Plus de six millions gallons distribués, la demande ne baisse pas
En six jours, le terminal pétrolier de Varreux a livré à lui seul plus de six millions de gallons de diesel et de gasoline sur le marché local. Les camions-citernes se bousculent pour se remplir à Varreux qui fonctionne à plein régime. Il est cependant difficile de trouver du carburant dans le pays notamment dans l’aire métropolitaine. Des stations d’essence restent fermées. Dans celles où on distribue le carburant, c’est l’anarchie totale. Où sont donc passés ces millions de gallons de produits pétroliers… ?
Les chiffres rendus publics par le terminal pétrolier de Varreux sont clairs. Le marché n’est pas en manque de produits pétroliers. Cependant il est toujours très compliqué pour la population de s’approvisionner dans les stations-service sept jours après la reprise des activités au terminal de Varreux.
Vendredi dernier, tout juste après l’annonce de la trêve des bandits armés qui avaient empêché le fonctionnement de Varreux, 92 camions-citernes ont pu quitter le terminal pétrolier avec 460 000 gallons de diesel et 210 000 gallons de gasoline. Le jour suivant, soit le samedi 13 novembre, 140 camions ont quitté le terminal avec 570 000 gallons de diesel et 500 000 gallons de gasoline.
Varreux a livré, le dimanche 14 novembre, du carburant à 149 camions-citernes, soit 656 674 gallons de diesel, 10 000 gallons de kérosène et 480 900 gallons de gasoline.
Le lundi 15 novembre, Varreux a livré 594 646 gallons de diesel, 437 164 gallons de gasoline et 12 001 gallons de kérosène à 150 camions-citernes.
Le mardi 16 novembre, 145 camions-citernes ont quitté le terminal pétrolier de Varreux avec exactement 551 988 gallons de diesel et 454 820 gallons de gasoline.
À la question de savoir pourquoi les gens continuent de se battre dans les stations d’essence alors que Varreux met sur le marché des millions de gallons de carburant, David Turnier, président de l’Association nationale des distributeurs de produits pétroliers (ANADIPP) est resté dubitatif. « C’est la première fois que le pays vit une pareille asphyxie de carburant. Peut-être que le trou à combler est tellement profond qu’on a des difficultés à stabiliser le marché », a-t-il avancé au Nouvelliste.
Interrogé sur les stations-service qui gardent leurs portes fermées, M.Turnier a indiqué que certains propriétaires de stations d’essence n’ont pas de personnel adéquat pour faire face à cette pression constatée dans les autres stations d’essence. « Cependant d’autres stations fonctionnent dans des conditions extrêmement difficiles », a-t-il fait remarquer.
Pour le président de l’ANADIPP, c’est la situation d’insécurité à Martissant qui empêche le terminal de Thor d’approvisionner les stations-service à Port-au-Prince.
« Si les bateaux tanker continuent d’approvisionner les terminaux, si le terminal Varreux continue de fonctionner sans blocage, si la route de Martissant-Fontamara est libérée, la situation va s’améliorer… », a argué David Turnier.
Pour sa part, le président de l’Association des propriétaires de stations-service (ANAPROSS), Marc-André Dériphonse, croit que la plupart des gens qui se battent dans les stations d’essence avec les gallons jaunes vont stocker le carburant pour faire du marché noir, attirant l’attention sur un grand danger qui menace la vie des gens quand les stations d’essence reçoivent le carburant des camions-citernes.
En effet, ces derniers jours à Port-au-Prince et dans les villes de province, plusieurs stations d’essence ont enregistré des incendies pendant la distribution.
Le gouvernement visiblement dépassé par cette situation d’anarchie dans les stations-service interdit la vente de produits pétroliers dans des récipients. « Le ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI), dans le souci de faciliter une distribution équitable et disciplinée des produits pétroliers sur toute l’étendue du territoire national, avise les propriétaires de stations d’essence en particulier et les consommateurs en général qu’à partir du mercredi 17 novembre en cours, toute vente de gazoline et de diesel dans des récipients est formellement interdite », lit-on dans un communiqué.
« Les institutions publiques et privées nécessitant un approvisionnement desdits produits sur place devront faire accompagner leurs représentants d’un mémo de commande dûment scellé et signé par une personne autorisée », précise le communiqué.
Le ministère du Commerce et de l’Industrie rappelle aussi que, conformément à la loi du 20 décembre 1946 sur la spéculation illicite (marché noir) et au décret du 25 novembre 2020 relatif à la vente sur la voie publique des produits tels que la gasoline et le diesel, il est formellement interdit l’achat et la vente de produits tels que la gazoline et le diesel en gallon et tout autre récipient inapproprié. « Les autorités compétentes séviront avec la dernière rigueur contre tous les contrevenants à la loi », prévient le ministère.
Source: Le Nouveliste