Des professeurs de l’UEH accusent le gouvernement haïtien, la direction de l’ENS appelle à la mobilisation

« La responsabilité de cet acte odieux incombe au gouvernement de la République qui, encore une fois, donne à la fois la preuve de son mépris du droit d’exister, des revendications de tous les secteurs de la vie nationale et de son incompétence à y répondre ». C’est la position d’une centaine de professeurs de l’Université d’Etat d’Haïti qui, dans une note acheminée, samedi 3 octobre, à la rédaction, disent « condamner avec véhémence » l’attaque orchestrée à l’Ecole normale supérieure par les agents de sécurité du Palais national ayant lâchement assassiné, d’une balle au dos, l’étudiant Grégory Saint-Hilaire, dans la soirée du vendredi.

Pour ces professeurs, se regroupant sous le label : « Association des professeurs de l’Université d’Etat d’Haiti (APUÉH), rien ne justifie cet acte inqualifiable qui a coûté la vie à ce jeune qui poursuivait également des études de droit à la Faculté de droit et des sciences économiques de l’UEH. « En toute circonstance, les forces de l’ordre, toutes les unités de la PNH, quelle que soit leur mission, doivent faire preuve de retenue », soulignent-ils, avant de déplorer également l’incendie déclaré à la bibliothèque de la même institution au lendemain du crime.

« Une telle barbarie n’a pas de précédent. Rien de tel ne s’est produit, en plus de trente ans de mouvements revendicatifs et sociaux dans le milieu universitaire haïtien », rappelle les professeurs qui, dans leur note de protestation, dénoncent « ce gouvernement qui s’en prend à l’université, à des étudiants et à des professeurs représente une menace pour toute la nation ». Les professeurs exigent que justice soit rendue à la victime et à sa famille.

Pour les signataires de la note, le gouvernement haïtien met en péril la vie de tous les haïtiens, les ressources sures (déjà en manque) de ce pays, l’une des bibliothèques les plus riches d’Haïti.  En ce sens, ils appellent la population haïtienne à se réveiller afin de mettre un terme à cette situation. « Encore une fois, nous n’avons plus de comptes à demander à ce pouvoir qui, de fait et légalement, ne bénéficie plus de la légitimité populaire. Aujourd’hui comme après son départ, Haïti doit continuer d’exister et d’espérer des lendemains meilleurs », expriment les professeurs, visiblement révoltés par la réalité.

La direction de l’ENS appelle à la mobilisation de toute la communauté universitaire et toute la nation

De leur côté, les dirigeants de l’Ecole normale supérieure se disent affectés par l’assassinat de l’étudiant, dans l’enceinte de l’institution par les agents de l’USGPN. Les responsables de l’ENS rappellent que, plus d’une fois, les agents de cette unité exerçant de la « brutalité » à l’endroit des personnes, (notamment des professeurs et étudiants) fréquentant l’institution se positionnant à quelques enjambées du Palais national.

« En moins d’un an, le 20 novembre 2019, le 13 mars 2020 et le 2 octobre 2020, des violences ont été exercées contre l’institution et ses usagers, à chaque fois, avec plus de virulence jusqu’à la mort de Grégory Saint-Hilaire. Cet acte crapuleux a été commis de façon délibérée, en toute quiétude, assurés que sont les agents de leur impunité » soulignent les professeurs Bérard Cénatus, Alvarès Louis et Dieuseul Prédélus, membres du Conseil de Direction de l’ENS.

Les dirigeants de l’ENS, évoquant la banalisation des crimes dans les quartiers populaires, les maisons privées, comme dans l’enceinte d’un espace universitaire, appellent la communauté universitaire et toute la nation haïtienne à mobiliser afin que la justice puisse (particulièrement) rendue à l’étudiant victime ainsi que sa famille, tout en mettant un terme à ce qu’ils qualifient de « régime sanguinaire ».

 

 

 

 

Source: Le Nouvelliste

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