Haïti/Musique: 27 juillet 1948-27 juillet 2012, l’Orchestre Septentrional souffle 64 bougies

L’ORCHESTRE SEPTENTRIONAL D’HAÏTI

L’Orchestre septentrional d’Haïti voit le jour en 1948, ses sept membres originaux provenant de deux ensembles distincts. Véritable pionnier de l’histoire de la musique contemporaine d’Haïti, l’Orchestre septentrional résistera à toutes les modes au fil du temps et réussira à créer une signature musicale bien à lui. À partir de 2004, la vénérable formation qu’on surnomme Septen fait une place à une nouvelle génération de musiciens et s’ouvre à des sonorités à la mode, comme le konpa. En 2009, le cinéaste Whitney Dow réalise le documentaire Septentrional: From the North, qui retrace un parcours professionnel de quelque six décennies.

Le Kompa (en créole haïtien konpa, compas, kompa, kompas ou konpas) est un genre musical d’Haïti popularisé par le saxophoniste et guitariste Jean-Baptiste Nemours (compas direct), proche du calypso.

Il a connu un grand succès des sa sortie en 1955 jusqu’à maintenant dans les Caraïbes ou il constitue la musique de base.

Histoire du Kompa

En 1986, suivant les traces des pionniers de Caribbean Sextet et des frères Widmaier (de Zéklè), le maestro du groupe Top-Vice introduit un nouveau concept qui deviendra un phénomène : Le Compas digital alias le Compas nouvelle génération.

En effet, c’est en 1986 que le groupe Top-Vice fait sa première apparition avec l’album Men nou. Au moment où de grands noms du Compas commencent à constater que le style est en train de s’essouffler, le groupe Top-Vice apparaît sur la scène Compas de Miami, dans la communauté haïtienne. Avec pour leader le maestro Robert-Charlot, Top-Vice faisait alors, à l’époque l’effet d’un OVNI musical. Top-Vice, l’original, introduisit une révolution dans le format même des groupes au niveau live. Mais il faut surtout reconnaître, dans ce groupe, la présence d’un des piliers du Compas haïtien, Robert Martino (Difficiles de Pétion-Ville, Gypsies de Pétion-Ville, Scorpio d’Haïti, les As de Pétion-Ville, Mini All Stars, Top-Vice) qui va introduire un nouveau style de rythme, basé sur une consonance répétitive et rythmée de la guitare avec des effets (delay, super-chorus) un vrai « groove » que les Haïtiens ont vite bâptisé « le kité’l maché » (« Laissons tourner »). C’est ce qui va révolutionner le Compas digital dans toute son existence et sa raison même d’être. Ce nouveau style va lui donner une telle force que l’on en oubliera même l’absence de vrais percussionnistes (batterie, congas, campana). Tous les groupes de Compas digital (Carimi, Ti-Kabzy, T-Vice, etc.) ont su profiter de cette trouvaille que Robert Martino avouait avoir vainement tenté de mettre au point depuis l’époque du Scorpio d’Haïti (1976).

Pour comprendre cela, nous devons d’abord faire un retour au niveau du Compas old school, le Compas dit ancienne génération.

Ces groupes old school sont ce qu’on appelle des « full bands ». Des groupes qui sont complets et qui sont composés d’une section cuivre, de percussions, d’un pianiste, d’un bassiste, d’un lead guitare et d’un guitariste secondaire.

À ce format qui était entré dans les mœurs dès les années 1960, Top-Vice fera une légère violence puisqu’il fera l’économie d’une bonne partie du format full afin d’introduire ce que l’on appelle le format digital avec l’introduction de la boîte à rythmes dans le Compas et l’usage prédominant du synthétiseur.

Avec la boîte à rythmes et le synthétiseur, plus besoin de la ligne de vents, les cuivres, ni même d’une guitare rythmique ou encore des percussions.

Top-Vice est un groupe fondamentalement moderne, qui vit avec son temps et utilise, parfois à outrance, les nouvelles technologies et c’est ce qui fait du Compas nouvelle génération une sorte de musique techno à l’haïtienne !

1986 ouvre donc, avec Top-Vice, l’ère des groupes dits « digital » avec leur nouveau style, le Compas nouvelle génération.

Ce sera la porte ouverte pour toute une génération de jeunes musiciens qui vont profiter de cette opportunité pour rafraichir le Compas et l’ouvrir à des influences musicales résolument modernes telles que le rap, le hip-hop, le r’n’b, le reggae et le ragga.

Nombreux sont ceux qui ont eu du mal à comprendre et à accepter cette révolution au sein du Compas. Faire du live sans un groupe complet et aller voir un bal animé par seulement quatre musiciens, quelle aberration pour certains ! Et pourtant le style a su conquérir une bonne partie de amoureux du Compas et surtout eu le mérite de renouveler la base de fans de Compas et d’attirer, aux bals, un jeune public qui ne s’intéressait plus du tout au Compas.

Le Compas dit de nouvelle génération a été influencé et s’est largement inspiré de groupes antillais francophones tels que les Aiglons, les Vikings, Grammacks et Kassav. Et ce, tant au niveau du format des groupes que des sonorités.

En fait, il faut reconnaître que, depuis quelques années, le même processus d’essoufflement qu’a connu le Compas ancienne génération, a touché la nouvelle génération au point que les groupes composant cette dernière tentent de renouer avec les instruments abandonnés par le passé comme les cuivres, et les percussions. C’est le cas de T-Vice et d’autres jeunes groupes de la nouvelle génération. On notera les diverses incursions de Wyclef Jean dans le Compas, en particulier avec des groupes comme Sweet Micky. Ce qui fait que l’on peut aussi classer tous ces groupes dans ce que l’on appellerait « la nouvelle vague de la musique haïtienne ». Cet ensemble met en lumière un savant mélange entre l’expérience des anciens et le talent des jeunes. Une lumière qui capte de plus en plus l’attention des fans du Compas dans les Caraïbes en général, et dans les Petites Antilles en particulier. Le succès grandissant d’un groupe comme Carimi en est la parfaite illustration. Mais, également, celui d’autres jeunes groupes tels Dega (Haïti-USA), Original H et Feeling Star (France) est également à souligner.

Quelques albums incontournables du Compas : Compas l’an 2000 (Top-Vice), Iya Iya Oh Oh, let’s make love tonight» (Robert-Charlot), Kite’m viv (T-Vice), In the house (T-Vice), My name is (Ti Kabzy), Live in Miami (Djakout Mizik), 5 Etwal (Zenglen), Live on the road (T-Vice), 1999 Millionè (D-Zine) « steel news » (nu look), Haiti bang bang (Carimi), Première Danse (Nickenson Prud’Homme), 3 lèt selman (Zin), Jéré’m (Harmonik).

 

Le documentaire sur l’orchestre Septentrional projeté au festival des films du monde 

Une troisième projection du film-documentaire sur le célèbre orchestre Septentrional d’Haïti est annoncée pour le 28 août prochain dans le cadre du 35e Festival des Films du Monde de Montréal. Les deux premières projections ont eu lieu respectivement les 20 et 21 août

Septentrional d’Haiti à Sunfest

Ce film-documentaire baptisé « When the Drum is Beating », qui dure 84 minutes, présente les meilleures séquences (archives de répétitions et de concerts) constituant l’histoire de cette formation musicale. « When the Drum is Beating » réalisé par Whitney Dow a été tourné au Cap-Haitien.

En plus de l’histoire de l’orchestre Septentrional, le film-documentaire a passé en revue l’histoire d’Haïti de l’esclavage au séisme du 12 janvier 2010. Le pays a connu de grandes difficultés sur les plans politique et social. L’orchestre Septentrional a dû consentir d’énormes sacrifices afin de tenir bon durant ses 62 ans. L’orchestre de la boule de feu a commémoré ses 63 ans récemment. Constitué de 20 musiciens, l’orchestre a été crée en 1948 suite à des soirées champêtres animées avec succès, du 24 au 27 juillet. Hulrick Pierre-Louis, Jean Menuau et les frères Fidèle sont les principaux membres fondateurs du groupe. C’est en 1950 que Hulrick Pierre-Louis a été élu maestro en remplacement de Jean Menuau. Décédé en septembre 2009, le légendaire maestro Pierre-Louis a passé environ 60 ans à la tête de l’orchestre.

Le grand orchestre Septentrional a lancé récemment son dernier CD baptisé « Pi Douvan » produit par Mizik Depot. Ce disque comporte 13 morceaux : « Li Gen Dwa », « Pa Fèm sa », « Lanmou Etèrnèl », « La Nati », « Pa Kwè sa », « Sonje », « Pi Douvan », « Chanpèt Lakay », « Nwèl an Nou », « Mizè Fanm », « Se pa fòt nou », « La Capoise » et « Fou de Toi ». Un ensemble de rythmes sont interprétés sur ce CD en l’occurrence la « boule de feu », la « pachanga », la « bossa nova » ainsi que des rythmes traditionnels haïtiens notamment le congo et le ibo. Ce CD a suivi la production du film-documentaire.

La 35e édition du Festival des films du monde (FFM), à Montréal se tient du 18 au 28 août. Le FFM présentera 383 films en provenance de 70 pays. Le festival comprend plusieurs catégories, notamment les hommages, le cinéma à la belle étoile et les films hors concours. Une autre section dédiée aux premières œuvres donne l’occasion aux auteurs de premiers longs métrages de se faire connaître.

Le film-documentaire de Septentrional a été projeté dans d’autres festivals notamment au « Tribeca Film Festival de New York » le lundi 25 avril. D’autres projections de « When The Drum Is Beating » ont eu lieu respectivement les 28 et 30 avril à AMC Village 7, 66 Third Ave @ 11th Street, NY 10003 (272 places assises) et à Chelsea Clearview Cinemas (291 places assises), 260 West 23rd Street (entre 7th and 8th Avenues) NY 10011.

Recherches: Nadeige Cajuste.

Image : http://culture509.net / lematinhaiti.com

Sources: lematinhaiti.com / montrealjazzfest.com Source / wilkipedia.fr

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