Massacre à Kenscoff : Au moins 262 morts en deux mois selon l’ONU
Dans un rapport publié ce lundi, l’Organisation des Nations Unies (ONU) dresse un bilan alarmant des violences perpétrées depuis plus de deux mois dans la commune de Kenscoff, située dans les hauteurs de Port-au-Prince. Selon le document conjoint du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), au moins 262 personnes ont été tuées et 66 blessées entre janvier et mars 2025.
La cheffe du BINUH, Maria Isabel Salvador, dénonce « une brutalité extrême » visant à semer la panique au sein de la population. Les gangs ont mené des attaques indiscriminées contre des hommes, des femmes et des enfants, impliquant des exécutions, des corps brûlés, ainsi que des cas de violences sexuelles. « Près de 200 habitations ont été détruites ou incendiées, forçant plus de 3 000 personnes à fuir. Ces exactions visent à étendre le contrôle des groupes criminels et à déstabiliser Pétion-Ville », peut-on lire dans le rapport publié sur le site officiel de l’ONU.
Réaction sécuritaire tardive et crise humanitaire persistante
Selon le rapport, les premières attaques remontent au 27 janvier, mais la réponse des forces de sécurité haïtiennes a été tardive, malgré l’appui progressif de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS). L’ordre public demeure précaire, les dernières violences ayant eu lieu le 27 mars. Au total, quatre membres des forces de sécurité et un agent de la MMAS ont été tués ou blessés.
Le rapport a également indiqué que l’aide humanitaire, bien que soutenue par l’ONU, la DINEPA et plusieurs ONG, reste largement insuffisante face à l’ampleur des besoins.
« Les survivants, en particulier les enfants, souffrent d’un traumatisme profond. Le rapport recommande un soutien renforcé à l’État haïtien pour rétablir la sécurité et restaurer l’autorité publique », souligne l’ONU dans le rapport.
Des massacres en séries sans aucune réponse concrète.
Il convient de rappeler qu’en 2024, Haïti a connu une année particulièrement sanglante, avec plus de 5 600 morts liées à la violence des gangs selon l’ONU. Des massacres similaires ont été enregistrés à Pont-Sondé (plus de 215 morts) dans la nuit du 2 à 3 octobre 2024 et à Wharf Jérémie (207 morts) au début du mois décembre 2024, illustrant une crise sécuritaire généralisée à travers le pays.
Face à l’horreur devenue routinière dans le pays, la communauté internationale s’alarme, mais tarde à agir et à apporter des réponses concrètes. À Kenscoff, comme dans d’autres régions d’Haïti, la population est livrée à elle-même, les cris s’étouffent et l’espoir d’un lendemain sûr s’effrite. Pendant ce temps, la situation sécuritaire du pays ne cesse de se dégrader.
Judelor Louis Charles
Source: HPN