix des produits importés et la protection de la production nationale afin de faire face à la situation.
Par ailleurs, le ministère de l’agriculture évalue la situation dans plusieurs régions, dont l’île de la Gonâve, touchés par une grande sécheresse. Le directeur départemental de l’Ouest du ministère de l’agriculture réclame la participation des partenaires privés afin de forer des puits indispensables pour protéger les cultures. Il attire l’attention également sur le déboisement accéléré pour la production de charbon qui entraîne des dégâts considérables dans l’environnement.
Avec le changement climatique et la multiplication des événements extrêmes qui l’accompagnent (sécheresses, inondations et ouragans), les prix des aliments de base pourraient doubler dans les vingt prochaines années (par rapport à 2010), prévient l’organisation Oxfam dans un dernier rapport rendu public il y a environ une semaine. Ce qui veut dire que d’ici 2030, le prix du riz pourrait passer à 2000 gourdes les 25 livres communément appelé ‘’le petit sac de riz’’.
La situation est plus catastrophique pour le maïs dont le prix pourrait augmenter de 140% d’ici 2030,conséquence du risque accru de sécheresse, semblable à celle qui sévit depuis juin notamment aux Etats-Unis, la plus grave depuis un demi-siècle.
Des perspectives très sombres pour les prix des aliments de bases, qui devraient des maintenant préoccuper véritablement les autorités hattiennes, s’il y a vraiment une vision de long terme pour ce pays et pour sa population. Il ne faut pas attendre des manifestations de rue pour commencer à réagir.
Riphard Serent
Vision 2000
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