Sécurité, déploiement de la MMAS, amnistie : Les grands chantiers du CPT

Le Conseil présidentiel de transition (CPT) se prépare à prendre les rênes du pays. Avec la publication de l’arrêté portant nomination des membres de cette structure, un cap a été franchi et des préparatifs sont déjà en cours pour l’installation des conseillers. Suite à une rencontre avec le Premier ministre a.i,, Michel Patrick Boivert et le directeur général de la Police nationale d’Haïti, Frantz Elbé, Leslie Voltaire, représentant de Fanmi Lavalas au sein du CPT a répondu aux question de radio Magik 9, vendredi 19 avril 2024. Sécurité, déploiement de la Mission multinationale à la sécurité (MMAS) et la question de l’amnistie ont été au centre de son intervention.

 

Moins de 24 heures après avoir rencontré le Premier ministre a.i, Michel Patrick Boivert et le directeur général de la Police nationale d’Haïti, Frantz Elbé, Leslie Voltaire, représentant de Fanmi Lavalas au sein du CPT a accordé une entrevue exclusive à l’émission Panel Magik, où il annoncé les grands chantiers de cette nouvelle administration notamment des importantes questions de la sécurité, du déploiement de la MMAS et de l’amnistie.

« Il n’y a eu aucune volonté politique pour s’attaquer aux problèmes sécuritaires »

Abordant la question de rétablissement de la sécurité, Leslie Voltaire a critiqué ouvertement le gouvernement sortant qui, dit-il, « n’a aucune volonté politique de s’attaquer aux problèmes sécuritaires du pays réellement ». Comme preuve de cette absence de volonté politique, Lesly Voltaire a indiqué que depuis l’accession d’Ariel Henry au pouvoir le 22 juillet 2021, le climat sécuritaire s’est nettement détérioré. « La volonté politique était d’aller à la recherche de forces internationales pour résoudre le problème sans penser aux forces nationales », a-t-il jugé.

« À partir de notre installation, notre mission cible trois axes prioritaires : sécurité, assistance humanitaire et redressement économique, et les élections », a énuméré Leslie Voltaire, annonçant du même coup un changement de paradigme dans la lutte contre l’insécurité grâce à notamment, la mise en place d’un Conseil national de sécurité et de défense qui servira « d’interface avec les forces nationales de sécurité et d’interface avec la MMAS ».

« Il y aura une volonté politique. Dans la lignée de cette volonté sera créé un Conseil national de sécurité et de la défense, qui sera constitué d’experts [en sécurité], du Premier ministre, de la Police et des Forces armées. Le Conseil national de sécurité et de la défense sera chargé de proposer un plan de sécurité et de défense au CPT pour une période de deux années en vue de freiner au mieux l’insécurité sur l’ensemble du territoire national et d’avancer vers les élections », a affirmé Leslie Voltaire sur les ondes Magik 9.

Interrogé sur l’évaluation des forces de sécurité nationale, Leslie Voltaire a expliqué que c’est le rôle de la « commission de passation de pouvoir qui est constitué d’un comité de sécurité, qui fera un rapport de l’état des lieux de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et des Forces armée d’Haïti (FAD’H) ». Les données du rapport seront transmises au Premier ministre qui sera désigné et Conseil national de sécurité et de défense, a-t-il laissé entendre.

Outre l’ensemble de ces tâches, le Conseil national de sécurité et de la défense sera en charge de décider d’un éventuel changement de leadership au sein de la PNH et des FAD’H.

Quant à la population, Leslie Voltaire a déclaré que le CPT va « essayer de communiquer le plus souvent que possible avec la population » comparant la mission de cette structure à celle d’un médecin au chevet d’un malade.

« La population doit s’attendre à l’empathie et la sensibilité du CPT à leur égard. La population doit s’attendre aussi à une communication constante entre l’État et la nation. La société doit participer au renseignement et dans la coopération avec les Forces de l’ordre », a assuré l’ancien ministre de l’Education nationale de l’administration de Jean-Bertrand Aristide I.

Se voulant être réaliste, Leslie Voltaire a été clair quant aux attentes en matière de sécurité. « Nous ne disposons pas d’une baguette magique pour répondre aux défis sécuritaires. C’est un processus d’établir une relation de confiance avec la population et avec la police », a-t-il argué.

Déploiement de la MMAS, validé

Selon le point 4 de l’article 2 portant création du CPT, ne peut pas être membre du conseil celui qui s’oppose au déploiement de la MMAS. Pour Leslie Voltaire, cette question ne semble pas être un problème.

« Le Conseil de sécurité des Nations unies est au-dessus des lois du pays et des lois de tous les pays d’ailleurs. Le conseil a approuvé la résolution 2699 autorisant le déploiement d’une Mission multinationale non onusienne mais supervisée par l’ONU. […] Peu importe le pays qui sera à la tête de la mission, nous l’accepterons », a-t-il déclaré sans ambages.

Son parti politique, Fanmi Lavalas, dans plusieurs sorties, s’est toujours opposé à toute forme de déploiement de mission étrangère sur le territoire national. Interrogé à ce sujet, Leslie Voltaire a rétorqué : « Depuis que nous avons accepté de signer l’accord sous la médiation de la CARICOM dans les termes formulés, nous avons validé automatiquement le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité. »

L’amnistie, une possible option ?

Sur le comportement qui sera adopté par le CPT vis-à-vis des gangs, Leslie Voltaire a renvoyé la balle dans le camp du gouvernement qui sera constitué et du Conseil national de sécurité et de la défense. « Ce sera leur mission de nous proposer une approche et un plan de sécurité », a-t-il répondu.

Quant à la question de l’amnistie de plus en plus présente dans le débat public, Leslie Voltaire a souligné que celle-ci fera objet de débat au sein du Conseil national de sécurité et de la défense, sans toutefois confirmer si le CPT est pour ou contre cette option.

 

Source: Le Nouveliste

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