Haïti exclu du programme de visas américains H-2A et H-2B pour la 4e année consécutive
Le Département de la sécurité intérieure (DHS en anglais) a décidé récemment d’attribuer 6 000 visas supplémentaires de travailleur invité temporaire H-2B aux ressortissants du Guatemala, du Honduras et d’El Salvador pour l’année 2021. Dans un communiqué publié le 21 mai dernier, l’administratrice de l’Agence américaine pour le développement international (U.S. Agency for International Development, USAID), Samantha Power, a salué cette décision qui, selon elle, élargit les voies légales de protection et d’opportunités pour les travailleurs de ces pays, tout en aidant à répondre aux besoins critiques de main-d’œuvre temporaire aux États-Unis. Les visas H-2B permettent aux travailleurs non agricoles de travailler légalement aux États-Unis pendant une période limitée.
Contrairement à ces trois pays d’Amérique centrale, la République d’Haïti, pour la 4e année de suite, ne fait pas partie de la liste des pays dont les ressortissants sont éligibles pour participer aux programmes de visa H-2A et H-2B en 2021. Une absence qui remonte à 2018 lorsque l’administration Trump avait décidé que les fermiers et autres travailleurs haïtiens ne sont plus éligibles à l’obtention du visa « travailleur invité » à travers le programme fédéral H-2A et H-2B.
Le taux extrêmement élevé de refus, le niveau élevé de fraude et d’abus, le niveau élevé de séjours prolongés au-delà du temps fixé dans le cadre de l’admission H-2 ont été mis en avant à l’époque par le DHS pour expliquer la présence d’Haïti sur la liste des pays exclus pour 2018 qui « ne sont plus dans l’intérêt des Etats-Unis ».
Par ailleurs, des pays comme la République dominicaine et le Paraguay, par exemple, sont éligibles pour participer au programme H-2A mais ils ne sont pas éligibles pour participer au programme H-2B.
Les programmes de visa H-2A et H-2B permettent aux employeurs américains d’amener des ressortissants étrangers aux États-Unis pour occuper respectivement des emplois agricoles et non agricoles temporaires.
Haïti a intégré en 2012 cette liste de pays dont les ressortissants sont autorisés à demander des visas H-2A (travailleurs temporaires agricoles) et H-2B (travailleurs temporaires non agricoles) en vue d’obtenir un emploi de courte durée aux États-Unis.
Le chef de l’État d’alors, en la personne de Michel Joseph Martelly, via un communiqué, avait accueilli avec satisfaction la décision officielle du gouvernement américain d’accorder à nouveau les visas H-2A et H-2B aux ouvriers haïtiens désireux de travailler aux États-Unis d’Amérique. La présidence haïtienne tablait à l’époque sur un revenu supplémentaire de 400 millions de dollars sur une période de dix ans moyennant l’arrivée de 2 000 travailleurs haïtiens aux États-Unis dans les services de base et dans l’agriculture.
Selon les données du DHS, citées par l’agence Reuters, seules quelques dizaines d’Haïtiens sont parvenus à entrer aux États-Unis avec ces visas les années ayant suivi l’intégration d’Haïti à ce programme par l’administration Obama en 2012.
« Soixante-cinq Haïtiens sont entrés aux États-Unis avec des visas H-2A, octroyés pour des travaux agricoles, au cours de l’exercice 2016, selon les données du DHS, et 54 Haïtiens ont obtenu des visas H-2A entre mars et novembre 2017. Le nombre d’Haïtiens entrant en 2016 avec des visas H-2B, qui sont pour un travail saisonnier non agricole, était supérieur à zéro mais trop faible pour être signalé, selon le DHS », a rapporté l’agence Reuters en 2018.
D’après un document de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), intitulé « Facilitation de la migration temporaire de travailleurs saisonniers haïtiens aux États-Unis grâce au programme H-2 visa », qui date d’octobre 2014, ce programme fédéral américain est susceptible d’avoir un impact économique certain sur les familles haïtiennes.
« Chaque travailleur H-2 admis augmenterait le revenu de sa famille de 19 000 dollars américains par an. Ce revenu supplémentaire s’explique par la différence importante entre les rémunérations aux Etats-Unis et en Haïti. Le salaire moyen agricole, non qualifié, en Haïti oscille légèrement au-dessus de 1 000 dollars américains par an, tandis qu’il est d’environ 20 000 dollars américains par année aux États-Unis pour un travailleur H-2A », peut-on lire dans ce document dont la rédaction a pris connaissance.
En règle générale, ces revenus permettent entre autres à ces travailleurs de construire leur maison, de payer la scolarité de leurs enfants pendant une année, tandis que ce programme permet à des centaines de fermiers, d’hôteliers et autres propriétaires d’entreprises d’employer des milliers de travailleurs saisonniers étrangers.
Les travailleurs étrangers qui bénéficient des visas H-2A et H-2B jouissent des droits des travailleurs américains, y compris assurance contre les accidents, la rémunération équitable, le logement et les transports, comme l’exige la loi.
Toujours selon ce document de l’OIM, ce programme ne devrait avoir qu’un impact limité sur la mobilité de la main-d’œuvre haïtienne, et la probabilité que l’éligibilité au visa H-2 contribue à la migration irrégulière est très faible.
« L’éligibilité d’Haïti au programme de visas H-2 ne causerait qu’un changement minime aux mouvements migratoires entre Haïti et les États-Unis. Cela n’entraînera pas de « fuite de cerveaux », et il n’aura aucun changement important dans le nombre de personnes entrant aux États-Unis […] Malgré un avantage économique énorme, cela ne changerait que modestement le nombre de visas délivrés aux Haïtiens chaque année », a poursuivi l’OIM.
Le processus de demande du visa de travail H-2 doit être lancé par un employeur basé aux États-Unis. Selon la loi américaine, celui qui embauche doit payer tous les frais C’est un processus très contrôlé. L’employeur doit faire une pétition pour l’immigrant qu’il désire embaucher. À travers cette pétition, celui-ci doit expliquer le bien-fondé de son choix.
Source: Le Nouveliste