Réduction des activités bancaires, quelles conséquences et quelle autre lecture ?
L’actualité reste dominée par cette descente aux enfers des activités économiques en Haïti. La dernière note de l’Association Professionnelle des Banques (APB) relative à ce nouvel horaire de fonctionnement des succursales des banques vient de le confirmer encore. Cette note nous a beaucoup interpellés ; de laquelle nous avons une autre lecture par rapport à ce que représente le système bancaire pour le pays. En fait, c’est le seul secteur qui résistait face à ces graves crises dans le pays, en témoignent certaines informations recueillies dans la note sur la politique de la Banque centrale publiée récemment. En effet, cette note parle d’une évolution favorable du résultat net et de la rentabilité du système bancaire au 31 août 2021, avec :
- une hausse de 8 % de l’actif du système par rapport au 3ème trimestre 2021
- une augmentation de 6% des dépôts au niveau des banques qui sont passés d’environ 394 milliards de gourdes au 30 juin à environ 416 milliards de gourdes au 31 août 2021
- une progression de 4,4 % du produit net bancaire pour l’exercice 2021 par rapport à l’année dernière
- et, entre autres, en dernier lieu, une augmentation de plus de 21% du bénéfice net cumulé du système bancaire, au cours du 4e trimestre de l’exercice écoulé, qui a atteint 7 milliards 600 millions de gourdes, contre 6 milliards 300 millions de gourdes enregistré un an plus tôt.
Donc, comme on le disait au début, la dernière note de l’APB relative à ce nouvel horaire de fonctionnement des succursales des banques commerciales ne manquera pas d’avoir des répercussions négatives sur ces indicateurs du système que l’on vient de présenter. De plus cette décision nous a beaucoup interpellée, puisque :
- on croyait que ces grands acteurs du secteur privé pouvaient de préférence faire pression sur les autorités en vue de rétablir l’ordre et la sécurité dans le pays, pour que les entreprises puissent reprendre leurs activités normalement et pour que la vie économique reprenne, mais ils préfèrent de s’adapter à la situation en réduisant leurs activités économiques.
- cette mesure va aussi, et entre autres, impacter négativement la capacité de certains entrepreneurs ou acteurs de la classe moyenne, comme les sous-agents de transferts, à s’approvisionner quotidiennement en liquidité (gourdes) en vue de fournir des services adéquats aux bénéficiaires des transferts de la diaspora.
Une décision qui, dans une certaine mesure, envoie vraiment un mauvais signal.
Riphard Serent, MPA
Economiste