Le terminal pétrolier de Varreux toujours bloqué par les groupes armés

Impossible pour les transporteurs de produits pétroliers de se rendre au terminal de Varreux depuis dimanche dernier. Ce lundi 25 octobre, encore les groupes armés qui contrôlent la zone ont barricadé tous les axes routiers qui conduisent au terminal. Tôt ce lundi, des tirs d’armes automatiques ont été entendus dans la zone jusqu’à  midi et les employés ne pouvaient pas accéder à leur poste au terminal, a appris Le Nouvelliste

« Au moment où  je vous parle (NDLR : lundi 25 octobre 12h10 am), il y a beaucoup de tirs dans la zone, ce qui nous empêche de travailler. Nous n’avons même pas accès au terminal. Les routes qui conduisent au terminal sont toujours bloquées », a confié au Nouvelliste un haut cadre au terminal de Varreux, soulignant que depuis dimanche la police tente en vain de reprendre le contrôle de la zone.

« Pas un seul camion-citerne n’a pu quitter le terminal hier dimanche. Pour ce lundi on doit encore attendre. La première chose à faire c’est de débloquer la zone pour que les camions puissent passer. Après il y a toujours le risque que les gens armés ouvrent le feu sur les camions… Mais ce risque existait toujours… », a avancé notre contact au terminal de Varreux.

Selon notre interlocuteur, le terminal de Varreux a actuellement en réserve environ 25 000 barils de gazoline et plus de 50 000 barils de diesel qui représente une consommation de deux à trois jours pour le pays.

Une cargaison de produits pétroliers arrivée à Port-au-Prince le week-end dernier n’est pas encore en mesure de livrer ses produits au terminal de Varreux à cause de la situation délétère qui règne dans la zone, déplore notre source sur place au terminal.  Le bateau a déjà livré du carburant au terminal de Thor, précise-t-il.

L’Association des chauffeurs de produits pétroliers qui avait observé un arrêt de travail la semaine dernière pour exiger de la sécurité sur les routes indique avoir levé la grève. Cependant, l’Association affirme qu’elle ne pourra pas recommencer à travailler dans les conditions actuelles à Varreux.

Le Nouvelliste a contacté en vain ce lundi le porte-parole de la police nationale sur les dispositions prises pour faciliter l’accès au terminal de Varreux.

Partout à travers le pays, les stations d’essence sont fermées depuis plusieurs semaines, certaines depuis des mois. Les gangs armés qui contrôlent une bonne partie du territoire, notamment à Port-au-Prince, bloquent les axes routiers qui conduisent aux terminaux pétroliers  et empêchent l’approvisionnement des stations de service. Une situation qui a déjà de graves conséquences sur des institutions comme les hôpitaux, les médias, les compagnies de télécommunications, entre autres.

Dans un communiqué publié le 24 octobre, les agences humanitaires des Nations Unies opérant en Haïti se disent extrêmement préoccupées par l’aggravation de la crise résultant des barrages routiers qui empêchent la livraison de carburant. Les hôpitaux et les centres de services médicaux sont particulièrement touchés, souligné l’ONU.

« Des vies sont susceptibles d’être perdues en Haïti si les livraisons de carburant ne parviennent pas immédiatement aux hôpitaux », selon le coordinateur humanitaire par intérim des Nations unies dans le pays, Pierre Honnorat.

Les hôpitaux de la capitale, Port-au-Prince, et d’autres villes du pays font état de réserves extrêmement faibles de carburant nécessaire à l’alimentation des génératrices qui assurent le fonctionnement des services, ajoute le communiqué de l’ONU.

La pénurie de carburants affecte aussi considérablement les opérations de Médecins sans frontières (MSF) en Haïti. « Si la situation perdure, l’hôpital de Traumatologie/Grands Brûlés de Tabarre à Port-au-Prince, qui reçoit en moyenne 155 patients par mois, risque de devoir réduire ses activités et restreindre ses critères d’admission dans les prochains jours », souligne l’organisation humanitaire dans un communiqué.

C’est la même situation pour le Centre d’urgence de MSF de Turgeau, logé dans les locaux du CDTI sur l’avenue Charles Sumner.

Par ailleurs, la pénurie de carburant affecte aussi les compagnies de télécommunications et les médias du pays. Communiquer via les téléphones portables ou utiliser l’internet devient de plus en plus difficile ces derniers jours.

La Digicel, la plus importante compagnie de téléphone mobile et d’internet du pays, qui contrôle plus de 75% du marché a fait savoir que sur ses 1 500 sites à travers le territoire, plus de 300 sont dysfonctionnels à cause de la pénurie de carburant.

Ce lundi 25 octobre, encore une fois, le pays est arrêt pour protester contre l’insécurité, le kidnapping et la pénurie de carburant. L’école, les transports en commun, les banques commerciales, le commerce privé et même des institutions publiques n’ont pas fonctionné.

 

 

 

 

Source: Le nouveliste

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