Augmentation des prix du baril de pétrole sur le marché international, à quand l’ajustement sur le marché local ?

Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000

Après plusieurs semaines de stabilisation autour de $48 le baril sur le marché international, le prix des cours mondiaux vient de subir une nouvelle vague d’augmentation qui a fait la une de l’actualité économique mondiale ce weekend dernier et qui doit nous préoccuper tous, décideurs politiques, économistes, hommes et femmes d’affaires et consommateurs en  Haïti.

En effet, de mardi dernier 4 Avril à ce mardi 11 Avril 2017, le prix du baril est passé de $50 à $53 sur le marché international, soit une augmentation de 6% en environ une semaine et la plus forte hausse du prix du baril depuis un mois.

Selon plusieurs économistes et  analystes français, cette dernière vague d’augmentation du prix du baril de pétrole est la conséquence, en partie, de l’attaque américaine en Syrie qui a occasionné une réaction instantanée sur le marché pétrolier, où le baril de Brent a bondi de 2 % à plus de 56 dollars sur les marchés asiatiques.

Pour d’autres économistes européens, la frappe surprise des États-Unis n’en est pas moins considérée comme un risque géopolitique par les marchés pétroliers. Non pas que la Syrie soit un pays producteur important ; on parle de 30 000 barils par jour seulement, soit dix fois moins qu’avant la guerre, mais les voisins de la Syrie sont d’énormes fournisseurs du marché mondial, de l’Irak à l’Iran et à l’Arabie saoudite, a indiqué RFI hier.

D’un autre côté, par rapport aux récents développements sur le marché du pétrole, la Cour suprême au Venezuela  a certes renoncé à élargir les prérogatives du président Nicolas Maduro, mais elle a maintenu le renforcement de son pouvoir en matière pétrolière, ce qui veut dire que de l’Etat vénézuélien aura la possibilité de vendre pour le compte de la compagnie nationale PDVSA.

Ces récents développements sur le marché du pétrole doivent attirer l’attention du gouvernement Moise-Lafontant, ce dernier qui aura tôt ou tard à aborder la question de l’ajustement des prix à la pompe sur le marché local, car les recettes pétrolières de l’Etat haïtien ont baissé considérablement pour les six premiers mois de l’exercice, selon les derniers chiffres, vraiment catastrophiques, rendus publics par l’AGD.

En effet, selon les données de l’Administration Générale des Douanes (AGD), rapportées par le journal Le Nouvelliste, pour les deux trimestres écoulés de l’exercice, c’est-à-dire  d’octobre 2016 à mars 2017, les recettes pétrolières collectées ont été de l’ordre de 658 463 637 gourdes. Ces recettes semestrielles sont clairement en deçà des rentrées du mois  d’octobre 2015 seulement, soit 827 882 922 gourdes. De plus, pour les mois de février et mars 2017, les recettes pétrolières sont respectivement de 28 895 736 gourdes et de 22 618 518 gourdes. Alors que pour ces mêmes mois, en 2016, les recettes pétrolières étaient respectivement de 963 424 730 et de 850 767 727 gourdes.

Des écarts spectaculaires entre 2016 et 2017, en termes de recettes pétrolières, ce qui constitue un manque à gagner énorme pour l’Etat haïtien et qui va réduire les marges de manœuvre  du gouvernement à mettre en œuvre un ensemble de politiques publiques visant à améliorer les conditions de vie en Haïti.

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