Des services de santé vitaux risquent d’être « paralysés » en Haïti, selon l’ONU
Des vies sont en train d’être perdues en Haïti, alors que des services de santé vitaux risquent d’être paralysés en raison du manque de carburant, selon la plus haute responsable humanitaire des Nations Unies dans le pays.
L’insécurité et l’instabilité récurrentes en Haïti, ainsi que le blocage par des bandes armées criminelles du principal terminal de carburant du pays dans la capitale, Port-au-Prince, signifient que le carburant nécessaire pour alimenter les hôpitaux n’est pas livré.
En outre, de nombreux membres du personnel de santé sont dans l’incapacité de se rendre au travail et de prodiguer des soins aux patients. La situation actuelle a également un impact négatif sur le réapprovisionnement en médicaments et en intrants médicaux.
« Des vies sont déjà perdues en Haïti parce que les hôpitaux ne peuvent pas accéder au carburant », a déclaré Ulrika Richardson, Coordinatrice résidente et humanitaire des Nations unies en Haïti. « Si cette situation perdure, a-t-elle ajouté, des services vitaux risquent de s’arrêter, notamment pour les femmes enceintes, les nouveau-nés et les enfants, ainsi que pour les personnes souffrant de traumatismes et d’autres affections potentiellement mortelles. »
Le manque d’accès au carburant affecte environ les trois quarts des principaux hôpitaux du pays, selon des données récemment recueillies par l’Organisation mondiale de la santé/Organisation panaméricaine de la santé (OMS/OPS) des Nations unies.
Certains hôpitaux sont incapables d’admettre de nouveaux patients et se préparent à fermer. Il est de plus en plus difficile d’assurer des conditions stériles pour les interventions médicales dont les césariennes et la conservation des vaccins car l’interruption de la chaîne du froid est devenue problématique. De nombreux hôpitaux connaissent également une pénurie d’oxygène.
La pénurie de carburant a également fortement réduit les opérations du Centre Ambulancier National de Port-au-Prince, qui ne fonctionne plus qu’avec trois ambulances. Dans le reste du pays, ces services sont fortement réduits, voire totalement interrompus.
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) estime que quelque 22 100 enfants de moins de cinq ans et plus de 28 000 nouveau-nés risquent de ne pas recevoir les services de santé essentiels au cours des quatre prochaines semaines.
La majorité des hôpitaux haïtiens sont reliés au réseau électrique national, mais doivent recourir à des générateurs à combustible en raison du manque de fiabilité de l’approvisionnement en électricité.
Les Nations unies, ainsi que des organisations non gouvernementales internationales et locales, continuent de soutenir le secteur de la santé et la fourniture de services en Haïti.
L’UNICEF et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) ont collaboré avec les hôpitaux, les autorités sanitaires et les partenaires pour installer des systèmes d’alimentation en énergie solaire qui ont amélioré la conservation de la chaîne du froid et permis aux services de maternité de se poursuivre sur 12 sites. Toutefois, l’énergie solaire est insuffisante pour permettre aux hôpitaux de fonctionner pleinement.
L’OMS/OPS collabore avec les autorités sanitaires et ses partenaires pour remettre en état les services médicaux d’urgence d’un grand hôpital public et fournir des fournitures médicales, aux côtés de l’UNFPA, dans deux des plus grands hôpitaux publics de Port-au-Prince, afin de renforcer les soins vitaux.
L’ONUSIDA, l’agence des Nations Unies qui assure la coordination des interventions sur le VIH et le sida, apporte son soutien au ministère de la Santé pour favoriser les transfusions sanguines sûres dans un contexte où les transfusions non sécurisées représentent jusqu’à 10 % des infections au VIH.
Source: Metropole Haiti