Biden a expulsé autant d’Haïtiens en un an que ses trois prédécesseurs en 20 ans

En l’espace de 12 mois, le président américain, Joe Biden, qui a prêté serment le 20 janvier 2021, a expulsé quasiment autant d’Haïtiens que ceux qui ont été expulsés au cours des 20 dernières années sous la présidence de ses trois prédécesseurs, à savoir Georges Bush, Barack Obama et Donald Trump.

 

 

Selon les calculs de Quixote Center, une organisation américaine de justice sociale à enjeux multiples fondée en 1976, l’administration Biden a expulsé plus de 20 200 migrants Haïtiens contre 21 900 sur les 20 dernières années. En plus de ces chiffres officiels d’expulsion, environ 8 000 Haïtiens supplémentaires se sont « portés volontaires » pour retourner au Mexique en septembre 2021, selon le secrétaire du département de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), jusqu’à la fin du mois de janvier 2022, l’administration Biden a expulsé 19 189 Haïtiens via des vols quasi quotidiens vers Port-au-Prince et Cap-Haïtien. Les dix vols supplémentaires, du 1er février au 18 février dernier, ont porté le nombre total de personnes expulsées à 20 200. Ce nombre à coup sûr continuera d’augmenter.

Retour sur le nombre d’expulsions des administrations précédentes

L’administration Bush a déporté 9 100 Haïtiens – dans un contexte d’augmentation des expulsions à la suite des attentats du 11 septembre 2001 et de militarisation des frontières plus généralement. Durant les années Bush, les garde-côtes américains ont interdit et renvoyé des centaines d’Haïtiens capturés en mer – mais rien à voir avec le nombre qui avait été interdit dans les années 1990.

L’administration Trump a expulsé 6 150 Haïtiens. Un peu plus de 2 800 de ces expulsions ont eu lieu au début de 2017, suite à la décision de l’administration Obama d’étendre les expulsions vers Haïti en octobre 2016. Sur les 5 567 Haïtiens expulsés au cours de l’exercice 2017, un total de 2 737 ont été expulsés par l’administration Obama entre octobre 2016 et janvier 2017. Les autres expulsions cette année-là se sont produites de février à avril et reflètent plus précisément un suivi de la politique d’Obama.

L’administration Obama a expulsé 6 670 Haïtiens sur une période de 8 ans. Comme indiqué ci-dessus, 40 % de ces renvois ont eu lieu au cours des quatre premiers mois de l’exercice 2017. Le Statut de protection temporaire (TPS en anglais) a été renommé pour Haïti par l’administration Obama en 2011 – un an après le tremblement de terre qui a détruit Port-au-Prince en janvier 2010. Bien que le TPS soit en place et que le pays soit en ruine, les expulsions se sont poursuivies pour les nouveaux arrivants et les soi-disant «déportés criminels» qui n’étaient pas éligibles au TPS. Les déportations ont été condamnées par les Nations unies et d’autres institutions internationales.

L’augmentation massive des déportations à partir de 2016 a coïncidé avec l’augmentation des arrivées d’Haïtiens près de San Diego, et se voulait alors (comme aujourd’hui) comme un moyen de dissuasion. Les Haïtiens arrivant à San Diego par milliers quittaient pour la plupart le Brésil où beaucoup avaient émigré après le tremblement de terre de 2010. Ils ont été pour la plupart bloqués à la frontière, car l’administration Obama a institué son système de « comptage », qui a obligé les Haïtiens à rester au Mexique, en attendant qu’ils soient appelés par leur numéro. Certains attendent encore, rapporte le Quixote Center, qui somme l’administration Biden d’arrêter l’expulsion des Haïtiens.

Au moins 85% de ces expulsions ont eu lieu en utilisant les politiques du Titre 42 – un ordre de santé publique émis sous l’administration Trump permettant au département de la Sécurité intérieure d’expulser des personnes sans aucune possibilité de sélection d’asile.

« Haïti est au milieu d’une détérioration de la crise politique, climatique et économique. En fait, les Haïtiens sont désormais confrontés au défi complexe de l’augmentation de l’insécurité alimentaire, de la malnutrition, des épidémies de maladies d’origine hydrique et de la forte vulnérabilité aux risques naturels, qui ont tous été exacerbés par la pandémie de Covid-19. … Haïti ne peut tout simplement pas accepter en toute sécurité le rapatriement de ses ressortissants, c’est pourquoi nous sommes si profondément préoccupés par les renvois et les expulsions à grande échelle d’individus vers Haïti. À cette fin, nous craignons que l’utilisation par l’administration de l’autorité du Titre 42 ne prive les demandeurs d’asile légitimes de la possibilité de faire valoir leurs droits, contrairement à nos obligations en vertu du droit international et national », ont écrit le 16 février dernier des élus de la Chambre des représentants et du Sénat, appelant l’administration Biden à suspendre les expulsions vers Haïti.

 

 

 

 

 

Source: Le Nouveliste

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