L’ONI ne dispose que de 10 jours pour livrer plus de cinq millions de cartes d’identification
Si le gouvernement devait appliquer le décret sur le Numéro d’identification nationale unique et la Carte d’identification nationale, à partir du 16 octobre prochain, plus de cinq millions d’Haïtiens seraient en contravention avec la loi et pourraient avoir à payer une amende. Sur les 6,8 millions d’Haïtiens en âge d’avoir la nouvelle carte d’identification, l’ONI n’a déjà livré que 1.6 millions cartes.
Selon l’article 25 du décret sur le Numéro d’identification nationale unique et la Carte d’identification nationale : « A partir du 16 octobre 2020, toute personne surprise sans carte d’identification nationale émise conformément aux dispositions du présent décret ou sans passeport en cours de validité est passible d’une amende équivalant à cinq pour cent de son revenu mensuel ou du salaire minimum mensuel pour les personnes sans emploi, sur procès-verbal dressé par un officier de police, prononcée séance tenante et toutes affaires cessantes par le tribunal compétent. »
« Le cas échéant, le montant correspondant au pourcentage prévu au premier alinéa est fixé à dire d’expert », a précisé l’article.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans le chapitre « observations » de son dernier rapport au Conseil de sécurité sur Haïti, a fait savoir que « Au 26 août, l’Office national d’identification, qui a récemment bénéficié d’une enveloppe de 4,3 millions de dollars pour accélérer le rythme d’inscription sur les listes, avait inscrit quelque 2,7 millions de citoyens sur un nombre total d’Haïtiens en âge de voter estimé à 6,8 millions, et délivré 1,6 million de cartes d’identité biométriques. »
A environ dix jours de la date butoir pour l’application de l’article 25 du décret sur la Carte d’identification nationale, les autorités haïtiennes n’ont encore rien dit sur la rentrée en vigueur ou pas de ce décret.
Le Nouvelliste a tenté en vain à maintes reprises d’entrer en contact avec le directeur général de l’ONI, Jude Jacques Elibert.
Par ailleurs, il faut rappeler que le directeur général des Archives nationales d’Haïti, Wilfrid Bertrand, a fait savoir au Nouvelliste qu’environ trois millions d’Haïtiens de zéro à x années n’ont pas d’acte de naissance sur le territoire national. Ce qui veut dire que le quart de la population n’est enregistré nulle part et n’existe pas officiellement.
« Le système est complètement dépassé. Les officiers d’état civil sont dans les villes alors que bon nombre de la population vit éloigné des centres-villes. Il y a aussi un grand désordre dans le système. C’est donc un concours de causes qui rend le système totalement dysfonctionnel, et beaucoup plus de gens ne seront pas enregistrés », avait expliqué au Nouvelliste le directeur général des Archives nationales.
Source: Le Nouvelliste