Structures sanitaires vandalisées, l’AMH alerte des dangers sur le système médical
Les attaques contre l’hôpital Bernard Mevs en début de semaine viennent allonger la liste des institutions sanitaires hors de service en raison des violences armées. Selon le Dr Jean Ardouin Louis Charles, de l’Association médicale haïtienne (AMH), environ 40 institutions sanitaires sont hors-services ou fonctionnent au ralenti dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Une situation due à l’intensification de la violence armée dans plusieurs quartiers. Le Dr Louis Charles a cité ces chiffres alors qu’il participait à l’émission Panel Magik le jeudi 19 décembre 2024.
Outre ces structures en difficultés, Jean Ardouin Louis Charles a indiqué qu’à ces chiffres, il faut ajouter les structures sanitaires situées dans les « nouveaux territoires perdus », comme à Nazon ou à Solino, dont les données ne sont pas encore disponibles. Le Dr Louis Charles s’est dit indigné, inquiet face aux actes de violence qui embrasent le pays.
« Nous sommes alarmés car la situation dégénère au quotidien. Les criminels avertissent l’État à l’avance de leur intention certaines fois et ils parviennent quand même à accomplir leurs forfaits », a lâché Jean Ardouin Louis Charles, dénonçant un État « failli » et « complice ».
Le bout du tunnel est encore loin, s’est désolé le Dr Louis Charles, car cette « violence aveugle et systématique » contre les hôpitaux représente un danger pour la population, en particulier les populations vulnérables.
Ces attaques contre les institutions sanitaires ne sont pas sans conséquences sur la santé de la population. Les personnes souffrant de maladies chroniques, de maladies sexuellement transmissibles ou contagieuses qui nécessitent un traitement continu peuvent être sujets à des complications en raison de l’interruption du traitement.
Le risque d’une augmentation du taux de mortalité infantile est également fort probable dans ce contexte, a analysé Jean Ardouin Louis Charles. « La couverture vaccinale était déjà faible en Haïti par rapport aux autres pays de la Caraïbe. À présent, avec les nombreux déplacements et le dysfonctionnement de plusieurs institutions sanitaires, cette couverture va encore diminuer, ce qui entraînera une hausse de la mortalité infantile. L’État doit prendre les mesures qui s’imposent », a-t-il déclaré.
D’autres composantes du système sanitaire en mauvaise posture
Les structures sanitaires ne sont pas les seules à souffrir des attaques des bandits armés. Les centres de formation sont aussi menacés. En raison de la multiplication des activités des gangs armés, de nombreuses facultés ont été contraintes de fermer leur porte et des professeurs ont abandonné leurs chaires. À titre d’exemple, la Faculté de médecine et de pharmacie de l’Université d’État d’Haïti (UEH) a été attaquée et pillée en mars de l’année en cours.
« La qualité de l’enseignement a diminué. En conséquence, celle des soins diminuera également », a déploré le Dr Louis Charles, indiquant que les conditions de la tenue des cours ne sont pas optimales.
Par ailleurs, les professionnels de santé sont aux abois. Ils sont victimes d’enlèvement et d’assassinat. D’autres pour épargner leur vie ont dû accrocher leur blouse pour des aventures sous d’autres cieux, loin des terres d’Haïti.
Jean Ardouin Louis Charles exhorte les autorités étatiques à passer de la parole aux actes pour résoudre le problème de l’insécurité. Il a plaidé pour des considérations en faveur du secteur médical, de la part des autorités, lors de la reprise.
Avant l’attaque contre l’hôpital Bernard Mevs d’autres structures sanitaires ont connu le même sort, c’est le cas des hôpitaux de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) et Saint François de Sales au centre-ville de Port-au-Prince. Entre-temps, les autorités tardent à montrer les signaux d’une réponse forte contre ces attaques et se contentent de dénoncer et de déplorer à travers des communiqués.