Les promesses de Joe Biden aux Américains d’origine haïtienne

En visite à Little Haiti (Miami) le lundi 5 octobre 2020, l’ancien vice-président américain et actuel candidat démocrate à la Maison-Blanche, Joe Biden, s’est livré à une véritable opération de charme pour courtiser le vote des électeurs Américains d’origine haïtienne qui, selon lui, peuvent être décisifs dans l’élection du prochain président américain. Le démocrate a profité de cette visite éclair pour dévoiler ses principales priorités pour Haïti et les Haïtiens-Américains, s’il est élu. Il promet notamment de garantir le maintien du statut de protection temporaire (TPS) auquel son rival républicain s’acharne à mettre une fin.

 

 

La visite de Joe Biden à Little Haiti, rythmée de sons de vaccine et de rara, coïncide avec le dernier jour d’inscription sur les listes électorales pour les électeurs de l’État de Floride, souligne un article du Miami Herald paru lundi résumant l’essentiel du discours d’une durée de huit minutes et 46 secondes durant lequel le candidat démocrate revient sur la nécessité pour les électeurs Américains d’origine haïtienne notamment de participer au scrutin du 3 novembre prochain.

S’adressant à l’assistance venue l’écouter au centre culturel de Little Haiti, Joe Biden a estimé que si le taux de participation était le même qu’en 2016, la communauté haïtienne-américaine de Floride elle-même a le potentiel de déterminer l’issue de la course présidentielle du 3 novembre prochain.

Pour la campagne de Biden, la course électorale en Floride est très serrée et peut décider de l’issue du scrutin par seulement 1% des voix. En effet, le journal The Haitian Times a cru bon de rappeler que le président Donald Trump a remporté la Floride par moins de 113 000 voix en 2016, remportant 29 votes convoités au collège électoral. On estime qu’en Floride, il y a environ 300 000 électeurs haïtiens-américains inscrits sur les listes électorales.

Peu avant sa visite à Little Haiti, le candidat démocrate à la présidence a déclaré dans un communiqué de presse qu’investir dans la prospérité et la sécurité d’Haïti est dans l’intérêt de la sécurité nationale des États-Unis, rapporte The Haitian Times. Le média poursuit en citant la campagne de Biden qui a également énuméré les priorités du candidat envers les Haïtiens-Américains en matière d’immigration, y compris protection contre la déportation pour les quelque 55 000 titulaires du TPS, ainsi que d’autres priorités nationales, telles que les soins de santé, faisaient partie des plans généraux de l’équipe démocrate pour les communautés de couleur, et enfin en matière de politique étrangère envers Haïti, l’administration Biden-Harris préconiserait des partenariats entre la communauté internationale, la société civile haïtienne et les Haïtiens-Américains.

La campagne Biden promet d’arrêter les expulsions des Haïtiens au cours de ses 100 premiers jours, de revoir immédiatement la décision de l’administration Trump de mettre fin au TPS, d’offrir une voie d’accès à la citoyenneté pour les titulaires de TPS et de rétablir le programme de libération conditionnelle pour le regroupement familial haïtien.

«Le TPS m’a permis de reconstruire ma vie et de poursuivre mes rêves», a déclaré à The Haitian Times Farah Larrieux, 41 ans, titulaire d’un TPS à Miramar, en Floride, qui dirige une société de communication. «Nous avons besoin d’une administration qui comprenne que les bénéficiaires du TPS paient leurs impôts, ils ont contribué au développement de ce pays. »

Selon le Miami Herald, la campagne de Biden, avec cette visite du candidat, a cherché à compenser le malaise suscité par son colistier, Kamala Harris, qui n’a pas réussi à rencontrer les dirigeants haïtiens-américains lors d’une table ronde en septembre dernier avec des dirigeants noirs. Un article du journal floridien avait alors relaté la frustration des électeurs haïtiens-américains qui à l’époque se sont sentis négligés, estimant que Biden cherchait à séduire les électeurs hispaniques à leurs dépens.

Les invités, qui ont été intentionnellement limités en raison de la pandémie de COVID-19, étaient des élus Haïtiens-Américains du comté de Miami-Dade ainsi que la représentante de l’État Dotie Joseph, la Représentante Frederica Wilson, le Dr Larry Pierre et le Dr Jean -Philippe Austin et sa femme Magalie, a relevé le Miami Herald.

Durant son allocution, Joe Biden n’a pas évoqué la politique haïtienne préférant interpeler les Haïtiens-Américains sur la situation actuelle aux États-Unis, dont la pandémie de COVID-19.

« Les Haïtiens, qui espéraient le soutien de Biden sur un gouvernement haïtien de transition, pourraient être déçus d’apprendre que dans le cadre de la politique de Biden sur Haïti, lui, comme l’administration actuelle, dit également qu’il veut des élections en Haïti «dès que possible», rapporte le Miami Herald sur ce qui est la vision de la politique étrangère de Biden sur Haïti.

« Le président haïtien Jovenel Moïse fait l’objet de manifestations antigouvernementales depuis son entrée en fonction en février 2017, sous le spectre de la fraude électorale. Son administration et son opposition sont en désaccord sur le moment où Moïse devrait quitter ses fonctions, en vertu de la Constitution haïtienne », relate The Haitian Times citant une annonce de la campagne de Biden assurant que si ce dernier était élu, il exhorterait la communauté internationale à travailler avec le gouvernement haïtien pour organiser des élections dès que possible.

« Veiller à ce que le peuple haïtien soit traité avec dignité et mettre en œuvre une surveillance efficace du financement du gouvernement américain en Haïti sont deux autres priorités répertoriées par la campagne de Biden. Le groupe note également la nécessité de travailler en partenariat avec la société civile et la communauté haïtienne-américaine, pour s’assurer que l’argent va directement à l’aide au peuple haïtien», ajoute The Haitian Times.

Pour la campagne du candidat démocrate, la description aux détails près de la façon dont l’administration Biden-Harris profiterait aux Haïtiens si elle était élue constitue une première pour tout candidat à la présidentielle américaine.

La dernière visite de Biden à Little Haiti remonte à 2010 lorsqu’il était venu pour y rencontrer les dirigeants de la communauté haïtienne après le tremblement de terre du 12 janvier pour annoncer la désignation du TPS par le président Barack Obama pour les ressortissants haïtiens éligibles en raison de la catastrophe dévastatrice.

Quant à Donald Trump, il a fait campagne pour la dernière fois à Little Haiti en septembre 2016, auprès d’un groupe restreint d’Haïtiens, dont beaucoup à l’époque, étaient frustrés et en colère face à l’implication des Clinton en Haïti après le séisme. A l’époque, le candidat Trump s’était  engagé à être le «plus grand champion» des électeurs haïtiens. Depuis son entrée en fonction, le président a qualifié Haïti de «shithole country» (pays de merde), a cherché à mettre fin au TPS, a mis fin au programme de réunification des familles haïtiennes et, pendant la pandémie, a expulsé des Haïtiens qui ont ensuite été testés à Port-au-Prince positifs au Covid-19.

 

 

Source: Le Nouvelliste

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