Le port de masque complique la vie des élèves !

Le port de masque obligatoire pour la relance des activités scolaires. C’est d’ailleurs, l’une des consignes strictes faisant partie du protocole sanitaire et pédagogique élaboré par le ministère de l’Éducation nationale, de concert avec le ministère de la Santé publique. Cependant, cette mesure visant à contenir la propagation de la Covid-19, semble venir compliquer davantage la vie des élèves, notamment les plus jeunes dans cette canicule intense de l’été, constate Haiti Press Network.

Si certaines personnes cherchent jusqu’ici, tant bien que mal, à s’adapter à la nouvelle manière de vivre en société depuis quelques mois, en faisant la prudence dictée par la nouvelle norme, pour les enfants, peu soucieux des réalités, ce n’est pas la hantise du nouveau coronavirus qui va changer d’un coup leur mode de vie. Ce, peu importe le prix à payer, même si apparemment, ils se montrent très heureux de reprendre le chemin de l’école après avoir passé, de façon forcée, le maximum de leur temps coincés sous le toit de leur demeure.

D’autant plus qu’ils sont la seule catégorie de la société qui a vraiment été en confinement, passant environ 5 mois à la maison, tout en ignorant cette expérience de port de masque.

« Je ne peux pas respirer. Il fait chaud en plus. J’ai l’impression que je vais mourir par asphyxie. Le masque obstrue mes principales voies de respiration (bouche et nez). Cela m’empêche de suivre normalement les cours en classe. C’est compliqué », déclare Naéphise un peu essoufflée à l’Agence de presse en ligne HPN.

Néanmoins, cette élève du secondaire 4, est très loin d’être la seule à n’être pas capable de tolérer à longueur de journée le masque qu’est une nouvelle mode de vie imposée par la pandémie liée à la Covid-19. Rinaldy, élève du secondaire 2 dans un lycée de la capitale, exprime également la même préoccupation. Il a, comme beaucoup d’autres élèves, du mal à porter le masque pendant qu’il suit les cours.

« Durant tout le temps passé chez moi, en jonglant une vie entre les quatre murs de ma chambre, le salon, la salle à manger et le toit de la maison pour essayer de respirer de l’air frais, je n’ai jamais porté un masque. Je suis à ma deuxième semaine de cette mauvaise expérience en classe. Ça m’ennuie sérieusement », nous laisse entendre ce jeune homme, lequel nous a avoué avoir tenté de porter le masque uniquement que lorsqu’il est en salle de classe.

« Je me sens libéré seulement quand je quitte la barrière de l’école. Je me sens bien sans le masque au visage dans la rue et/ou à la maison. J’ai vraiment du mal à m’adapter à cette chose que j’ai l’habitude de voir au visage des personnels médicaux en pleine activité », nous balance Rinaldy.

Pire pour les plus jeunes

Pour les enfants les plus jeunes, cela devient encore plus qu’une complication. Nombreux sont ceux qui éprouvent certainement du mal à porter le cache-nez pendant quelques minutes, voire des heures durant en salle de classe, observons-nous.

« Je ne comprends pas trop pourquoi maman me met ça au visage. Pour ne pas mourir par le coronavirus en parlant avec mes camarades de classe ? Je ne me sens pas malade », marmonne la petite Naïca, élève de 4e année fondamentale qui fréquente une école nationale à Pétion-Ville.

Même les adultes éprouvent des difficultés énormes avec le masque. Alors confectionné pour couvrir la bouche et le nez afin de se protéger contre l’inhalation d’éventuels postillons venant des autres et protéger les autres des siens, des enseignants et enseignantes en plein exercice enseignement/apprentissage, préfèrent plutôt garder les leurs sous leur menton, remarquons-nous.

En ce qui a trait à la distance physique que conseille également le protocole sanitaire du MENFP, si un effort semble être fait pour la respecter en salle de classe au niveau de certains établissements scolaires qui se respectent, cette mesure est toutefois loin d’être une constance une fois que les apprenants se trouvent sur la cour et/ou dans les rues. D’ailleurs, nombreux sont des élèves remarqués dans la rue sans le masque.

Et là, les risques évidemment de contagion au coronavirus courent à belle vitesse surtout avec ces jeunes considérés comme des porteurs sains du virus. Sauf miracle qui puisse continuer à épargner la population de ce malheur qui nous frappe jusqu’à date peu ; par rapport à d’autres pays de la planète où la Covid-19 tue des gens en grand nombre au quotidien.

Les points de vue d’un spécialiste

Joint au téléphone par HPN à cette fin, ce mercredi 19 août, Dr Érold Joseph, directeur de « Santé scolaire » au ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), qui en a fait aussi l’observation au sein de la population scolaire, dit avoir cru que le port de masque notamment allait être compliqué pour les apprenants, surtout les plus jeunes.

« Même moi j’ai de grandes difficultés à accepter le masque au visage pendant longtemps », nous dit-il. Une façon pour lui de montrer qu’il comprend parfaitement bien les élèves qui éprouvent des sensations d’asphyxie en portant le masque.

Cependant, ce responsable pense qu’on ne pouvait ne pas conseiller le port du cache-nez parmi les mesures visant à combattre la propagation de la maladie, même si, ajoute-t-il, la distanciation sociale est beaucoup plus conseillée.

D’après Dr Joseph, le port de masque est une mesure anti-physiologique. Il empêche d’emmagasiner de l’oxygène, nécessaire à la santé. De ce fait, il préconise une association de ces deux mesures: le masque quand la distance physique (1 m) paraît presqu’impossible à respecter dans un quelconque espace.

« Je crois que la distance devrait être de 1 mètre et non de 1.50 mètre. Il y a déjà des difficultés pour respecter la distance de 1 mètre, vu la densité de la population en général, et la population scolaire en particulier », explique le médecin très impliqué dans la vie scolaire.

« D’autre part, poursuit-il, je crois qu’il est quasiment impossible de demander à un enfant de porter un masque en continu, durant 3 à 4 heures de classe. D’où l’importance de l’effectif et de la distanciation physique », insiste le professionnel de la santé.

Dr Érold Joseph dit avoir remarqué que certaines personnes tolèrent le masque plus que d’autres. Il y a par ailleurs, signale-t-il, la chaleur qui entre aussi en ligne de compte. Cependant, conseille Dr Joseph, il faut encourager son usage autant que possible, surtout quand il y a attroupement. Et surtout, il faut associer les différentes mesures en fonction des circonstances.

Source: HPN

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