Menaces de sanctions financières sur Haïti..une situation très préoccupante..
L’économie haïtienne est sous de hautes menaces de sanctions financières qui pourraient avoir des conséquences négatives non seulement sur le système bancaire haïtien mais aussi sur l’économie, en raison de cette loi sur le blanchiment de capitaux qui n’a pas été votée au parlement ce weekend dernier. Il faut dire que le weekend dernier marquait la fin du moratoire accordé à Haïti par le Groupe d’Action Financière internationale (GAFI) pour le vote de cette loi après le délai du 27 mars qui a été demandé par l’Association Professionnelle des Banques (APB).
En effet, cette loi sur le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, déposée au parlement depuis juillet 2012, n’est toujours pas votée par la Chambre basse, malgré tous les délais qui ont été accordés à Haïti pour se mettre sur la même longueur d’onde que plusieurs pays sérieux dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Si le Groupe d’Action Financière internationale (GAFI) n’entend pas accorder un nouveau moratoire à Haïti, comme le sollicite le Président de la Fédération des Barreaux d’Haïti, le début d’une enquête en Haïti pourra être déclenché, ce qui sera évidemment mal perçu par les partenaires internationaux, les investisseurs potentiels et les pays avec lesquels Haïti entretient des relations financières et économiques.
Le GAFI, au terme de cette enquête, pourrait décider d’informer tous les pays qu’ils doivent traiter Haïti avec beaucoup de prudence et méfiance. Le pays sera alors perçu comme un État non coopératif qui supporte le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Il faut dire que le Président de la Fédération des Barreaux d’Haïti, Me Carlos Hercule, a demandé au GAFI d’accorder un nouveau moratoire à Haïti. Me Hercule a avancé des raisons selon lesquelles des modifications indispensables doivent être apportées à cette loi et que celle-ci devra, après le vote de la Chambre basse, être soumise de nouveau au Sénat de la république pour une éventuelle ratification dans les mêmes termes.
Si un consensus n’est pas trouvé pour Haïti, les conséquences impliqueraient, en outre, que toute transaction financière à partir d’Haïti devrait être passée au peigne fin. En fait, le transfert d’argent pourrait coûter beaucoup plus cher que d’habitude et les banques haïtiennes qui ont des dépôts à l’étranger pourraient se trouver dans l’obligation de payer des amendes sur leur compte.
La loi sur le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme pose problème pour certains secteurs qui ont le pressentiment que le bal économique et financier de la corruption sans limites et de la gabegie des uns et des autres en Haïti est vraiment à sa fin.
Le dernier moratoire pour le vote de cette loi sur le blanchiment d’argent a expiré, ce qui n’étonne personne, car nous avons un problème de gestion de temps en Haïti. Nous avons perdu plusieurs mois dans des dilatoires politiques et des conflits sans précédent. Ce ne sont pas des développements qui font honneur à Haïti, mais des facteurs qui ont compromis la tenue des élections nécessaires cette année et qui rongent tout processus de développement dans ce pays. Entre autre, cela montre clairement aux autres pays du monde entier et à la communauté internationale de plus en plus que l’intérêt du pays n’est pas encore vraiment une priorité des »policy makers » (décideurs politiques).
Riphard Serent
Vision 2000