Retour des Haïtiens de l’étranger : cafouillage au niveau gouvernemental

Depuis l’arrêté du 19 mars 2020 déclarant l’état d’urgence sanitaire sur le pays et interrompant entre autres, le traffic aérien, des milliers de ressortissants haïtiens se sont retrouvés bloqués à l’étranger du jour au lendemain. Les consignes pour faciliter leur retour continuent de pleuvoir. Après la note du ministère des Affaires étrangères fixant les conditions du retour des Haïtiens dans leur pays, une correspondance datée du 19 juin 2020, adressée au Ministre des Travaux public, transports et communications, par le Premier ministre Joseph Jouthe, a dicté de nouvelles dispositions prises en vue de faciliter le retour des compatriotes sur les vols dûment autorisés en faveur des compagnies aériennes.

 

Le Premier ministre passe outre des mesures du ministère des Affaires étrangères sans y prêter attention. Selon les dispositions du chef du gouvernement, toute ligne aérienne se charge de prendre à son bord tout passager détenteur d’une réservation de voyage ; aucune autorisation préalable du gouvernement n’est exigée pour l’embarquement d’un passager sur un vol à destination d’Haïti, cependant les ressortissants sont tenus de respecter les mesures prises par les autorités sanitaires haïtiennes, l’Organisation panaméricaine de santé (OPS) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les passeports de passagers seront gardés par les services de l’immigration durant le temps de la quarantaine, soit 15 jours.

Par rapport à ce dernier point mentionné dans la lettre du Premier ministre, le ministre des Travaux public, Transports et Communications, Nader Joaséus, a fait savoir, samedi 20 juin 2020, que la décision de garder les passeports des voyageurs est annulée. Après le ministre des Affaires étrangères c’est le Premier ministre lui-même qui se fait recadrer. Il faut dire que personne n’avait compris la nécessité de garder les passeports des Haïtiens à leur retour en Haïti. Selon des informations obtenues par Le Nouvelliste, des réunions sont en cours pour déterminer les dates et modalités pour une reprise graduelle des vols sur le territoire national avant la fin de ce mois de juin.

Les mesures de la Primature diffèrent nettement de celles comprises dans la note du 15 juin 2020, que le ministère des Affaires étrangères et des Cultes, avait acheminée aux chefs de missions diplomatiques et postes consulaires d’Haïti. Joint au téléphone, le directeur de cabinet du ministre, Wein Webert Arthus, a confié qu’« au niveau des Affaires étrangères, nous suivons les consignes de la Primature. La note que nous avions précédemment envoyé aux chefs de missions diplomatiques et postes consulaires d’Haïti, résultait d’une autre que la Primature avait prise. Néanmoins nous publierons une correspondance pour annoncer ces nouvelles mesures d’assouplissements la semaine prochaine », a-t-il-dit.

Interrogé sur les raisons qui justifient le rôle de premier plan que joue le ministère des Affaires étrangères dans cette question de retour des ressortissants haïtiens bloqués à l’étranger par rapport au ministère des Haïtiens vivant à l’étranger (MHAVE), le directeur de cabinet a affirmé : « le ministère des Affaires étrangères (MAEC) dispose d’un réseau assez grand composé d’ambassades et de consulats à travers le monde. Un réseau qui est en contact direct avec les Haïtiens et qui constitue la première référence de nos compatriotes quand ils sont à l’étranger. Je ne sais pas ce qui se passe dans d’autres ministères, mais c’est la mission du MAEC d’accorder aide et protection aux Haïtiens à l’étranger, dont ceux de passage. D’ailleurs nous avons reçu des milliers de requêtes via notre réseau de la part d’Haïtiens bloqués un peu partout à travers le monde grâce à un email d’urgence qui avait été mis en place, sans mentionner les appels que nous recevons ».

Même si les violons des autorités ne semblent pas s’accorder sur les conditions de retour des Haïtiens sur le sol national, M. Arthus croit qu’il n’y pas de cafouillage. Aucun pays n’a de solution miracle pour appréhender la COVID-19. « Nous avons une situation nouvelle qui nous obligent constamment à nous adapter», dit-il.

 

 

Source:  Le Nouvelliste

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