L’Oea préconise de fournir à Haïti une assistance humanitaire et électorale sans influence des gangs criminels

La situation complexe en Haïti, résultant de la crise sécuritaire, « nécessite une réponse multidimensionnelle, intégrée et coordonnée, avec la participation de partenaires internationaux, sous la direction et la coordination des autorités haïtiennes »

La crise de sécurité multidimensionnelle en Haïti est exacerbée par l’influence et l’intimidation incontestées et croissantes des gangs criminels, la violence et la victimisation, signale le rapport du Groupe de travail de l’Oea sur Haïti

La politique, l’administration publique et l’économie ont été infiltrés par les gangs criminels ou leurs complices, qui pourraient avoir une influence majeure sur les élections futures, s’ils ne sont pas démantelés, met en garde le Groupe de travail de l’Oea sur Haïti

Non seulement la force policière est fortement concentrée à Port-au-Prince, mais aussi le degré élevé de corruption dans les rangs de la Police nationale d’Haïti nuit également à son efficacité opérationnelle

 

P-au-P, 21 avril 2023 [AlterPresse] — L’Organisation des États américains (Oea) souligne l’urgence de fournir à Haïti une assistance humanitaire et électorale sans influence des gangs criminels, à l’issue d’une session ordinaire, tenue le jeudi 20 avril 2023, par son Conseil permanent pour examiner le rapport du Groupe de travail sur Haïti, entre autres sujets, apprend l’agence en ligne AlterPresse.

« Il est nécessaire d’intégrer et de coordonner l’assistance pour faire face à la crise de sécurité multidimensionnelle actuelle et la fourniture d’un soutien humanitaire efficace en Haïti », selon le rapport remis, au Conseil permanent de l’Oea, par le président dudit Groupe et représentant permanent de Trinidad-et-Tobago, Anthony Phillips-Spencer.

A travers le rapport du Groupe de travail sur Haïti, composé de quatorze États membres et créé en février 2023, afin de soutenir un éventuel processus électoral, les États membres et les observateurs permanents de l’Oea sont encouragés à intégrer, innover, compléter et coordonner leurs efforts, avec d’autres acteurs, dans l’objectif de fournir une assistance et un soutien opportuns au peuple haïtien.

La situation complexe en Haïti, résultant de la crise sécuritaire, « nécessite une réponse multidimensionnelle, intégrée et coordonnée, avec la participation de partenaires internationaux, sous la direction et la coordination des autorités haïtiennes ».

Le vendredi 10 février 2023, le Conseil permanent de l’Oea avait adopté une résolution en faveur d’une assistance sécuritaire et humanitaire en Haïti.

Cette résolution entendait promouvoir la coopération régionale, en vue d’aider au rétablissement de la sécurité en Haïti et de former un groupe de travail, composé d’États membres de l’Oea, dont l’objectif serait de faciliter le dialogue démocratique et de fournir une assistance nécessaire à l’organisation des élections.

La crise de sécurité multidimensionnelle en Haïti est exacerbée par l’influence et l’intimidation incontestées et croissantes des gangs criminels, la violence et la victimisation, signale le rapport du Groupe de travail de l’Oea sur Haïti.

La violence armée et des gangs, cause de la crise humanitaire, affectent les hôpitaux, le système d’assainissement et la sécurité alimentaire, la distribution d’eau et le personnel médical.

La situation de criminaliité s’est complexifiée par les carences, en matière de préparation opérationnelle et de capacité institutionnelle, de la Police nationale d’Haïti (Pnh) ainsi que la multiplication des besoins d’aide humanitaire, visant à relever le triple défi de la faim, de la mauvaise santé et de l’itinérance, relève le Groupe de travail de l’Organisation des États américains sur Haïti.

L’impuissance de la Pnh face aux gangs armés

Le rapport du Groupe de travail de l’Oea sur Haïti évoque une diminution considérable, ces dernières années, de l’état de préparation opérationnelle de la Pnh.

En effet, le nombre de policiers a diminué plus rapidement que le taux de recrutement.

« Sur les 14,000 policiers signalés, beaucoup moins – estimé à bien moins de 10,000 – sont en service actif. Ce qui est clairement insuffisant dans un pays de 11,5 millions d’habitantes et d’habitants », signale le rapport.

Non seulement la force policière est fortement concentrée à Port-au-Prince, mais aussi le degré élevé de corruption dans les rangs de la Police nationale d’Haïti nuit également à son efficacité opérationnelle, déplore le Groupe de travail de l’Oea sur Haïti.

« Des gangs armés contrôlent une partie croissante de Port-au-Prince. Il y a des zones, où l’anarchie totale règne et où la criminalité est devenue le seul moyen de survie pour la population locale. Les gangs criminels ont pillé, violé, kidnappé et tué d’innombrables civils », lit-on dans le document.

Ces gangs armés « sont largement plus nombreux que la Pnh, en nombre et en armes, et recrutent un nombre croissant d’enfants ».

La politique, l’administration publique et l’économie ont été infiltrés par les gangs criminels ou leurs complices, qui pourraient avoir une influence majeure sur les élections futures, s’ils ne sont pas démantelés, met en garde le Groupe de travail de l’Oea sur Haïti.

Pour faire face à la crise sécuritaire en Haïti, le rapport recommande de démanteler les gangs criminels, de rompre le lien qu’ils entretiennent avec les sphères politiques, administratives et économiques, et de rétablir l’étatisation et l’état de droit sur l’ensemble du territoire national.

« La Pnh ne peut pas, à elle seule, améliorer la situation sécuritaire en Haïti. Elle a besoin du soutien de la communauté internationale, sous forme d’équipements, d’armes, de formation et de soutien institutionnel ».

La demande d’une force internationale, faite aux Nations unies le 7 octobre 2022, par le premier ministre de facto en Haïti, est toujours à l’étude au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies 9Onu), rappelle le rapport.

Par ailleurs, le rapport du Groupe de travail de l’Organisation des États américains sur Haïti plaide en faveur d’un dialogue politique plus inclusif, pour faciliter le renforcement de la démocratie, favoriser un consensus plus large et augmenter la possibilité de parvenir à un accord sur un calendrier électoral.

Fruit d’un accord, signé, le 21 décembre 2022, entre le premier ministre de facto Ariel Henry et plusieurs organisations, un Haut conseil de transition (Hct), dont l’un des objectifs serait de créer un climat favorable à l’organisation d’élections dans le pays, a été installé le lundi 6 février 2023.

Face à l’absence de conditions minimales de sécurité, beaucoup de secteurs continuent de rejeter l’idée d’organiser, dans l’immédiat, des élections en Haiti, gangrenée par un climat de terreur, entretenue, en toute impunité, par les gangs armés.

 

 

 

Source: APR

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