Le gang « 400 Mawozo » se replie, mais la violence continue
Après 12 jours d’affrontements sanglants dans la plaine du Cul-de-Sac, les membres du gang 400 Mawozo se sont repliés dans leur fief à la Croix-des-Bouquets. Cependant, la tension règne encore dans plusieurs quartiers de cette zone. Le gang Chen Mechan qui avait subi les assauts du groupe armé rival se livre à une véritable chasse à l’homme, notamment à Butte-Boyer. Les maisons de tous ceux suspectés d’avoir hébergé des éléments du gang « 400 Mawozo » ont été incendiées.
Si pendant sa violente incursion notamment dans le quartier de Butte Boyer dans la plaine du Cul-de-Sac le gang 400 Mawozo avait incendié une vingtaine de maisons, son grand rival, Chen Mechan, emploie la même méthode pour punir ceux qui ont hébergé le groupe armé dirigé par l’un des criminels les plus recherchés du pays, Lanmò san jou. En effet, un regain de violence a été enregistré dans les quartiers de Croix-des-Missions et de Butte-Boyer dans l’après-midi du jeudi 5 mai 2022.
En signe de représailles, des membres du groupe armé Chen Mechan, qui ont repris le contrôle de la zone, ont, à leur tour, incendié plusieurs maisons. La maison de l’inspecteur Chariot Casimir à Papo (Croix-des-Missions) a totalement été incendiée, a appris Le Nouvelliste. « Les hommes de Chen Mechan se lancent dans une véritable chasse à l’homme », a fait savoir un résident qui s’est confié au journal sous le couvert de l’anonymat.
Pour le moment, aucune explication n’est fournie sur le repli de 400 Mawozo après 12 jours d’intenses combats avec son rival Chen Mechan. Malgré ce repli, la tension règne encore un peu partout dans la plaine du Cul-de-Sac.
En début de matinée du jeudi 5 mai, Le Nouvelliste avait constaté une sorte de calme apparent mais précaire dans plusieurs quartiers. De Croix-des-Missions jusqu’à Canaan 3, les activités ont timidement repris. Avec une présence policière plutôt remarquable, le journal a constaté aussi une timide reprise de la circulation automobile. Les marchés publics de Damien, de Marin, de Bon-Repos et de Seradòt ont connu une reprise des activités commerciales.
Si les portes des institutions scolaires demeurent fermées, au moins deux supermarchés, des dépôts de provisions alimentaires et des quincailleries ont ouvert leurs portes dans différentes artères de la route nationale numéro 1, une première depuis le début des affrontements le dimanche 24 avril dernier.
La veille, plusieurs unités spécialisées de la Police nationale et des Forces armées d’Haïti ont été remarquées dans les quartiers de Butte Boyer, de Shada, de Santo. Depuis l’après-midi du mercredi 4 mai, les résidents de la plaine du Cul-de-Sac ont connu un moment de répit au cours duquel beaucoup moins de détonations d’armes automatiques ont été entendues.
Le porte-parole de la Police nationale, qui intervenait jeudi matin sur Magik9, a indiqué que la PNH, appuyée par les Forces armées d’Haïti, a déblayé plusieurs axes routiers dans la plaine du Cul-de-Sac. « La police est déterminée à rétablir la paix dans la zone avec l’aide de la population », a rassuré Gary Desrosiers, qui a annoncé pour la semaine prochaine un premier bilan de la police sur la guerre des gangs dans la plaine du Cul-de-Sac.
Dans un deuxième bilan provisoire publié mercredi, la direction de la Protection civile dit avoir enregistré, entre le 24 avril et le 2 mai, au moins 39 personnes tuées, 8 disparues et 68 blessées dans les quartiers de Butte-Boyer, Croix-des-Missions, Santo, Cité Soleil, Bel-Air. « Au moins 23 maisons ont été incendiées, 48 écoles, 5 centres médicaux et 8 marchés ont dû fermer leurs portes », a précisé la Protection civile.
Selon les explications de la Protection civile, les violences dans la commune de Croix-des-Bouquets ont provoqué le déplacement d’au moins 9 000 personnes, principalement en famille d’accueil entre le 24 avril et le 3 mai. Ce chiffre, a précisé la Protection civile, inclut 752 personnes (287 ménages) localisées sur 9 points de rassemblement (à Clercine, Santo et Blanchard), dont certains sont situés dans les zones non accessibles en raison des affrontements.
Source: Le Nouveliste