La progression rapide du coranavirus plonge les marchés mondiaux vers de nouveaux abîmes
L’allongement rapide de la liste des pays touchés et des groupes affectés par le coronavirus plongeait les indices boursiers dans de nouveaux gouffres jeudi, balayant la furtive stabilisation de la veille.
Tokyo a donné avec une chute de plus de 2% face aux menaces grandissantes que fait peser la crise sanitaire sur l’organisation des Jeux olympiques
Et les marchés européens, déjà très éprouvés depuis le début de la semaine, ont poursuivi leur descente. Vers 09H45 GMT jeudi, le rouge dominait de Paris (-1,50%) à Londres (-1,50%) ou Francfort (-1,53%)
« Hier, les marchés européens ont essayé de se stabiliser » mais ce matin la pression à la baisse est de retour et « les points de vue de l’OMS (…) ou encore de l’Institut Pasteur en France et des autorités nationales de manière générale sont les informations à privilégier actuellement », a observé Tangi Le Liboux, un stratégiste du courtier Aurel BGC.
« En absolu, le nombre de contaminations reste faible en dehors de Chine et le nombre de victimes de l’épidémie de coronavirus est négligeable comparé à celui de n’importe quelle grippe saisonnière. Mais celle-ci n’impose pas de fermer des usines et de mettre l’activité économique à l’arrêt. Si les foyers d’infection se multiplient sur la planète, le coût économique de cette future probable pandémie devrait rapidement s’envoler », a-t-il ajouté.
« La crainte est que le coronavirus devienne une menace à l’échelle mondiale et que les mesures de confinement ralentissent la croissance mondiale. Des entreprises européennes ont arrêté les voyages d’affaires et les prévisions de résultats sont revues à la baisse », a également souligné Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.
Même si le président américain Donald Trump s’est voulu rassurant mercredi soir en insistant sur le fait qu’une large propagation du nouveau coronavirus aux Etats-Unis n’était pas inévitable, les investisseurs retenaient surtout jeudi matin l’extension inexorable du virus à travers le monde.
Symbole s’il en est, l’Arabie saoudite a suspendu l’entrée sur son territoire des pèlerins se rendant à la Mecque.
Le nouveau coronavirus a également débarqué en Amérique latine, en débutant par le Brésil.
Le Pakistan a aussi annoncé mercredi ses deux premiers cas. En Europe, Autriche, Suisse, Norvège, Roumanie, Croatie, Macédoine du Nord, Grèce et Danemark sont désormais touchés en plus de l’Italie et de la France.
Le Covid-19 concerne désormais, Chine mise à part, une quarantaine de nations. Mais l’épidémie semble avoir atteint un pic en Chine où le nombre de décès quotidiens continue de diminuer.
– Investisseur cherche refuge désespérément –
Face à cette diffusion, plus personne ne doute de l’impact de l’épidémie sur la croissance mondiale, même s’il est encore difficile à évaluer précisément.
Les dernières propagations « ont avivé les craintes d’un impact à long terme de ce virus sur le commerce, les ports, la chaîne d’approvisionnement et la confiance des consommateurs », a noté Michael Hewson, un analyste de CMC Markets.
La saison des résultats qui est en train de s’achever a toutefois été l’occasion pour les entreprises de commencer à l’intégrer dans leurs prévisions pour l’année.
Nombre d’entre elles ont ainsi révisé leurs objectifs à la baisse ou fait montre de prudence en faisant sans aucune ambiguïté le lien avec le coronavirus, à l’instar de la banque Standard Chartered, du numéro un mondial de la bière AB InBev, ou d’Air France-KLM.
Sur les indices, ces nouvelles secouaient de nouveau les secteurs liés au tourisme.
« Easyjet a vu son titre perdre 20% depuis la clôture de jeudi dernier, mais cela reste relatif comparé aux 38% perdus par Norwegian Air », note M. Hewson.
A l’inverse les valeurs refuges faisaient le plein, à commencer par la dette des pays les plus solides. Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne descendait nettement, tout comme celui des Etats-Unis qui inscrivait un nouveau plus bas historique à 1,2872%.
Comme le soulignait Jasper Lawler, analyste chez London Capital Group, actuellement « il y a peu d’endroits où se réfugier avec un coronavirus qui prend toute la lumière sur les marchés ».